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Dans un contexte déjà sous tension au sein du Groupe Macif, l'augmentation de 62,5 % de la rémunération du président fait polémique parmi les salariés. Bien que la mutuelle enregistre de bons résultats financiers, les épargnants peuvent-ils en subir des conséquences ?
La décision ne passe pas : lundi 28 janvier, 1 700 salariés du groupe Macif étaient en grève, soit 17 % des effectifs. Ils protestaient notamment contre la hausse significative de la rémunération annuelle du président Alain Montarant, intervenue dans un climat déjà dégradé. C'est le Canard Enchainé qui a révélé l'information : le conseil d'administration de la Macif a voté une hausse de 62,5 % de la rémunération du Président, celle-ci passant de 160 000 € à 260 000 € brut annuels. Dans un communiqué faisant suite à la polémique que l'annonce a suscitée, la mutuelle expliquait que cette augmentation représente un « rattrapage », ramenant la rémunération d'Alain Montarant à un niveau conforme à celle d'autres présidents de mutuelles. Un argument qui ne convainc pas du côté des syndicats : « Le chiffre annoncé est énorme et on ne peut être qu'indignés. J'estime qu'on ne doit pas se servir d'une mutuelle pour s'enrichir, c'est contraire à nos valeurs », expliquait Annie Lafarge, déléguée CGT de la Macif dans le Courrier de l'Ouest.
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D'après le communiqué du groupe, la hausse des émoluments du président serait également justifiée au regard des « résultats de la stratégie mise en œuvre depuis 2015 qui ont généré une dynamique positive de développement du groupe et de son sociétariat ». La mutuelle affichait en effet un résultat en hausse de 43% entre 2016 et 2017. Mais la justification passe mal du côté des salariés, qui ont pour la plupart découvert l'augmentation de leur dirigeant dans les colonnes du Canard Enchaîné. Il faut dire que la décision du conseil d'administration, datée de fin décembre 2018, tombe dans un contexte déjà tendu : en pleine crise des gilets jaunes, elle intervient après la renégociation du temps de travail des salariés (passés de 31h30 à 35 heures) et quelques semaines après la signature d'une nouvelle convention baissant les salaires à l'entrée. Par ailleurs, les syndicats reprochent à la direction de n'avoir prévu dans le même temps aucune augmentation collective des salariés.
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Les mutuelles reposent sur « l'esprit mutualiste », un principe d'économie sociale dans lequel plusieurs personnes se regroupent pour s'assurer mutuellement. Contrairement aux assurances, elles n'ont pas de but lucratif et reposent sur la solidarité et le partage entre leurs adhérents.
Ces tensions pourraient-elles rejaillir sur les conditions des contrats et leurs applications ? Du côté des épargnants, les taux de rendement 2018 des fonds en euros des assurances-vie du groupe ne sont pas les plus attractifs du marché (1,30% pour le Livret Vie, soit un chiffre inférieur à l'inflation). Ceux des unités de compte sont aussi en recul en 2018, dans un marché qui a toutefois souffert de la volatilité des valeurs boursières. Dans la lettre ouverte d'une salariée restée anonyme et relayée sur le blog de Médiapart, on peut lire que « les sociétaires ne sont pas aveugles sur certains dysfonctionnements et commencent à en pâtir ». Selon la salariée, la mutuelle « [investit] dans des domaines qui sont en dehors du périmètre d'activité de la Macif, notamment dans le spéculatif et non dans le productif.[...] Notre mutuelle investit aujourd'hui dans les clubs de sport, dans la construction de bateau… Autant de secteurs que nous ne maîtrisons pas et sans cohérence avec notre cœur de métier[...]. Beaucoup de sociétaires déplorent ce type de direction et encouragent, de même que les salariés, des investissements dans notre cœur de métier (auto, habitation, santé…). Nous maîtrisons ces domaines et nous serions en mesure de les développer. » Un argument complété par un plaidoyer en faveur d'une meilleure gestion interne de l'entreprise : « La politique de notre entreprise doit prendre une direction plus juste et plus écologique, c'est-à-dire une direction préservant l'équilibre entre l'humain, l'économie et l'environnement. C'est-à-dire, finalement, une direction préservant les ressources de l'entreprise, à commencer par ses ressources humaines. » Dans un contexte où les particuliers cherchent de plus en plus des « placements refuges » et des investissements qui ont du sens, le climat actuel au sein de la Macif pourrait soulever des interrogations. Il serait bon que le groupe puisse rassurer les épargnants, clé de voûte de son système mutualiste.
En 2017, la Macif représentait plus de 5,3 millions de sociétaires clients et employait 10 000 collaborateurs. Elle générait plus de 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires, pour un résultat de 265 millions d'euros (+ 43 % par rapport à 2016).
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