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La France multiplie les actions pour convaincre les entreprises étrangères de l'intérêt de s'implanter sur son sol. Avec pour objectifs de créer des emplois, de relocaliser des activités, mais aussi d'éviter le départ de filiales vers l'étranger.
En 2019, la France était le pays le plus attractif d'Europe pour les investisseurs étrangers, et le 5ème le plus attractif au monde. Mais comme sur de nombreux autres sujets, la crise du coronavirus pourrait changer la donne. Selon un sondage réalisé par l'Ipsos auprès de 200 responsables de grandes sociétés étrangères implantées dans l'Hexagone, « la crise sanitaire et économique a eu un impact négatif sur l'activité d'une large majorité des filiales françaises des groupes étrangers ». Certes, la moitié des personnes interrogées pensent que la situation est identique dans d'autres pays, mais 62% pensent qu'elle est meilleure en Allemagne, en Suisse ou en Suède. Rien de catastrophique à court terme : la France reste attractive pour près de 8 dirigeants sur 10, et au moins 2/3 des investissements prévus devraient être maintenus. Mais si elle souhaite continuer à attirer les investisseurs étrangers dans les années qui viennent, la France doit redoubler de vigilance et d'énergie. Car l'épidémie mondiale a rebattu les cartes. Selon Franck Riester, ministre du Commerce extérieur, « la compétition entre pays pour attirer les investissements étrangers sera plus forte ». Ces investisseurs risquent d'être moins nombreux, tandis que le nombre de pays qui les sollicitent va augmenter.
La France a besoin que des entreprises étrangères viennent s'implanter et se développent sur son sol. Chaque ouverture de filiale contribue à créer des emplois et, à plus grande échelle, de l'activité économique et des rentrées fiscales. Au-delà d'attirer de nouvelles activités, une perte d'attractivité fait prendre le risque de voir partir certaines filiales vers d'autres pays. Selon l'INSEE, 2,2 millions de personnes étaient salariées d'entreprises étrangères en France en 2017. L'enjeu est de conserver ces emplois, qui représentent 13% des salariés des entreprises privées. Il s'agit d'une véritable concurrence internationale, dont une grande part se joue entre pays européens. Pour être attractive, la France doit notamment proposer un cadre administratif, législatif et économique plus avantageux. En effet, lorsqu'une entreprise souhaite implanter une filiale, elle compare les avantages et inconvénients de chaque pays et choisit celui qui lui semble le plus pertinent en fonction de ses objectifs.
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Le hic, c'est que le pays n'excelle pas sur tous les plans. Selon le sondage Ipsos, la France est jugée désavantagée en matière de coûts par 83% des dirigeants interrogés. Le pays dispose toutefois d'un atout majeur dans « l'excellence technologique » dont elle fait preuve. Pour renforcer son attractivité, ces dirigeants déclarent attendent que le pays devienne « un leader dans le domaine des technologies d'avenir », mais aussi qu'elle fasse « de la fiscalité une arme pour accélérer la reprise » et qu'elle « excelle dans sa politique de relance ». D'après l'étude, il devrait aussi « poursuivre sa transformation notamment en mettant en œuvre des réformes dans le domaine des retraites et de l'assurance chômage ».
Selon les informations du journal Les Echos, le gouvernement est donc en train de multiplier les contacts afin de défendre ses atouts auprès des grandes entreprises étrangères. Le but étant de les convaincre de s'implanter en France. Pour Franck Riester, « le plan de relance est une accélération de la transformation du pays engagée en 2017. Nous avons baissé les impôts, qu'il s'agisse des impôts sur le capital ou de l'impôt sur les sociétés, et nous ne reviendrons pas sur ces réformes. Désormais, le coût horaire d'un salarié dans l'industrie manufacturière est 4 euros plus bas en France qu'en Allemagne. Nous allons aussi réduire les impôts de production pour améliorer la compétitivité de nos entreprises ». D'autres arguments, comme l'investissement dans la recherche et développement et la formation sont également mis en avant. Emmanuel Macron multiplie les visioconférences afin de convaincre les patrons de grandes entreprises étrangères de s'implanter en France. Ces rencontres virtuelles ont été nommées les « mini-Choose France », rappelant le sommet annuel « Choose France » mis en place depuis 2017 pour vanter les mérites du pays aux dirigeants étrangers. Selon les Échos, plusieurs multinationales envisageraient d'investir dans l'Hexagone, comme Coca-Cola, les laboratoires Merck et Moderna, et le site de vente en ligne Zalando. Mais à moyen terme, les investisseurs étrangers risquent de freiner leurs projets, dans l'attente de voir les effets concrets des plans de relance des différents pays.
La crise sanitaire a aussi mis en avant la trop grande dépendance des pays occidentaux en matière de production industrielle, et notamment à l'égard de la Chine. L'épisode des masques du printemps 2020 est particulièrement révélateur. Alors que la quasi-totalité de la production y a été délocalisée de longue date, le confinement chinois puis l'extrême concurrence au niveau de la demande ont démontré la fragilité du système. La pénurie mondiale avait alors fait naître une concurrence malsaine d'approvisionnement entre pays, certains s'accusant de voler la marchandise au pied des avions cargo. L'épidémie a donc hissé les relocalisations comme enjeu stratégique. Si ce volet voit bel et bien le jour, il s'agira d'une révolution dans le système économique. Depuis des décennies, le mouvement était plutôt inverse : la production nationale a fortement souffert de la délocalisation à l'étranger. Le monde d'aujourd'hui s'est bâti sur une mondialisation à outrance, dont on effleure aujourd'hui les limites. La remise en cause de ce système rebattra les cartes en matière d'économie mondiale et de géopolitique.