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Les 20-40 ans remettent définitivement en question le fonctionnement des professionnels des placements. La banque privée Neuflize OBC et le cabinet d'études économiques Asterès viennent de rendre publique leur étude intitulée « Les Millenials et l'argent. Comment les nouveaux entrepreneurs réinvestissent-ils leur patrimoine ? ». Bien qu'axée sur les 20-40 ans déjà millionnaires, elle met en lumière la rupture radicale d'approche qui existe entre cette génération et la précédente en matière de gestion des finances personnelles.
Le poids de notre génération, dite des « Millénials », est croissant dans la société : les 20-40 représente aujourd'hui 24% de la population, mais déjà plus de la moitié des actifs. Si aujourd'hui elle ne représentent que 4% des millionnaires, Neuflize OBC et le cabinet Asterès prévoient sa montée en puissance d'ici 15 ans : « Près de la totalité des nouveaux millionnaires entre 2026 et 2036 seront nés après 1980 et plus de 90% de la nouvelle richesse créée au cours de cette décennie-là le sera par les jeunes générations ». Or, nos usages sont très souvent différents de ceux de nos parents baby-boomers. Notre génération, née avec le numérique, a aussi grandi dans un environnement beaucoup plus anxiogène et cela se ressent. Selon l'étude, « les crises économiques et géopolitiques (montée du chômage, explosion de la bulle dotcom, la crise économique de 2008, crise de la dette grecque en Europe, les guerres au Moyen Orient, le terrorisme) ont forgé leur impression d'un monde en chaos et leur ont conféré un plus grand sens de la responsabilité que les générations précédentes ». Alors que les baby-boomers ont, pour beaucoup, pu profiter des « 30 glorieuses », ces années marquées par une embellie économique sans précédent, les 20-40 ans constitueraient « une génération défavorisées économiquement, pénalisées par une croissance lente et incertaine de l'économie française depuis les années 1990 ».
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Si l'on se réfère à l'analyse de Neuflize OBC et Astarès, la conséquence est visible dans la manière dont les Millénials les plus riches gèrent leurs placements : ceux-ci misent beaucoup plus sur la sécurité que leurs parents et sont plus impliqués dans la gestion de leur patrimoine. Parmi les individus disposant d'au moins 3 millions à investir, 7 sur 10 privilégient les actifs susceptibles de générer un revenu à court terme et les liquidités. Un moyen de « sortir » rapidement d'un placement si le vent se lève. Avec la montée en puissance de notre génération, les produits financiers de le long terme n'ont peut-être pas de beaux jours devant eux... Les Millénials interrogés considérant même que « l'entrepreneuriat, et non la finance, est la voie du succès » : une ode à la « start-up nation », en quelques sortes. Parallèlement, la prudence attire naturellement les 20-40 ans vers l'immobilier : « La perspective de percevoir des revenus réguliers les pousse aussi à s'intéresser davantage que leurs parents et grands-parents aux actifs matériels comme l'immobilier ou le foncier (90%, 72% et 67% respectivement) ».
