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Les escroqueries à l'offre d'emploi explosent en France

Ces arnaques, qui consistent à faire croire à une personne qu'elle est embauchée dans une entreprise pour lui soutirer de l'argent ou des données personnelles, enregistrent une hausse vertigineuse. Et cela risque d'empirer après le piratage de France Travail (ex-Pôle Emploi), qui concerne les données de 43 millions de personnes.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par Léa Villedoré | Mis à jour le 23-04-2024 12:34 | Publié le 23-04-2024 12:12  Photo : Shutterstock  
Les escroqueries à l'offre d'emploi explosent en France

L'offre d'emploi fictive : une perte moyenne de 2 463 € par victime

Job de rêve : êtes-vous prêts à gagner plus de 3000 € par mois de chez vous en ne travaillant que quelques heures par mois ? ” Ces offres, qui peuvent paraître incroyables, fleurissent sur les réseaux sociaux. Mais elles cachent souvent une arnaque. Dans le meilleur des cas, le diffuseur réussit à vendre à sa victime une formation aussi inutile et inefficace. Mais ce type de piège, dont les ficelles commencent à être connues, n'est en réalité que la face émergée de l’iceberg.

Beaucoup plus subtile et redoutable, l’arnaque à l’offre d’emploi tend à progresser. Contactés par mail, messagerie voire téléphone, les candidats se voient proposer un poste bien rémunéré avec certains avantages. Les fraudeurs demandent alors des paiements en avance pour des frais présumés de formation ou d'administration et requièrent des données financières personnelles, causant des dommages significatifs. En France, la perte moyenne s'élèverait à 2 463 euros par victime, les jeunes adultes âgés de 20 à 35 ans étant les plus touchés.

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De faux employeurs qui contactent les personnes par mail, messagerie ou téléphone

Julien*, 23 ans, en a fait l’amère expérience. Après avoir posté son CV sur un site d’emploi, il reçoit une offre par e-mail pour un travail de saisie informatique : “La proposition tombait à pic. Le recruteur, une société dont j’avais vérifié l’existence sur Internet, me proposait du télétravail, avec la liberté d’adapter mes horaires et un salaire attractif. Après un entretien au téléphone et quelques échanges sur WhatsApp, j'ai accepté. L’employeur m’a rapidement fait parvenir un chèque de 2000 euros pour que j’achète le matériel informatique nécessaire à mon travail.

Quelques jours plus tard, le faux employeur rappelle Julien pour l’informer qu’il s’est trompé dans le montant du chèque, et qu’il faut qu'il lui rembourse 1000 euros. “C’est ce que j’ai fait sans hésiter, par virement. Je n’avais de toute façon pas tout dépensé, cela me semblait logique de rembourser le trop-perçu”.

Sauf qu’une semaine après, il reçoit un appel de sa banque : le chèque qu’il a déposé est un faux. “À ce moment, j’ai essayé de recontacter mon recruteur, mais la ligne était coupée et les mails restaient sans réponse. J’ai cherché un autre numéro. Là, on m’a informé que la société avait été victime d’une usurpation d’identité, et qu’ils n’avaient jamais proposé ce type d’emploi. C’est démoralisant quand on cherche un job, et qu’on se retrouve en difficulté financière à cause de ce type d’escrocs”.




Une escalade inquiétante

Les escroqueries à la fausse offre d’emploi seraient en forte progression ces dernières années. La banque Révolut, qui publie ce mois son premier rapport sur la criminalité financière et la sécurité des consommateurs, dresse un tableau peu réjouissant de ce nouveau mode d’extorsion. “Au 1er trimestre 2023, les escroqueries à l'emploi ne représentaient dans le monde que 1% de tous les cas de fraude, ainsi que 1% de la valeur globale de tout l'argent perdu à cause des escroqueries. Au 4e trimestre 2023, ces chiffres sont passés à 12% de tous les cas et à 21% de la valeur totale perdue à cause des escroqueries, soit respectivement une augmentation de 1 200 % et de 2 100 %.

Pour les escrocs, les leviers sont nombreux pour piéger les candidats : fausses offres d’emploi diffusées facilement sur certains portails Internet, consultation de la banque de CV, contact direct par Linkedin… Désormais, le risque tend à s’aggraver avec la récente fuite de données de France Travail (ex-Pole Emploi). En mars, l’agence a annoncé le vol “sans précédent” de données personnelles. 43 millions d’usagers sont concernés, y compris ceux inscrits il y a des années auprès de l’organisme qui s’appelait encore l’ANPE. Parmi les informations sensibles, les nom, prénom, date de naissance, adresse, numéro de sécurité sociale, et numéro de téléphone de nombreuses personnes pourraient se retrouver entre les mains d'escrocs.

Pourtant, les arnaques aux offres d'emploi sont sévèrement réprimées par la loi française. Selon la gravité des cas, différentes infractions peuvent être retenues contre les auteurs de telles fraudes : l’escroquerie (article 313-1 du code pénal) punie de cinq ans de prison et d'une amende de 375 000 euros, la collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite (article 226-18 du code pénal), passible de cinq ans de prison et d'une amende de 300 000 euros et l’usurpation d'identité (article 226-4-1 du code pénal) punie d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Encore faut-il que les victimes portent plainte.



Que faire si vous êtes victime ou détectez une escroquerie à l'emploi ?

Si vous suspectez ou identifiez une escroquerie liée à une offre d'emploi, il est important de réagir rapidement et efficacement pour limiter les dommages. Tout d'abord, il est essentiel d'interrompre immédiatement toute communication avec le pseudo-recruteur, même si ce dernier devient menaçant. Conservez toutes les preuves de l'escroquerie, y compris les communications écrites (e-mails, SMS, messageries...), les numéros de téléphone utilisés par les fraudeurs, et tout autre élément pouvant appuyer votre dossier lors d'une éventuelle enquête.

Informez ensuite les organismes liés aux données personnelles que vous avez partagées, comme la Sécurité sociale ou Pôle emploi, en particulier si vous avez transmis des informations sensibles telles que votre numéro de sécurité sociale. Contactez également votre banque pour l'alerter et surveillez minutieusement les opérations sur votre compte pour prévenir toute utilisation frauduleuse de vos données financières. Rapportez l'escroquerie au site d'emploi qui a diffusé l'annonce frauduleuse, en lui fournissant toutes les informations que vous avez collectées sur la fraude.

Enfin, déposez une plainte auprès des forces de l'ordre ou directement auprès du procureur de la République. Pour les arnaques sur Internet, il est possible de formuler une plainte en ligne depuis le site THESEE du ministère de l’Intérieur. Cette démarche est crucial pour protéger vos droits et potentiellement récupérer des pertes financières. Pour toute assistance supplémentaire, vous pouvez contacter la plateforme Info Escroqueries ou vous faire accompagner par une association de France Victimes. Ces mesures vous aideront à vous prémunir contre les conséquences de l'escroquerie et à contribuer à la prévention de futures fraudes.

*Le prénom a été changé.



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Commentaires (2)

C'est vraiment incroyable à quel point les gens peuvent être mal intentionnés de nos jours. On est à un moment où on doit se battre pour trouver un travail, et voilà qu'on a des gens qui profitent de ça pour arnaquer les autres. C'est vraiment malsain, en espérant vraiment que les autorités mettent en place des mesures pour coincer ces escrocs. On peut toujours rêver...

C'est dingue cette augmentation d'arnaques à l'offre d'emploi. Avec les piratages en série ça va sûrement encore empirer...