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Grand débat national, élections européennes, politique suivie par le gouvernement... Entretien avec Frédéric Descrozaille, député de la 1ère circonscription du Val-de-Marne.
Frédéric Descrozaille. – Concernant le rapport des jeunes à l'Europe, je ne suis pas inquiet car ils sont bien plus ouverts que ne l'était ma génération ou même celle des baby-boomers. Pour eux, ce qui prime c'est l'interculturalité, le multilinguisme, les échanges entre pays. Mais, il y a un revers de la médaille : en France on ne parle jamais, ou bien très rarement, d'Europe. Les gens peuvent ressentir un dégoût de la politique, surtout les jeunes qui deviennent indifférents à ce sujet. Or, ce qui conditionne notre avenir commun, c'est l'Union Européenne. Que ce soit en termes de métiers, carrières, investissement, fiscalité, marges de manœuvre, nous dépendons de nos voisins. Le lieu où l'on peut se parler, se coordonner, faire émerger une intelligence collective qui va nous faire avancer sur tous les sujets, c'est le Parlement Européen. Il est important de voter car le Parlement Européen prend de plus en plus d'importance et notamment depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne et le mécanisme de la codécision. Il va, avec les années, devenir encore plus important et va prendre des initiatives qui impacteront la vie des Européens.
Il y a un risque, mais cela ne m'inquiète pas vraiment. En France, on assiste à un profond renouvellement des formations politiques. L'élection de d'Emmanuel Macron est une traduction de ce phénomène. Il y a aujourd'hui une vraie base électorale « macroniste », qui ne s'érode pas et prend même encore plus d'ampleur, environ 21%. J'imagine donc un bon score pour La République en Marche. Cependant, il faut rester raisonnable. Nous allons devoir lancer la campagne, en parler, lui donner du fond, un contenu et aborder les questions les plus importantes telles que l'économie, l'environnement, la fiscalité, les réformes à faire… Sans compter le sujet de la future crise mondiale économique qui surviendra sans aucun doute mais dont personne n'a vraiment conscience à l'heure actuelle. La lettre aux européens qu'Emmanuel Macron a publié récemment est dans le prolongement de son positionnement durant les présidentielles. Déjà, il avait pris un engagement pro-européen. Son électorat est pro-européen et tout en découle.
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Pour appeler à une sortie de l'Europe, il faut faire preuve d'une méconnaissance du sujet. Comme l'action du Président de la République le démontre, il n'y a que le multilatéralisme qui va nous faire avancer. Croire que l'on va s'en sortir seuls est une folie : on ne se remettrait pas d'un éclatement de la zone euro. Par exemple, la dette de l'État Français est d'environ 2500 milliards d'euros. 1 point de taux d'intérêts sur les marchés internationaux représente 25 milliards. Il faut environ 7 ans pour couvrir la dette qui renouvelée tous les ans. En 2018, on a emprunté 221 milliards à moyen et long terme. La France emprunte tous les ans 400 milliards sur les marchés, ce qui est absolument énorme. Nominalement, si on revenait au franc, on aurait exactement la même dette. La charge de la dette, par contre, serait multipliée par cinq ou six. On ne pourrait plus rien faire. Actuellement les taux d'emprunt sont très bas, voire négatifs pour les emprunts de court terme, car les investisseurs ont confiance. L'Italie, elle, emprunte à 3% sur les mêmes marchés car les investisseurs n'ont pas confiance en son économie et le gouvernement de Salvini. La sortie de la France de la zone Euro et le retour au Franc provoquerait un alourdissement ingérable de la charge de la dette. Le Brexit sert d'avertissement : problèmes sur les futures frontières, impacts économiques divers… Les jeunes, les chefs d'entreprise disent que le Brexit casse des structures, des accords que l'on a mis des décennies à construire et à mettre en œuvre. Devant cette situation, nous avons l'occasion de relancer notre ambition commune de construire une Europe unie.
Il y a une compétition sociale et fiscale malsaine qui n'a pas lieu d'être et qui est, d'ailleurs, totalement rejetée par les peuples qui en ont pris conscience. C'est très précisément un des enjeux du vote. Pour aborder ces questions techniques et qui suscitent de vifs débats, il nous faut avoir un groupe parlementaire fort pour faire émerger des convergences. Tant que la France ne se réformait pas ainsi que le demandaient les voisins, elle était inaudible. Maintenant que E.Macron réforme, on devient un bon élève, on fait des efforts, on respecte la règle des 3% de déficit, on réforme le code du travail. Tout cela nous rend plus forts et plus audibles pour nos partenaires européens qui peuvent, ensuite, être plus ouverts à la discussion.
L'Italie qui est endettée et peut faire exploser la zone euro car elle ne pliera pas autant que les grecs ont pu le faire. Aussi, les allemands qui ne veulent pas entendre parler de solidarité financière européenne. Pour rétablir une situation plus équitable, il faudrait que les pays périphériques de l'Europe dévaluent leur monnaie et, qu'au contraire, l'Allemagne réévalue la sienne. Ce pays est en excédent structurel et ce n'est pas sain.
La question n'est pas si elle peut se reproduire, mais quand cela va arriver. Il faut convaincre nos alliés internationaux que réformer le système monétaire et s'accorder au niveau européen est une absolue nécessité. Sinon, on fera face à des banqueroutes d'Etats et personne ne sait ce qui comblera les ruines.
Je pense que le référendum avec plusieurs questions est une bonne idée. Je ne sais pas ce qui sera décidé mais j'imagine qu'on va avoir certaines décisions qui auront des effets immédiats et d'autres qui demanderont plus de temps. Je pense, entre autres, à la loi de finances, voire une nouvelle loi de programmation et à la réforme de la constitution.