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L'État vient de lancer un programme de 45 millions d'euros pour favoriser la création de 300 « tiers-lieux » en zone rurale et dans les quartiers en difficulté. L'objectif : redynamiser les territoires.
Le télétravail, qui consiste majoritairement à travailler de chez soi quelques jours par mois, est en pleine expansion. Selon une étude publiée par Malakoff Médéric-Humanis, 5,2 millions de personnes y auraient eu recours en 2018. Ce nouveau mode de travail remporte l'adhésion de nombreux salariés. « Quand une entreprise propose le télétravail, 30 % des salariés se déclarent favorables », souligne Anne-Sophie Godon, directrice Innovation du groupe d'assurance. Il faut dire que le télétravail permet de concilier la vie personnelle et la vie professionnelle, notamment en épargnant du temps de transport, de la fatigue et parfois le coût du carburant. Au revers de la médaille, l'isolement que l'on peut ressentir à travailler seul chez soi n'est pas toujours bien vécu. Ainsi les centres de coworking, c'est-à-dire les espaces de travail partagé, se développent rapidement. Il s'agit de bureaux aménagés dans lesquels les travailleurs ou leur entreprise peuvent louer un poste de travail, par exemple à la journée. Dans ces espaces se mélangent des personnes en free-lance, des entrepreneurs et des salariés en télétravail, le tout dans une ambiance de bureau. Mais les 1800 centres que compte aujourd'hui la France sont plutôt situés en zone urbaine.
Si les gens quittent les campagnes, c'est la plupart du temps faute de pouvoir trouver un travail suffisamment proche de son domicile. Malheureusement, leur départ entraîne aussi la fermeture de services publics (écoles, bureaux de poste) et des commerces de proximité... Ce qui fait d'autant plus chuter l'attractivité de ces communes. Or, la concentration des populations en centre-ville n'est pas tenable à long terme. Elle entraîne en effet une hausse perpétuelle des prix de l'immobilier, des difficultés de transports, une concentration de la pollution, sans parler de la détérioration de la qualité de vie. Le développement du télétravail, rendu possible par le déploiement des outils numériques, intéresse donc l'État pour réduire la fracture territoriale en permettant aux personnes qui le souhaitent de demeurer hors des villes. Selon le président de l'Association des maires ruraux de France Vanik Berberian, « les espaces de coworking sont une des réponses qui pourra favoriser la redynamisation des espaces ruraux ».
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54% des tiers-lieux actuels sont dans une métropole et 1 zone d'emploi sur 3 n'en a pas selon le rapport « Faire ensemble pour mieux vivre ensemble » remis par Patrick Levy-Waitz en septembre 2018 au gouvernement.
Le gouvernement vient donc de lancer un plan d'investissement de 45 millions d'euros baptisé « Nouveaux lieux, Nouveaux liens ». L'objectif est développer 300 tiers-lieux dans les zones rurales et les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QVP) d'ici 2022. Attention, ceux-ci ne sont pas seulement réservés au coworking. Il pourra également s'agir de maisons regroupant des services publics et de campus connectés permettant à des étudiants de premier cycle de suivre des formations à distance. On pourra aussi trouver des « micro-folies », nouveaux lieux culturels qui associent un musée virtuel, un espace scénique, une médiathèque et un « fablab » (espace où des outils et machines sont mis à disposition pour concevoir et réaliser des objets). Mais 45 millions d'euros, c'est à la fois beaucoup et bien peu lorsque l'on parle d'immobilier. Ramené à 300 projets, le budget moyen serait ainsi de 150 000 euros par site. D'autres acteurs se sont donc mobilisés, à savoir le fonds d'investissement Amundi et Action Logement, qui apporteront chacun 50 millions d'euros.
Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion du territoire, et Julien Denormandie, ministre de la ville et du logement, ont présenté ce 17 juin le plan d'investissement en présence d'autres ministres (culture numérique, travail, recherche et innovation). Un appel à manifestation d'intérêt devrait être lancé avant l'été auprès des porteurs de projets des zones concernées. Des subventions allant de 75 000 à 150 000 euros par projet pourront être versées, par exemple pour investir dans un local. L'accent sera aussi mis sur le numérique, avec un bonus financier fléché de 100.000 euros par tiers-lieux. Ces subventions devraient être gérées par les préfets. Un fonds d'investissement ISR créé par Amundi et l'État pourra aussi venir en soutien des projets en phase d'amorçage. Enfin l'État s'engage à mobiliser des lieux vacants pour créer de nouveaux espaces. « Le tiers-lieu répond aussi aux aspirations de notre société. Quand vous interrogez des jeunes, beaucoup vous disent qu'ils veulent être indépendants mais en travaillant en groupe. Comment concilier ces deux ambitions ? Les tiers-lieux sont un des éléments de réponse et c'est pour cela que nous voulons les développer fortement », expliquait Julien Denormandie.
Les « tiers-lieux » ne sont pas limités au télétravail dans des bureaux partagés. Ils peuvent aussi exister dans un local d'activité, un immeuble, un atelier, une grange... et rassembler des formes diverses d'activités. A Crest, dans la Drome, un de ces espaces réunit par exemple des artisans, des professions libérales, des ingénieurs et des graphistes.