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Plan d'épargne avenir climat (PEAC) : une fausse bonne idée pour vos enfants ?

Le nouveau placement réservé aux moins de 21 ans est accessible depuis le 1er juillet. S'il finance des projets écologiques, son fonctionnement est proche de celui d'un plan d'épargne retraite, avec certains risques. Doit-on y investir pour ses enfants ?

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par L Villedoré | Mis à jour le 04-09-2024 14:22 | Publié le 18-06-2024 15:32  Photo : Adobe Stock  
Plan d'épargne avenir climat (PEAC) : une fausse bonne idée pour vos enfants ?

Un placement pour financer la transition écologique

Avec la montée des préoccupations environnementales, l’État a créé un nouveau type d’enveloppe destiné à financer la transition écologique : le Plan d'Épargne Avenir Climat (PEAC). Si son principe avait été entériné par la loi relative à l'industrie verte du 24 octobre 2023, il a fallu attendre jusqu'au 16 juin pour voir ses contours définis par deux décrets (2024-547 et 2024-548) et un arrêté.

Le PEAC vise à mobiliser l'épargne des jeunes pour soutenir des projets écologiques. Ouvert aux moins de 21 ans, il peut être souscrit par les parents pour leurs enfants dès la naissance, ou directement par les jeunes adultes de 18 à 21 ans. Certaines de ces caractéristiques le rapprochent d’un Livret A : le plafond des versements est fixé à 22.950 euros et les gains sont exonérés d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux au moment du retrait. Ces arguments sont attrayants, mais la comparaison avec le placement star des jeunes s’arrête là.

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L'épargne, non garantie, est placée dans un compte-titres ou un contrat de capitalisation

Contrairement aux livrets réglementés, l’épargne placée n’est pas garantie. Elle est fléchée de manière indirecte pour financer des entreprises qui contribuent à la transition écologique, labellisées « investissement socialement responsable » (ISR), « France finance verte », ou respectant les indices de référence de l'Accord de Paris.

Le fonctionnement du PEAC s’apparente à celui du Plan Épargne Retraite (PER), avec le choix de l’ouvrir sous la forme d’un compte-titres (pour les bancaires) ou d’un contrat de capitalisation (pour les assurantiels). Dans les deux cas, l’argent sera investi dans divers fonds d’investissement : actions, obligations, mixtes, immobiliers, spéculatifs, capital-investissement ou monétaires. Chaque plan pourra comporter des frais de gestion ou de tenue de compte, ainsi que des frais sur les supports sous-jacents.

Puisqu’il s’agit d’investir dans des fonds d’investissement, le risque de perte de capital existe. Bien que celui-ci soit évalué à un niveau faible (2 sur une échelle de 7), il est possible de repartir avec une somme inférieure aux versements effectués. Pour le lisser, le principe retenu est celui d’une « gestion par horizon », calée sur le modèle du PER. L’épargne sera d’abord investie dans des supports plus risqués pour tenter d’aller chercher du rendement, avant d’être progressivement sécurisée au fil des ans et jusqu’au débouclage (70% minimum de l’épargne sur des supports « à faible risque » à partir « de 2 ans avant la date de liquidation envisagée par le titulaire », selon l'arrêté).

Ce mode d’investissement suggère un potentiel de rendement plus élevé que celui d’un Livret A, qui affiche actuellement 3% par an. Le ministre de l’Économie Bruno le Maire a indiqué que le rendement annuel moyen visé se situe autour de 5 %. Mais il n’existe aucune garantie en la matière : ce chiffre se base sur les performances des placements en actions sur les 20 dernières années. Or, comme le rappelle souvent l’Autorité des Marchés Financiers, les performances passées ne garantissent pas les performances futures. Le rendement dépendra de la performance des actifs choisis par le gestionnaire, et des frais.




Des fonds bloqués jusqu'aux 18 ans, et au minimum pendant 5 ans

Comme dans les fonds d’investissement non cotés de type FCPR, l’épargne sera bloquée pendant au moins cinq ans, et a minima jusqu’à la majorité du titulaire du plan. Il ne sera donc pas possible d’utiliser l’épargne accumulée avant son déblocage. Des cas de retraits anticipés sont prévus si le titulaire devient invalide ou si l’un de ses parents décède. Mais il faut savoir que tout retrait empêchera d’effectuer des versements ultérieurs.

Enfin, dans le cas où le titulaire n’aurait pas décidé de récupérer son capital, le plan sera automatiquement clôturé au 31 décembre de sa 30e année.
Compte tenu du risque, même faible, le nouveau PEAC est plutôt destiné aux enfants qui sont déjà titulaires d’un Livret A bien garni, ou dont la famille dispose de fonds suffisants pour qu’une perte potentielle n’ait pas d’impact sur son démarrage dans la vie. Dans ce cas, il pourra constituer un bon moyen de financer la transition écologique avec sa jeune épargne.





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Commentaires (14)

Je trouve que c'est un super concept pour impliquer la jeune génération à la transition écologique. Cependant, pourquoi les fonds sont-ils bloqués si longuement ? Les frais seraient raisonnables, cela pourrait être beaucoup plus attractif.

Encore un placement pas garanti et bourré de frais... Franchement, est-ce qu'il n'existe pas de solutions plus sûres pour nos enfants et notre planète ?

J'ai du mal à comprendre comment ce PEAC pourrait vraiment aider nos enfants. Ca ressemble plus à une arnaque qu'à une bonne idée. Pas sûr que je m'y engage pour les miens...

C'est bien beau de parler de transition écologique, mais avec les fonds bloqués et zéro garantie, je vois mal comment on peut encourager les jeunes à y mettre leurs économies.

En tant que parent, on veut le meilleur pour ses enfants et l'idée de contribuer à la transition écologique est séduisante. Après il faut avoir toute cofniance en Bruno Le Maire quand il dit que le rendement sera de 5%. J'aimerais bien qu'il se fasse rappeler à l'ordre par l'AMF lui aussi, tiens