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Confrontées à une érosion constante de leurs marges, les banques se sont lancées dans un vaste programme de commissionnement de leur clientèle. Mais des alternatives crédibles s'offrent aux entreprises qui veulent échapper aux banques traditionnelles.
S'il est vrai que les taux d'intérêt sont aujourd'hui historiquement bas, le coût global des services bancaires ne s'est pas pour autant allégé dans le bilan des entreprises. Celles qui n'ont pas besoin de financement le constatent peut-être encore plus douloureusement. Année après année, la part des frais facturés par les banques commerciales n'a cessé de croître. Et les augmentations tarifaires présentées par les établissements bancaires en début d'année dépassent le plus souvent le niveau de l'inflation. Alors les banques compensent-elles ? Confrontées à une érosion constante de leurs marges d'intermédiation, elles se sont lancées dans un vaste programme de commissionnement de leur clientèle. Et cela, en faisant parfois preuve d'imagination pour inventer de nouvelles commissions. Sous la double contrainte du renforcement de leurs fonds propres et de la mise en œuvre de nouveaux systèmes de contrôle imposés par les autorités de tutelle, les banques ont dû également par tous moyens rechercher de nouvelles sources de profitabilité. Soumettre leur clientèle à un plus fort commissionnement leur est apparu comme une solution évidente. Mais désormais des alternatives concurrentielles crédibles s'offrent aux entreprises qui veulent échapper à l'oligopole des banques traditionnelles. A lire : PME : ce que vous devez savoir avant de demander un financement
S'il est discutable que les banques ne prêtent qu'aux riches, il est en revanche davantage permis d'alléguer qu'elles offrent la gratuité aux plus aisés et se rattrapent en facturant les plus démunis. Peut-être est-ce là le raccourci rapide d'une réalité plus complexe. Il n'en demeure pas moins que la tarification qu'une banque applique à une entreprise est souvent le résultat d'une négociation, mais aussi d'un rapport de force. Lorsque de belles PME bénéficiant des meilleures notes de solvabilité parviennent à négocier l'annulation de leurs frais bancaires, d'autres paient le prix fort. Les banques sont évidemment dans l'obligation d'afficher leurs tarifs sur un panneau signalétique bien en vue à l'entrée de leurs succursales ou de leurs centres d'affaires. Elles rééditent également chaque année une plaquette tarifaire qu'elles adressent à chacun de leur client. Le volet réglementaire est ainsi satisfait et donne l'illusion d'une grande transparence. En réalité, chaque service bancaire se négocie. Et la complexité de la tarification à laquelle les banques soumettent leur clientèle entreprise nécessite une grande vigilance de la part des dirigeants de PME s'ils ne veulent servir de vache à lait. Nonobstant leurs talents de négociateurs, il leur faudra également une taille critique pour pouvoir établir le rapport de force à leur avantage. A lire : TVA : 2 mesures pour les entreprises en difficulté
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Une réglementation sans cesse renforcée depuis le début des années 2000 en matière de contrôle des flux de capitaux, puis la crise financière de 2008 n'ont pas achevé de mettre en difficulté le secteur bancaire. Avant qu'elles ne soient confrontées à une perte de revenu liée à l'effondrement de leurs marges sur des opérations de crédit, les banques ont dû faire face à une forte augmentation de leurs coûts de production pour satisfaire à de nouvelles contraintes réglementaires qui leur étaient imposées par leurs autorités de tutelle. Concrètement, cela s'est traduit pour tous les établissements par des recrutements massifs de personnels hautement qualifiés dans le domaine de l'audit notamment ou du contrôle de gestion. Et subséquemment, s'en est suivi une augmentation de la masse salariale correspondant aux fonctions support qui ne sont pas en lien direct avec l'activité de production. Ce phénomène a en outre été amplifié par une tendance forte à multiplier les fonctions managériales ou dites expertes, dont l'utilité économique peut parfois être sujette à caution. Quoiqu'il en soit, il semble bien qu'en perte de vitesse sur leur cœur de métier qui relève de l'octroi de crédit, les banques aient choisi l'arme de la tarification pour absorber ces suppléments de charges. A lire : Prêt Atout de la BPI : les professions financières désormais éligibles
À court d'imagination pour proposer de réelles nouveautés en matière de services, les banques se sont lancées tous azimuts dans une politique de commissionnement. Les objectifs assignés aux chargés d'affaires entreprises portent de plus en plus sur une augmentation des commissions. La pression commerciale sur cet item est de plus en plus forte. Et nécessairement les méthodes s'écartent parfois de l'éthique. Certains managers n'hésitent pas à demander à leurs équipes d'augmenter la commission de mouvement de leurs clients en omettant évidemment l'information préalable dont ceux-ci devraient faire l'objet. Ces pratiques sont courantes dans le monde bancaire. Il s'agit évidemment sur instruction de la hiérarchie d'appliquer une hausse de tarif à ceux qui seront le moins capables de la déceler ou qui ne sont pas suffisamment forts pour pouvoir négocier. Dans le même ordre d'idée, la tarification des renouvellements de concours, qu'ils soient utilisés ou non, a pris dans certains établissements l'apparence d'une sorte de loterie. Et les moins chanceuses seront bien sûr les entreprises les plus fragiles ou celles dont le dirigeant fera preuve d'une moindre vigilance. Les frais de renouvellement de concours n'obéissent ainsi à aucune cohérence tarifaire et peuvent aller du simple au quintuple ou davantage. Les banques osent tout, quitte à devoir rétrocéder leurs frais en prétextant une erreur lorsqu'un client réagit.