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Les écrans, le smartphone et les réseaux sociaux font partie du quotidien personnel et professionnel de notre « Génération Internet ». Près de 3 Millénials sur 4 déclarent ne « pas pouvoir se passer de leur smartphone » (contre 50% de la génération de leurs parents) et 90% le vérifient même « dans le quart d'heure qui suit le réveil ». Cette ouverture sur le monde et l'accès facile à une multitude de sources, rend cette génération souvent plus informée que ses parents. Selon les résultats de l'étude, nous en sommes mêmes devenus « méfiants envers les institutions, les grandes marques et les entreprises en général ». Les professionnels de la finance subissent le même traitement, beaucoup de jeunes adultes éprouvant de la « méfiance à l'égard des banques et des conseillers en gestion de patrimoine », qu'ils estiment majoritairement « motivés par le profit ». Une défiance accrue avec la conscience du marketing : 75% des Millénials sondés considèrent que « les initiatives « responsables » promues par les grands groupes relèvent de la simple communication ». Les interactions sociales rendus possibles par l'hyperconnexion, nous entraîneraient alors à favoriser davantage « les retours d'expérience à la réputation » des acteurs. Les 20-40 ans sont en effet « davantage susceptibles que les générations précédentes de laisser des commentaires et des notes suivant un achat, et à se référer aux commentaires des autres utilisateurs avant de prendre une décision. En outre, ils ont davantage tendance à explorer les marques sur les réseaux sociaux. »
Moins de philanthropie, mais plus d'Investissement Socialement Responsable Les Millenials font moitié moins de dons que leurs aînés, considérant que « l'impact positif qu'ils peuvent avoir dans la société relève plus de leur manière de consommer, de travailler et d'investir ». L'Investissement Socialement Responsable (ISR) a leur faveur. Bien qu'ils soient plus prudents que leurs aînés, les placements ISR sont les seuls sur lesquels ils acceptent de prendre un risque accru. Les femmes sont moteurs : parmi les millionnaires, elles sont 20% à détenir un placement ISR, soit le double des hommes. « L'impact investing » a également de beaux jours devant lui.
Là où traditionnellement les acteurs de la finance personnelle traitaient avec une clientèle fidèle, voire captive, les « Digital Natives » sont beaucoup plus volatiles. D'après l'étude, les trois-quarts d'entre nous revendiquent une grande autonomie dans la gestion de leurs investissements, le conseil ne venant qu'appuyer nos propres décisions. 41% n'ont déjà plus recours à aucun professionnel. L'enjeu pour les acteurs de la finance est de taille : pour leurs (futurs) clients, l'expérience prime avant tout. Pour obtenir la confiance des Millénials (point que ceux-ci considèrent comme essentiel), ils doivent, selon l'étude, répondre à leurs trois de leurs exigences principales : proposer des produits en s'appuyant sur des faits, être transparent dans la communication, leur gestion et leur rémunération, et leur laisser un contrôle sur leurs investissements. Notre génération pesant de plus en plus, les professionnels devront probablement bientôt accroître leurs efforts pour justifier de la pertinence de leurs produits. Si nous avons toujours un téléphone à la main, le digital n'est, d'après l'étude, qu'un facilitateur. Certes, les robot-advisors n'ont toujours pas la cote, mais « la menace de disruption de ce secteur encore peu bousculé est réelle » selon l'étude. Près de la moitié des sondés plaide ainsi pour « l'apparition d'offres alternatives proposées par les géants technologiques comme Google, Amazon ou Apple ». Une idée qui a de quoi inquiéter. Néanmoins, les « digital natives » voient ces outils numériques « comme une composante naturelle de l'offre de services ». Un moyen en somme, probablement au même niveau que le conseil. Mais pas une fin en soi.
Le manque de connaissances en matière financière est un frein soulevé par de nombreux épargnants, mais il l'est également pour les plus riches : « Entre 19 et 25% des Millénials millionnaires seulement estiment disposer d'une bonne compréhension de l'environnement et des produits financiers et près de 60% estime avoir beaucoup de choses à apprendre. Les jeunes ayant hérité de la fortune de leurs parents se montrent particulièrement soucieux d'apprendre. »
Neuflize OBC est une des plus anciennes banques privées (351 ans d'ancienneté). Elle propose à ses clients une approche mixte entre patrimoines privé et professionnel. Elle a par ailleurs développé des expertises sur la santé, les entrepreneurs de la finance, le cinéma et audiovisuel, l'immobilier, les professions réglementées, le luxe, l'art, les nouvelles technologies... Astarès est un cabinet d'études économiques et de conseil créé par Nicolas Bouzou en 2006. Il propose aux entreprises et au secteur public des outils de réflexion de haut niveau pour orienter l'action vers une croissance qualitative et durable.