Actuellement en kiosque et sur commande
Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Les taux négatifs des marchés monétaires font souffrir les fonds en euros. Alors que 2 assureurs prévoient leur fin inéluctable, quelles sont les alternatives pour placer son épargne ?
La France emprunte de l'argent sur les marchés financiers à des taux d'intérêt inférieurs à 0. En clair, ce sont ceux qui lui prêtent de l'argent qui paie des intérêts. Un phénomène a priori favorable aux finances du pays, mais qui a des conséquences moins réjouissantes sur les épargnants. Lorsque vous placez de l'argent sur le fonds en euros d'une assurance-vie, votre argent est notamment investi en « monétaire », c'est-à-dire dans des obligations d'État. Autrement dit, votre assureur crée le rendement de votre fonds en euros en prêtant de l'argent à l'État Français. Sauf que ces taux d'intérêt négatifs ne permettent plus de dégager du rendement. Et comme sur les fonds en euros, le capital que vous avez placé est garanti, l'assureur doit trouver d'autres leviers pour conserver votre capital et générer du rendement. Un exercice compliqué, surtout que cette situation pourrait durer.
En savoir plus : La France emprunte à taux négatif : pourquoi les investisseurs paient-ils pour prêter ?
Dans ce contexte, il ne serait pas surprenant qu'en 2019, le rendement moyen des fonds en euros continue de baisser. Celui-ci est déjà passé de 2,9% en 2012 à 1,6% en 2018. Certains assureurs pourraient même renoncer à proposer des fonds en euros à leurs clients, le manque de rendement ajouté à la garantie du capital leur faisant porter un risque. Il faut dire que la situation alarme aussi les autorités. Début septembre, Bernard Delas, vice-président de l'ACPR (le gendarme de la banque et des assurances), a explicitement sonné le glas des fonds en euros. « Il faudra renoncer aux produits en euros offrant à la fois la protection du capital et une liquidité permanente. Les assureurs devront imaginer de nouvelles offres et, étape par étape, habituer leurs clients à prendre une part de risque. C'est une question de pédagogie et d'éducation financière », a-t-il expliqué dans une interview donnée à l'Argus de l'assurance. Autrement dit, les Français vont devoir s'habituer à investir sur des supports plus risqués, c'est-à-dire sans sécurité assurée pour leur capital ou leur rendement.
Rejoignez la communauté Idéal investisseur ! Je m'inscris
Dans une interview donnée au journal Les Echos, Jean-Laurent Garnier, le PDG de Generali, acteur majeur de l'assurance-vie, a annoncé : « Le modèle de la sécurité absolue, de la liquidité permanente, de la garantie totale et à tout instant du capital, qui est finalement une réplication du modèle du Livret A, est à bout de souffle. Le monde du fonds euros roi est terminé ! ». Cette semaine, c'est au tour d'un autre géant de l'assurance-vie, Allianz, d'abonder en ce sens. « Nous faisons partie de ceux qui pensent que le fonds euros est un vestige d'un passé révolu où les taux d'intérêts étaient positifs et qu'il faut lui substituer un produit qui soit durablement attractif dans le contexte financier actuel. Ce ne peut pas être seulement des fonds euros avec davantage d'unités de compte (UC) ou d'Eurocroissance », a déclaré Sylvain Coriat, membre du comité exécutif de la compagnie. Celle-ci devrait déjà durcir les conditions d'accès aux fonds en euros pour les gros investisseurs.
Le problème, c'est que les Français préfèrent de loin les placements sans risque. Ils y ont placé plus de 2500 milliards d'euros d'épargne (Livret A, PEL, voire comptes courants...). Et le placement star reste... le fonds en euros des assurances-vie (1300 milliards d'encours). Changer les habitudes risque de prendre du temps. D'autant que cet effort leur est demandé dans un contexte incertain concernant les futures pensions de retraite. Difficile donc, de leur demander d'emblée de risquer une partie de leur épargne.
A lire également : Assurance-vie : tout comprendre pour mieux épargner
Puisque l'enveloppe de l'assurance-vie conserve des avantages fiscaux non-négligeables en termes de transmission et de plus-values, les particuliers peuvent toujours se tourner vers les supports en unités de compte. Néanmoins, ni le capital, ni les intérêts ne peuvent être garantis. Aussi les fonds Eurocroissance peuvent se présenter comme une véritable alternative. Une partie de l'argent est en effet placé sur des actifs dynamiques mais plus risqués (des actions), et l'autre reste investie en monétaire. Selon le type de contrat, les assureurs peuvent garantir entre 80% et 100% du capital (moins les frais), à condition de bloquer l'argent pendant au minimum 8 ans. L'avantage est alors de concilier l'éventuel rendement que peuvent apporter les marchés financiers, sans risquer de perdre l'intégralité du capital. Ces fonds sont d'ailleurs une des solutions envisagées par Generali pour l'ère qui suivra celle des fonds en euros. « Une stratégie patrimoniale, cela se construit avec du conseil et non un produit miracle. Pour tous les flux nouveaux, il faut installer un modèle qui permette de jouer à fond toute la diversification possible des supports éligibles à l'assurance-vie. De ce point de vue, nous donnerons toute sa place à l'Eurocroissance », expliquait Jean-Laurent Garnier.
Pour le moment, les assureurs sont peu nombreux à proposer des fonds Eurocroissance.
Reste que les professionnels de l'assurance, de la banque et du patrimoine ont un grand travail de pédagogie financière à effectuer pour convaincre les Français de se détacher des placements sans risque. Ces derniers vont peut-être avoir tendance à se replier sur l'immobilier, qui, bien que de plus en plus fiscalisé, reste la valeur refuge plébiscitée. Les Français aiment la pierre. Face aux rendements en berne des fonds en euros, dans le contexte d'incertitudes sur les retraites, ils pourraient être tentés de se porter d'autant plus sur l'investissement immobilier. Détenir un actif réel, qui procure un rendement connu grâce à sa mise en location, est en effet rassurant. Avec des crédits immobiliers qui n'ont jamais affiché des taux aussi bas, 2019 devrait d'ailleurs être une année record pour le nombre de transactions. En parallèle, la pierre-papier (SCPI), qui permet d'investir de façon indirecte dans l'immobilier à partir de quelques milliers d'euros, affiche une collecte dynamique et un rendement prévisionnel de 4,52% pour 2019.
A lire également : Avec 4,52% de rendement brut prévu en moyenne pour 2019, l'ASPIM prévoit une nouvelle année record pour les SCPI