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La dette publique s'est envolée avec la crise sanitaire. Le débat fait rage autour des modalités de son remboursement... ou de son annulation.
La dette est un moyen de financer le déficit public, c'est-à-dire le décalage entre les dépenses de l'État et les recettes qu'il collecte (majoritairement via les impôts). Le montant de la dette était au plus bas entre 1965 et 1975. A l'époque, il était équivalent à environ 20% du PIB*, c'est-à-dire de la valeur de tous les biens et services produits dans le pays en 1 an. Elle a dépassé 50% du PIB en 1995, puis 90% en 2012, et se rapprochait depuis de la barre symbolique des 100% du PIB. La crise du Covid19 a précipité les choses. Début 2019, l'État devait rembourser environ 2300 milliards d'euros, soit l'équivalent de 98,4% du PIB. En 2020, la dette a fait un bond, passant à 115,7% du PIB selon l'INSEE. Son montant s'établit à 2650 milliards d'euros, soit une dette de 39.300 euros par Français. La crise n'étant pas terminée, le gouvernement prévoit qu'elle atteindra 122,4% fin 2021. Ce creusement de la dette est dû au double effet de la baisse des recettes liée à la réduction de l'activité économique, et de l'augmentation des dépenses (chômage partiel...).
Pour se financer, l'État fait appel aux marchés financiers. Il emprunte régulièrement de l'argent à des investisseurs grâce à l'émission de titres de créance : les obligations et bons du trésor. La somme empruntée donne lieu au versement d'intérêts jusqu'au remboursement complet. (Pour mieux comprendre, notre article sur les obligations). La France a une bonne réputation sur les marchés, car elle rembourse toujours ses dettes. Ainsi, les investisseurs sont prêts à lui prêter de l'argent à des taux relativement bas, parfois même inférieurs à zéro comme c'est le cas depuis plusieurs années. Ces taux d'emprunt sont actuellement une chance : la charge des intérêts est souvent presque nulle, et, dans certains cas, l'État est même engagé à rembourser moins que ce qu'il a emprunté. Mais en cas de remontée des taux, ce ne sera probablement plus le cas.
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Pour conserver une capacité d'emprunt sur les marchés, il est important que les investisseurs gardent confiance dans les capacités de la France à rembourser ses dettes. D'autant que plus d'un tiers de la dette est détenue... par les Français eux-mêmes, notamment au travers de leurs assurances-vie (fonds en euros). Ne pas rembourser signifierait voir disparaître une partie de cette épargne. Si un ménage ne rembourse pas son crédit, la banque va refuser de le financer à nouveau. De la même manière, si la France décidait de ne pas rembourser sa dette, elle aurait beaucoup plus de mal à emprunter, et les taux d'emprunt exploseraient. Les intérêts à verser creuseraient alors encore plus la dette. Ce qui est problématique, c'est que l'État n'a pas réussi à se passer d'emprunter depuis plus de 45 ans. La France a voté le dernier budget où les recettes ont intégralement couvert la dépense publique en 1974. Le déficit budgétaire est chronique : sans la possibilité d'emprunter, l'État devrait renoncer à une partie de ses dépenses, et rogner ses coûts. Une décision politique devrait alors intervenir pour décider quels domaines verraient leur budget fondre : santé, justice, police, éducation, culture, logement, transports...
Pour rembourser cette montagne d'argent, le gouvernement actuel se refuse (pour l'instant) à augmenter les impôts ou taxes. La stratégie avancée par Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, est double. D'une part cantonner la « dette covid » pour l'isoler du reste de la dette « de fonctionnement ». Le ministre compte sur le retour de la croissance économique, la relance permettant d'augmenter les recettes fiscales uniquement grâce à la hausse de l'activité. C'est notamment pour cette raison que l'État a mis au point le « Plan de relance ». De même, une partie de l'impôt sur les sociétés pourrait être attribuée au remboursement de la dette. D'autre part, le gouvernement souhaite procéder à des réformes qui permettraient de baisser le montant des dépenses annuelles de l'État, comme celles des retraites et de l'assurance-chômage. Cette proposition est toutefois sujette à débat, bien au-delà du contenu des réformes. Certains économistes et responsables politiques sont convaincus qu'il est impossible de rembourser une dette arrivée à de tels niveaux, sans imposer une sévère politique d'austérité. Avec à la clé des conséquences sociales très importantes. Certains proposent donc qu'une partie de la dette soit annulée, notamment celle détenue par la Banque Centrale Européenne (BCE)*. L'institution rachète en effet en masse des obligations aux investisseurs pour fluidifier le marché. Mais cette solution est balayée d'un revers de main par Christine Lagarde, la présidente de la BCE. Une autre alternative serait d'émettre des obligations perpétuelles, c'est-à-dire une dette sans date de remboursement, pourquoi pas à échelle européenne. Mais des économistes doutent que les investisseurs soient au rendez-vous, puisqu'ils ne peuvent pas avoir la certitude d'être remboursés.
Selon un panel d'économistes interrogés par le Sénat en février 2021, la dette actuelle « reste soutenable ». Mais avec des années de déficit public et une crise sanitaire et économique importante, la France doit d'autant plus faire d'efforts pour maîtriser sa dette à l'avenir. Car si les taux auxquels le pays emprunte actuellement sont une aubaine, l'état des comptes publics n'en est pas moins alarmant. Selon Olivier Blanchard, économiste qui travaille à un rapport sur l'économie d'après-Covid, « Si l'on regarde la situation de l'endettement de la France, il y a une tendance lourde à l'augmentation et en soi cela n'a rien de désirable ». Nul doute que ce débat s'imposera lors de la campagne présidentielle de 2022.
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