Actuellement en kiosque et sur commande
Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
En déplacement en Argentine pour le G20, Emmanuel Macron a déclaré "entendre les colères" mais s'est refusé à tout commentaire politique depuis l'étranger sur les événements d'une violence sans précédent qui ont eu lieu aujourd'hui dans le cadre du mouvement des gilets jaunes. L'exécutif condamne toute forme de violence et dit se battre quotidiennement dans un contexte international pour les intérêts de la France. Un climat quasi-insurrectionnel s'est installé dans l'ouest de Paris. Des scènes d'une violence rarement égalée dans Paris mettent les forces de l'ordre et les pompiers à rude épreuve. Ces événements d'une ampleur sans précédent amènent à se poser la question des conséquences à court terme sur l'économie du pays.
"Ce qu'il s'est passé aujourd'hui à Paris n'a rien à voir avec l'expression pacifiste d'une colère légitime » a déclaré Emmanuel Macron depuis l'Argentine. Comme à son habitude, le chef de l'Etat n'a pas souhaité s'exprimer sur des événements intérieurs depuis l'étranger malgré l'insistance des journalistes présents lors de sa conférence de presse. Il dit cependant entendre les colères et condamner fermement les auteurs de violences.
Certes, depuis une dizaine d'années, des « casseurs » prennent systématiquement part aux manifestations. Aujourd'hui, la violence a franchi un nouveau seuil, à tel point que l'on est en droit de se demander si les scènes auxquelles on assiste sont le fait de « casseurs » organisés ou le reflet de l'explosion d'une colère qui marque un point de rupture. A 18 heures, la situation dans l'ouest de Paris se révélait extrêmement tendue. L'Avenue des Champs-Élysées ayant été sécurisée dès ce matin, les manifestants ont investi les rues et avenues adjacentes, compliquant la tâche des forces de l'ordre. Depuis le premier tir de gaz lacrymogène ce matin à 8h40, la situation n'a fait que se dégrader. Palissades de chantier et mobilier urbain ont été jetés sur la chaussée pour constituer des barricades et limiter la progression des autorités. Sur les avenues, des arbres et des voitures sont incendiés, rendant l'atmosphère irrespirable. Les commerces sont saccagés, l'avenue Kléber, menant du Trocadéro à l'Arc de Triomphe, est dévastée. D'après le ministère de l'Intérieur, on compte à ce stade 180 départs de feu dont 6 dans des immeubles. Des commerces et restaurants ont été cassés et dévalisés. Du jardin des Tuileries à la place du Trocadéro, du boulevard Haussmann à la place Saint-Augustin, on assistait aujourd'hui à des scènes de chaos. La situation semble avoir échappée à tout contrôle. Alors que l'on compte à cette heure plus d'une centaine de blessés, des échauffourées surgissent place de la Bastille, cette fois dans l'est de Paris.
Rejoignez la communauté Idéal investisseur ! Je m'inscris
La première inquiétude se porte bien entendu sur la sécurité des personnes, dans un climat d'une violence qui a rarement eu d'égal en France. Ensuite se pose la question des conséquences d'une telle situation sur l'économie et l'emploi. D'après la mairie de Paris, les dégâts sur les Champs-Élysées dus aux événements de la semaine dernière s'élèveraient à 1 million d'euros, uniquement pour la partie concernant le domaine publique. Le montant nécessaire pour les réparations d'ordre privé sont difficiles à évaluer, quand bien même ces dégâts semblent relativement mesurés comparés aux scènes auxquelles on a assisté aujourd'hui. Premier secteur impacté, le tourisme. Les images de violence sur « la plus belle avenue du monde » se sont répandues comme une traînée de poudre dans le monde entier. Bilan : des annulations de réservation en cascade. Selon le cabinet MKG, spécialiste des études sur le tourisme, le manque à gagner sur le chiffre d'affaires des hôtels pourrait aller jusqu'à 10 millions d'euros, uniquement sur ce mois de décembre (entre 20.000 et 25.000 annulations). Un coup dur lorsque l'on sait que le secteur avait mis quelques années à se redresser après les attentats de 2015. Les blocages et barrages filtrants ont également eu des conséquences sur le commerce. Selon le ministère de l'économie, la perte de chiffre d'affaires des supermarchés atteindrait plus d'un tiers sur les deux derniers week-ends de novembre. Les commerçants enregistrent eux aussi un manque à gagner, alors que la période cruciale des fêtes de fin d'année débute.
Si 70% des Français soutiennent le mouvement des gilets jaunes, il est difficile d'en connaître l'ampleur exact. Néanmoins un fait saute aux yeux : la violence et la radicalisation autour du mouvement ne cesse de croître. La question du pouvoir d'achat des Français n'est pas nouvelle, et ce mouvement reflète bien la colère qui monte depuis un certain nombre d'années. Or, à la hausse du prix des carburants viendra bientôt s'ajouter l'augmentation des prix du gaz et de l'électricité. L'application du prélèvement à la source prévue pour fin janvier pourrait alors provoquer un « effet ciseau » en baissant le revenu disponible. Il devient donc indispensable que le pouvoir politique prenne des mesures afin que la crise ne s'accentue pas.