Le dernier jour de l'année 2021 a bien failli sonner le glas de toute l'industrie du cannabidiol. En effet, un arrêté ministériel diffusé le 31 décembre 2021 a tout simplement interdit la commercialisation des fleurs et feuilles de CBD pur, suscitant l'ire des professionnels du secteur qui réalisent jusqu'à 70 % de leur chiffre d'affaires sur les produits à base de cannabidiol. Saisi par ces derniers,
le Conseil d'Etat a suspendu cette interdiction à titre provisoire, la qualifiant d'«
injustifiée » et de «
disproportionnée » au regard des éléments en sa disposition.
Bien que les signaux semblent au vert (Monoprix et Carrefour ont récemment ouvert un espace CBD dans leurs magasins de proximité), la décision définitive du Conseil d'Etat est encore attendue, et les professionnels ne sont pas à l'abri d'une mauvaise surprise.
Avec une surface cultivée de plus de 18 000 hectares, la France concentre plus de la moitié de la production européenne de chanvre, (très) loin devant l'Italie et les Pays-Bas. La France est même le troisième producteur de chanvre industriel, matière première dont est extrait le cannabidiol, derrière le Canada et la Chine.
Cette disponibilité de la matière permet un approvisionnement continu aux professionnels mais aussi et surtout des coûts d'achat compétitifs, à la faveur d'un coût matière peu élevé et de frais de transport raisonnables. Résultat : les grossistes, semi-grossistes et détaillants pratiquent des tarifs relativement abordables et activent cet avantage compétitif pour exporter leurs produits dans les pays de l'UE.
Si vous comptez lancer une
boutique CBD, vous allez sans doute devoir mettre vos fonds propres en jeu. En effet, et malgré la légalité des produits à base de CBD dont la concentration en THC (molécule psychotrope) est inférieure à 0,3 %, les banques et autres établissements financiers sont réticents à financer ce type de projet. L'alternative consiste à recourir aux services d'une banque étrangère, mais les taux pratiqués, la complexité de la fiscalité et les lourdeurs administratives découragent de nombreux porteurs de projet.
Connu pour ses propriétés antalgiques, anti-inflammatoires et relaxantes, le cannabidiol fait l'objet d'un certain engouement de la part de la communauté scientifique, notamment pour soigner les troubles du sommeil, soulager les douleurs musculaires et articulaires et même contribuer aux protocoles thérapeutiques des troubles neurologiques réfractaires ou pharmacorésistants.
D'ailleurs, le ministère des Solidarités et de la Santé a lancé une grande expérimentation sur deux années pour évaluer le potentiel thérapeutique du CBD et du THC dans un large spectre d'indications définies par l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Olivier Véran, ministre de la Santé, a même assisté à la toute première prescription du CBD médical à un patient clermontois souffrant d'épilepsie réfractaire.
Au premier trimestre 2022, Monoprix a fait circuler un «
CBD Truck » en Île-de-France pour promouvoir l'ouverture imminente de ses espaces CBD et lever les idées reçues sur la molécule. Cet effort de pédagogie et de sensibilisation profite aux professionnels du secteur qui peuvent toucher de nouvelles cibles.
Enfin, le Comité Scientifique de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime,
dans un communiqué, que le CBD «
ne présente pas de risque d'abus et n'est pas nocif pour la santé publique ».
Commentaires