Depuis une dizaine d'années, tous les établissements bancaires ont progressivement intégré dans leur plaquette tarifaire destinée aux entreprises une commission d'actualisation. Désormais la clientèle professionnelle est également le plus souvent soumise à cette tarification. Or il est bien difficile d'obtenir de la part d'un conseiller bancaire une justification de cette commission. L'argument proposé repose généralement sur les sujétions administratives qu'engendre le suivi d'un compte entreprise et la nécessité d'effectuer des vérifications auprès notamment de la base info greffe pour actualiser des données concernant la gérance, les associés, des administrateurs, etc. La commission d'actualisation ne repose en réalité sur aucune contrepartie en termes de service ou de charge administrative. Et il s'agit d'une pure invention du monde bancaire destinée à gonfler les comptes de résultats des banques.
Le marché bancaire en France est devenu quasi oligopolistique. 6 groupes se partagent désormais tous les segments de clientèle. À défaut d'être en capacité de démontrer la cartellisation de cette activité il apparaitra très vite qu'il n'existe pas de différenciation de l'offre d'un réseau à un autre. Les établissements bancaires se révèlent même bien souvent moutonniers en appliquant à leurs clients des grilles tarifaires presque identiques. Et lorsqu'une banque inaugure une nouvelle facturation, comme ce fut le cas avec la commission d'actualisation, toutes s'empressent de rajouter celle-ci à leur catalogue de frais. La force des banques repose sans doute sur leurs réseaux qu'elles mettent en avant comme un véritable argument commercial. Elles vantent en outre dans leur communication la relation de proximité que leurs conseillers entretiennent avec la clientèle entreprise. Or si ces 2 aspects de la relation bancaire ont longtemps été une véritable valeur ajoutée pour la clientèle entreprise, ils semblent aujourd'hui être éclipsés par une gestion de la relation client de plus en plus distanciée. Les réseaux bancaires se réduisent comme peau de chagrin et le turn-over des conseillers ne cesse de s'accélérer. Ces évolutions ne doivent plus permettre aux banques de justifier la facturation d'un service qui devient inexistant. Leurs pratiques tarifaires relèvent en outre de vieilles méthodes et n'ont aujourd'hui aucune justification économique. La commission de mouvement notamment, qui s'applique à tous les flux sortant d'un compte, est la subsistance d'un héritage séculaire et d'un temps ou chaque opération nécessitait une écriture manuscrite. D'autres frais dans le domaine des encaissements monétiques, des transferts de fonds en devises ou des paiements par carte à l'étranger sont prohibitifs eu égard ce que proposent désormais de nouveaux acteurs du monde bancaire.
Apparues il y a quelques années les néo-banques constituent de plus en plus une alternative crédible aux réseaux bancaires. Certaines, telles que Révolut, N26 ou Quonto ont développé une offre à destination de la clientèle entreprise ou professionnelle. Leur mode de tarification est forfaitaire et sans commune mesure avec celui des banques traditionnelles. Et toutes sont en passe d'obtenir auprès des autorités de tutelle une licence bancaire qui leur permettra d'octroyer des financements à leurs clients. La digitalisation de leur offre est en outre bien plus aboutie et permet de délivrer à l'utilisateur d'un compte bancaire une interface beaucoup plus intuitive et facile d'accès que ce que proposent les banques traditionnelles. Il y a fort à parier que ces néo-banques finissent par séduire la clientèle entreprise. Non seulement parce qu'elles lui permettront de diviser par 5 ou 6 le coût des services bancaires, mais peut être aussi, et ce n'est pas là le moindre des paradoxes, parce que même en l'absence d'une relation de proximité, elles seront en capacité d'offrir une bien meilleure qualité de service.