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Le Président devait annoncer les principales mesures prises pour remédier à la crise sociale sévissant en France et symbolisée par le mouvement des gilets jaunes. L'incendie de Notre-Dame a fait reporter ces annonces. Mais le discours a fuité dans la presse.
• Le Président devrait annoncer une réindexation des retraites les plus basses et le maintien de la défiscalisation de la prime de 1000 euros pour les salariés. • Une tranche d'impôt supplémentaire devrait être créée et l'effet de la transformation de l'ISF sera évalué. • D'autres mesures sont prévues pour améliorer la démocratie populaire.
La première mesure que devait annoncer le Président concernait la réindexation des retraites. Le 1 janvier 2019, les retraités avaient constaté un changement de mode de calcul de la revalorisation de leurs pensions de base, calculée non plus en fonction de la hausse de l'inflation mais limitée à 0,3 %. Concrètement, une désindexation signifie que le coût de la vie augmente plus rapidement que la revalorisation des retraites. Mécaniquement, cela débouche sur une perte de leur pouvoir d'achat. Selon le discours qu'il devait prononcer lundi, Emmanuel Macron devait annoncer la réindexation des pensions de moins de 2 000 euros sur l'inflation dès janvier 2020. Le chef de l'État allait également confirmer l'annulation de la hausse prévue de la CSG (+ 1,7 point). Les personnes concernées devraient, si cette mesure est maintenue lors de l'annonce officielle, recevoir un chèque de remboursement dès le mois de juillet. Le Président fait donc machine arrière sur les arbitrages budgétaires décidés à la fin de l'été dernier par le Premier Ministre Édouard Philippe.
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Autre mesure probable en faveur du pouvoir d'achat : le Président devrait annoncer la pérennisation dans le temps de la prime défiscalisée de 1 000 euros. Elle sera ouverte aux salariés touchant jusqu'à 3 600 euros mensuels nets. Les bons retours de cette mesure prise en urgence le 10 décembre, très bien accueillie par les salariés, expliquent cette décision. Très attendue par les Français, la baisse de l'impôt sur le revenu serait sur le point de voir le jour. Le discours prévoyait de baisser les impôts des classes moyennes en supprimant certaines niches fiscales, sans toutefois toucher aux réductions d'impôt liées aux aides à la personne (garde d'enfants, services à domicile...). Cela consisterait à réduire le taux d'entrée dans l'impôt, fixé actuellement à 14 %. Également, une à deux nouvelles tranches à 5 et 10% pourraient être créées. Pour rappel, une tranche d'imposition à 5,5% avait été supprimée sous le quinquennat précédent, faisant sortir 1 million de foyer de l'impôt sur le revenu.
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Depuis sa transformation en Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), l'ISF n'a cessé de faire débat. Si certains appelaient de leurs vœux cette mesure, d'autres, et notamment parmi les gilets jaunes, y voient une injustice fiscale visant à favoriser les personnes les plus aisées. Pour répondre à cela, Emmanuel Macron s'est dit ouvert à une évaluation du procédé dès 2020 et de ses conséquences, afin de voir si les contribuables qui sont sortis de l'ISF ont investi ou non dans l'économie réelle française. En cas de retours négatifs, le Président, d'après son discours, apporterait toutes les corrections nécessaires.
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Une des revendications phares des gilets jaunes est la mise en œuvre de plus de démocratie directe et de référendums. En réponse, Emmanuel Macron s'est dit d'une part favorable à ce que des Référendums D'initiative Citoyenne (appelés « RIC »), soient organisés sur des sujets d'intérêts locaux. D'autre part, il souhaite assouplir la procédure qui déclenche le référendum d'initiative partagée (« RIP ») que la loi autorise déjà. Celle-ci est actuellement très contraignante (voir presque impossible à mener jusqu'au bout), puisqu'il faut réunir un dixième des électeurs (4,5 millions de citoyens) et un cinquième des membres du Parlement (185 députés ou sénateurs) pour lancer un référendum sur une proposition de loi. Enfin, il prévoit la création d'une « convention citoyenne tirée au sort » dès le mois de mai pour travailler sur les questions de transition écologique.
Un certain nombre de voix se sont élevées depuis quelques années pour supprimer l'ENA. Il est en effet reproché à l'École Nationale de l'Administration de former des élites politiques, considérées comme déconnectées du peuple et formées à une pensée technocratique. Les cahiers de doléances remis à l'issue du Grand Débat ont, semble-t-il, cristallisé le souhait de voir supprimer l'école. Déjà en 1964, les sociologues Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron dénonçaient l'ENA et d'autres comme étant « monopolisés par les héritiers de la culture dominante ». Certains politiques avaient déjà préconisé une telle mesure, comme les énarques Jacques Chirac ou même Bruno le Maire lors de la primaire du parti les Républicains en 2016. Selon une étude du Cevipof publiée en 2015 à l'occasion des 70 ans de l'école, le recrutement ne s'est pas démocratisé et n'a pas permis le brassage social espéré au moment de sa création par Michel Debré. La proportion d'élèves ayant un père exerçant une profession supérieure est passée de 45% en 1950-1960 à 70% en 2014. Le discours prévu appelait à la constitution d'une élite « à l'image de la société » et sélectionnée sur des bases de méritocratie. « C'est pourquoi nous changerons la formation, la sélection, les carrières en supprimant l'ENA et plusieurs autres structures pour en rebâtir l'organisation profonde », pouvait-on lire dans le texte. Des critiques ont déjà été émises quant à cette suppression annoncée. Le député Julien Aubert, diplômé comme Emmanuel Macron de la promotion Senghor en 2004 a déclaré sur Twitter : « Qui fait du populisme ? L'énarque Emmanuel Macron prêt à sacrifier sa propre école pour gagner quelques points de popularité ? Ce serait lamentable. C'est la méthode du #RSI : ripolinage marketing ».
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