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À l'heure où la planète entière vacille sous le poids de la démographie et de l'épuisement de ses ressources, surgit une idée singulière, presque improbable, mais oh combien fascinante : baser l'alimentation sur les protéines d'insectes. Autrefois apanage de contrées lointaines et de pratiques exotiques, elles font aujourd'hui une entrée discrète mais déterminée dans l'arène économique mondiale. Pour les investisseurs, ce secteur émergent se présente comme un champ d'opportunités inexplorées, tout en laissant planer quelques doutes.
Seriez-vous prêt à faire des mouches la base de votre repas du midi ? D'inviter vos convives à partager un bon repas issu de vers de farine, sauterelles et autres grillons ? Il y a quelques années à peine, parler de protéines d’insectes prêtait à sourire. Aujourd’hui, c’est tout un secteur qui s’organise et prend forme. Selon une étude des plus sérieuses publiée par Xerfi, la production européenne de protéines d’insectes devrait atteindre 870 000 tonnes d’ici 2030, générant un chiffre d’affaires potentiel de 3,2 milliards d’euros. Portée par des pionniers comme Ÿnsect et Innovafeed, deux entreprises françaises que rien ne semble arrêter, cette révolution silencieuse prend son essor.Les insectes, ces petites créatures que nous croyions insignifiantes, se transforment en une manne pour nourrir poissons, volailles et animaux domestiques. On les réduit en farine, on en tire des huiles, et même leurs déjections trouvent une utilité, enrichissant les sols appauvris de nos terres agricoles. Il y a, dans cette transformation, un parfum de pragmatisme écologique et économique que nos sociétés modernes ne peuvent plus ignorer.
À ce jour, Ÿnsect a levé environ 625 millions de dollars depuis sa création, à travers plusieurs tours de financement impliquant des investisseurs comme Astanor Ventures, Upfront Ventures et même le fonds Footprint Coalition de Robert Downey Jr. Cette somme a permis à l'entreprise de construire et d'agrandir la plus grande ferme verticale d'insectes au monde à Amiens, en France, et d'étendre ses opérations à l'international.Ces financements ont également permis à Ÿnsect de renforcer sa position en tant que leader mondial dans la production de protéines d'insectes pour l'alimentation animale et humaine, tout en misant sur des technologies durables et innovantes, comme la réduction des émissions de CO2 à travers des modèles de symbiose industrielle.
Les protéines d’insectes sont présentées comme un miracle de durabilité. Comparés aux immenses troupeaux qui parcourent nos plaines et nos montagnes, les insectes apparaissent comme des créatures frugales. Ils demandent peu d’espace, consomment moins d’eau, et transforment des résidus organiques en protéines avec une efficacité redoutable. Innovafeed a d’ailleurs su mettre en place un modèle de symbiose industrielle qui réduirait, selon la société, de 80 % les émissions de CO2, montrant ainsi la voie vers une agriculture plus vertueuse.Mais la route vers une adoption massive est encore longue. Certains experts restent sceptiques, se demandant si cette filière tiendra vraiment ses promesses sur la réduction des surfaces agricoles et son impact carbone. D’autres pointent le défi de convaincre le grand public, notamment en Occident, où l’idée même de manger des insectes reste un tabou solidement ancré.
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À ce jour, Innovafeed a levé un total de 450 millions de dollars au travers de plusieurs tours de financement. Le dernier en date, un tour de série D clôturé en septembre 2022, a permis de lever 250 millions de dollars supplémentaires. Ce tour de table était mené par le Qatar Investment Authority, avec la participation d'acteurs majeurs de l'agro-industrie tels que ADM et Cargill, qui sont à la fois partenaires et clients d'Innovafeed. Ces fonds visent à soutenir l'expansion internationale de l'entreprise, notamment aux États-Unis avec la construction d'une nouvelle usine à Decatur, Illinois, et à poursuivre l'agrandissement de son site de Nesle, en France, qui est actuellement la plus grande ferme verticale d'insectes au monde. Innovafeed continue également d'investir dans des technologies de pointe et dans la R&D pour développer des ingrédients de haute précision pour la nutrition animale, végétale et, à terme, humaine.
Loin des débats culturels, le marché des protéines d'insectes continue de croître. La demande mondiale explose, poussée par l'augmentation de la population et l'évolution des habitudes alimentaires dans les pays émergents. Les investisseurs, eux, ne sont pas restés insensibles à ces perspectives. Ÿnsect a ainsi levé 480 millions d’euros, Innovafeed 450 millions. Mais cette manne financière pourrait s’épuiser face aux difficultés actuelles. Les taux d’intérêt encore haut et la pression croissante sur la rentabilité des start-ups laissent craindre un écrémage inévitable.
