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Aller frapper à la porte de son banquier pour signer un prêt ? Compliqué pour l'entrepreneur qui souhaite financer un projet risqué et disruptif ! Après avoir fait le tour de ses proches, la fameuse love money, une seule solution s'offre à lui : se tourner vers les acteurs de l'investissement non coté. Tant qu'il démarre et n'a encore rien prouvé, le « paria » peut aller plaider sa cause auprès des « Dix-Mille ». On ne parle pas ici des mercenaires de Xénophon, mais bien du nombre de business angels (BA) actuellement en activité en France selon l'association France Angels. Article extrait du magazine print Idéal Investisseur n°2.
Le grand public a découvert les business angels au travers de l’émission Qui veut être mon associé ?, dans laquelle des porteurs de projets tentent de lever des fonds auprès de grands noms français de l’entrepreneuriat. Ces derniers ont réussi dans le monde de la finance de marché (Alice Lhabouz, qui fait l’objet de la grande interview de ce numéro), du cosmétique (Kelly Massol), de l’agroalimentaire (Anthony Bourbon), de la franchise (Jean-Michel Karam)…Comme eux, des milliers de business angels anonymes investissent une partie de leur patrimoine personnel dans des projets à fort potentiel de croissance (start-up) et dont le modèle économique n’a généralement pas encore prouvé sa viabilité (early stage, ou phase d’amorçage en français). Des « candidats » entrepreneurs passent tour à tour devant eux pour « pitcher ». Le but : convaincre que leur projet vaut le coup afin de récolter des fonds pour démarrer ou accélérer leur développement. Dans l’émission, la partie technique (valorisation, pacte d’actionnaires…) est évacuée pour des raisons d’intelligibilité, et les téléspectateurs assistent au spectacle : pitchs captivants ou franchement ratés, négociations entre membres du jury, critiques ou conseils aux entrepreneurs néophytes… Cependant, en coulisses, la réalité économique est bien présente, comme l’explique Anthony Bourbon à Idéal Investisseur : « Après l’émission, nous avons un processus d’audit très établi, une due diligence. Nous regardons la partie juridique, les chiffres, le business model, le secteur avec des Key Opinion Leaders spécialistes du segment de marché… Ensuite vient une phase de négociations, car parfois, la valorisation a varié – par exemple si l’entrepreneur a signé un gros contrat entre-temps. »En revanche, au-delà de l’aspect financier, Jean-Michel Karam nous l’assure : « L’actif le plus important pour réussir est le réseau, ainsi que toute la dimension non monétaire apportée par le business angel. » L’accompagnement transcende en effet le simple apport de fonds. Les entrepreneurs suivis profitent d’un réseau, d’une expérience et de compétences aidant au pilotage stratégique et opérationnel. La littérature universitaire tend d’ailleurs à prouver qu’une start-up suivie par des BA a plus de chances de réussir que les autres !
Pour les besoins du show, l’émission nous propose un casting de stars. Toutefois, la réalité du terrain est que la majorité des business angels sont des gens plus ordinaires… Il s’agit la plupart du temps d’anciens cadres dirigeants à la retraite ou d’anciens entrepreneurs ayant revendu leur société et décidé de continuer leur aventure entrepreneuriale en investissant dans l’économie réelle.Discrets, ils misent de 10 000 à 30 000 € par projet (en moyenne), se rassemblent parfois dans des clubs deals pour co-investir, et disposent individuellement d’un portefeuille d’à peu près 15 start-up qu’ils suivent pendant 3 à 15 ans (maximum) avant de planifier leur sortie, l’objectif étant de tirer un maximum de valeur.Leurs chances de succès ? Pas si élevées si l’on compte le nombre de projets soutenus, mais plutôt intéressantes si l’on consolide la performance de leur portefeuille ! Seuls 20 à 25 % des investissements offrent la possibilité de multiplier l’investissement initial, avec des gains allant du double jusqu’à, dans de très rares cas, cent fois la mise.Dans un contexte aussi imprévisible, dégager une plus-value significative (égale au risque encouru) dépend principalement de l’aptitude à intégrer quelques pépites en portefeuille et à admettre que, même si la plupart des mises sont perdues, le résultat final peut être positif. Être business angel demande donc de la patience et un véritable sang-froid.
D’après le rapport d’activité de l’association France Angels, les BA ont injecté 73,7 millions d’euros dans 441 projets en 2023, soit presque le double du montant moyen investi chaque année pendant la décennie précédente (environ 40 millions). Et il y a de bonnes chances que cela continue puisque Jacques Meler et Alain Pujol, co-présidents de l’association, manifestent régulièrement leur volonté d’accélérer le recrutement de nouveaux investisseurs, notamment par une formation et un développement du tissu associatif. Un engagement salutaire pour le dynamisme de l’économie française, car leur activité vient de plus en plus combler le manque de participation des fonds traditionnels de capital-risque, assez frileux lorsqu’il s’agit d’intervenir dans les premiers tours de financement en phase d’amorçage (trois premières années de l’entreprise). Leur présence permet ainsi de lutter contre le funding gap (déficit de financement), de débloquer des situations et de stimuler la croissance en aidant les jeunes entreprises à surmonter leur expédition dans la « vallée de la mort » (temps qui s’écoule entre la création du produit/service et sa commercialisation).
En définitive, par leur agilité, leur expérience et leur capacité à prendre des risques, les BA sont suffisamment armés pour analyser et débusquer la valeur là où les autres acteurs ne la voient pas. De plus en plus d’études universitaires se penchent ainsi sur l’importance de leur rôle dans le financement de l’innovation. Cependant, il reste encore beaucoup à comprendre : que deviennent réellement les start-up accompagnées et dans quelle mesure sont-ils indispensables sur le plan stratégique ? Quel est leur mode de fonctionnement psychologique/cognitif ? Enfin, qu’est-ce qui les amène à développer cette « intuition de la valeur », compétence indispensable à celui ou celle qui aspire à devenir « l’investisseur idéal » ?
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A propos de l'auteur Certifié AMF et AMF Finance Durable, Nathan D'Ercole est spécialisé en finance, épargne et patrimoine.