L’industrialisation de la filière des protéines d’insectes, ce rêve si proche d’une réalité concrète, demeure malgré tout un défi de taille. Bien que prometteuse, cette jeune industrie se heurte encore aux écueils que sont les coûts de production élevés et la faiblesse des volumes actuels. Comme souvent dans les premiers balbutiements d’une révolution industrielle, la nouveauté a son prix. Et ici, il est clair : les farines d’insectes coûtent encore environ trois fois plus cher que le soja, ce rival de longue date. Une situation qui freine inévitablement leur compétitivité.Toutefois, certains pionniers ne se laissent pas décourager par ces obstacles. Innovafeed et Ÿnsect, en véritables démiurges de la modernité, ont fait le choix audacieux de bâtir des fermes géantes automatisées, véritables cathédrales technologiques dédiées à l’élevage. Ces infrastructures colossales permettent une production massive tout en intégrant l’ensemble de la chaîne de valeur : du contrôle jusqu’à la transformation des insectes en farines protéinées. Mais ce modèle ambitieux, qui mise sur les économies d’échelle pour faire baisser les coûts, exige des investissements colossaux.D’autres, plus modestes ou plus prudents peut-être, choisissent une voie différente. Certaines entreprises, telles que La Compagnie des Insectes, optent pour un modèle décentralisé. Dans cette approche, les phases d’élevage sont sous-traitées à des fermes partenaires, permettant ainsi de réduire la complexité des projets et de limiter les coûts initiaux.
Mais que serait une innovation sans son lot d’obstacles législatifs et culturels ? La réglementation demeure l’un des principaux freins à l’expansion des protéines d’insectes, surtout dans le domaine de l’alimentation humaine. Le chemin de l’approbation réglementaire est long, complexe, et souvent coûteux. En Europe, chaque nouvel ingrédient à base d’insectes doit franchir les barrières dressées par des organismes comme l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA). Toutefois, quelques progrès notables sont à signaler : les protéines de scarabée ont récemment été approuvées pour la consommation humaine. Un petit pas pour l’insecte, un grand pas pour l’entomophagie.Mais la législation n’est qu’une des pièces du puzzle. L’autre, non moins complexe, est l’acceptation par les consommateurs. En Occident, l’idée même de manger des insectes suscite encore plus de grimaces que d’enthousiasme. Pourtant, les entreprises redoublent d’ingéniosité pour transformer ce qui pourrait être perçu comme un « aliment rebutant » en produits séduisants, souvent sous forme de poudres protéinées ou de barres énergétiques. Elles masquent ainsi l’aspect visuel de l’insecte et facilitent peu à peu son adoption dans les habitudes alimentaires.Mais que serait une révolution sans innovation ? Pour surmonter ces défis, la filière des insectes doit continuer à innover. Cela passe par l'automatisation des fermes, l'amélioration des techniques d'élevage et la réduction des coûts de production. Ÿnsectet Innovafeed, en développant des fermes verticales automatisées, montrent déjà la voie. Mais il faudra aller plus loin, notamment pour convaincre les régulateurs et les consommateurs.
Les protéines d’insectes incarnent à la fois un retour à une forme d'alimentation ancestrale et un bond en avant vers un avenir durable. Pour les investisseurs, ce secteur offre des perspectives immenses, surtout dans le domaine de la nutrition animale. Mais il est essentiel de garder à l’esprit que toute révolution s'accompagne de ses risques et de ses incertitudes.Alors, face à ce vaste chantier industriel, l’avenir des protéines d’insectes dépendra de ceux qui sauront innover, s’adapter et franchir les obstacles de la production à grande échelle. Les visionnaires d’aujourd’hui pourraient bien être les grands gagnants de demain, s’ils parviennent à dompter ce nouvel Eldorado alimentaire.
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Intéressant, cette idée des insectes comme alternative durable ! Franchement, avec la crise alimentaire qui se profile, ça pourrait bien être une solution viable. Mais est-ce que le public va vraiment adopter ça ? Ça reste à voir !
Une alternative durable, vraiment ? Des protéines d'insectes en salade, ce n'est pas pour tout le monde ! On peut y réfléchir pour l'alimentation animale mais j'ai du mal à croire que ça remplace notre beefsteak. Qui investit là-dedans ?
C'est une idée vraiment intéressante ! Les insectes comme source de protéines pourraient vraiment révolutionner notre façon de consommer. Cependant, je me demande comment ce serait perçu par les consommateurs en Europe. C'est un énorme changement culturel. À voir si les investisseurs oseront prendre le risque.
Je trouve ça fascinant qu'on puisse envisager l'avenir de l'alimentation avec des insectes. Par contre, je me demande si les consommateurs sont prêts à faire ce grand saut. Dans tous les cas, peut-être vaut-il mieux investir maintenant avant que le marché décolle complétement.
En y repensant, c'est fou comment des choses qu'on aurait trouvées dégoûtantes il y a quelques années deviennent des sujets d'investissement sérieux aujourd'hui ! En tout cas, avec tous les défis environnementaux qu'on a, ça semble être une piste à ne pas négliger. Vous imaginez la place que ça pourrait prendre dans nos supermarchés d'ici 10 ans ?