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« Matis est une plateforme qui permet d'investir dans l'art, dans un cadre régulé »

La société Matis offre aux particuliers une opportunité unique d'entrer sur le marché de l'art en participant à des « club deals ». Son ambition : combler un vide sur le marché européen et démocratiser l'investissement dans des œuvres d'artistes renommés (Warhol, Picasso, Soulages...), en alliant une expertise pointue du marché et une maîtrise parfaite des rouages du financement participatif. Rencontre avec François Carbone, son cofondateur.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par | Mis à jour le 27-05-2024 18:23 | Publié le 27-05-2024 09:28  Photo : Gregory Copitet  
« Matis est une plateforme qui permet d'investir dans l'art, dans un cadre régulé »

Caroline Courvoisier. - Vous aviez cofondé Anaxago il y a une dizaine d’années : vous faites donc partie des pionniers du financement participatif en France. Désormais vous êtes associé avec Arnaud Dubois, spécialiste du patrimoine artistique, dans la société Matis qui propose des clubs deals autour d’œuvres d’art. Comment est née l’idée de cette association ?

François Carbone. -
C'est une société que j'aurais voulu connaître il y a quelques années : je souhaitais investir dans des œuvres d'art, mais je n’avais pas de connaissances préalables. J’ai donc recherché un professionnel qui pourrait m’aider. Je suis rapidement tombé sur Arnaud qui faisait du conseil en achat et vente d'œuvres d'art depuis près de dix ans avec son équipe. Au fil des discussions, nous sommes tombés sur un constat commun : il existe peu de services d’investissement dans l’art.

Arnaud s’était déjà heurté à des difficultés pour créer un fonds dédié. En parallèle, j'avais investi sur une plateforme leader aux États-Unis sur ces sujets-là. Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y avait rien de comparable en Europe. L’idée entrepreneuriale a fait son chemin... Arnaud est un spécialiste du patrimoine artistique et sait parfaitement sourcer, acheter, valoriser les œuvres et les placer dans les bonnes galeries pour la revente. De mon côté, je connais très bien le sujet des plateformes de financement participatif, des réglementations et de la relation aux investisseurs grâce à mon métier.

Matis est née de la synthèse de tout cela avec un objectif : créer une plateforme qui permette d’investir dans des œuvres d’art, dans un cadre régulé par l’Autorité des Marchés Financiers.

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En seulement un an, Matis a acquis des œuvres d’artistes de premier plan : Warhol, Soulages ou Kusama, qui est l'artiste féminine la plus performante de l'histoire de l'art. Vous avez aussi revendu un Lalanne, avec un TRI de 31,5% pour vos investisseurs en seulement 9 mois ! On connaît le côté émotionnel dans l’achat d’une œuvre, mais comment choisir pour que l’opération soit financièrement rentable ?

François Carbone. - Notre thèse d'investissement comporte plusieurs points. Le premier, c'est que les œuvres doivent être valorisées à la fois par le marché et par les institutions muséales. La valeur d'une œuvre d'art est au carrefour de ces deux éléments. Le deuxième est que nous nous positionnons sur une période Après-guerre et contemporaine, sur des œuvres entre 500.000 et 5 millions d'euros. Parce que, de manière rationnelle, c'est sur ce segment que les volumes de transactions sont les plus élevés.

Et le troisième point, c'est que l’on met les œuvres en vente auprès de partenaires galeristes dès qu'elles sont achetées par nos investisseurs. Ce réseau est important, car il nous permet, en amont, de nous faire une idée claire du potentiel de revente. Or, la vraie complexité de notre métier, c’est de sourcer de très belles œuvres à un bon prix, tout en les revendant à un prix raisonnable à l’acquéreur final.

C’est un marché de niche et les frais de transaction sont élevés. Les œuvres vendues en maison de vente comprennent 15% de frais pour le vendeur et 25% pour l’acheteur. En clair, si vous achetez une œuvre au marteau pour 1 million d’euros, vous allez payer 1,25 million d’euros et le vendeur va toucher 850 000 euros. Nous sommes donc à la chasse aux opportunités pour dénicher les bonnes affaires. Une partie de notre métier est donc d’être informés par notre réseau, car nous devons très bien connaître nos points de sortie pour avoir confiance sur les points d'entrée. Aujourd’hui, nous fêtons notre première année d’activité et nous avons déjà un réseau dont nous n’aurions pas osé rêver. Je pense que cela tient à la fois beaucoup à nos expertises, mais aussi au cadre que l'on a souhaité offrir.




Vous trouvez donc une œuvre à potentiel, puis vous la proposez en club deal à des investisseurs sur votre plateforme. Et c’est là que l’on retrouve tout votre savoir-faire en matière de financement participatif : le montage ressemble beaucoup à celui du crowdfunding immobilier, avec une SAS qui porte l’œuvre et une émission d’obligations...

François Carbone. - Ce n'est pas un hasard : nous avons passé en revue plusieurs modèles mais c’est celui qui nous apparaît le plus approprié, notamment pour éviter les frottements fiscaux pour l’investisseur.
Le schéma est le suivant : quand une œuvre est repérée par le comité d'investissement, nous définissons un prix d’achat maximum. Une fois que le contrat est signé, la société - dont l’objet social est uniquement l’achat et la revente de cette œuvre précise - émet des obligations convertibles en actions. Cela lui permet de collecter des fonds auprès des investisseurs pour l’achat.

Dès ce moment, une autre équipe de Matis se consacre à faire venir l’œuvre, à la réencadrer ou à la faire restaurer si nécessaire, avant de la signer dans la galerie la plus appropriée dans le but de la revendre. Par exemple, nous avons signé l’œuvre de Kusama en juillet dernier et la collecte s’est déroulée jusqu’à fin août. Elle a ensuite été confiée à 2 galeries et présentée à 2 foires dont la TEFAF de New York.

La revente de l’œuvre déclenche automatiquement le remboursement des investisseurs. Ils obtiennent ainsi la totalité de la plus-value, diminuée de 20% qui représentent la participation à la performance de Matis.
Le système d’obligations convertibles a aussi l’avantage de permettre aux investisseurs de reprendre la main sur la société en transformant leur créance en actions dans le cas où une œuvre ne serait toujours pas revendue au bout de cinq ans.



Vous dîtes que vous confiez les œuvres à une galerie : cela veut dire qu’au-delà de l’aspect financier, il est possible de satisfaire un côté plus émotionnel en allant voir l’œuvre dans laquelle on a investi ?

François Carbone. - Tout à fait, les investisseurs savent la plupart du temps dans quelle galerie elle est placée. On ne se rend jamais aussi bien compte de la beauté et de la dimension d'une œuvre que lorsque l’on est en face. Même si l’on présente de belles vidéos ou des photos en ultra-haute définition, l’expérience réelle reste très différente. C’est pour cela que nous invitons également beaucoup nos clients dans les foires pour qu’ils puissent les découvrir. Nous voulons proposer une vraie expérience d’investissement aux clients qui le veulent, dans un esprit « club », qu’ils soient grands collectionneurs ou néophytes. Nous leur réservons également d’autres choses, mais sur cela, je préfère garder la surprise...

Matis est une plateforme agréée PSFP (Prestataire de Services en Financement Participatif) par l’Autorité des Marchés Financiers. Ticket d’entrée : 20 000 €. Comme toujours, l’investissement comporte des risques de perte en capital, et les performances réalisées sur certaines œuvres ne préjugent pas des performances futures.

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Commentaires (17)

Hyper intéressant cette idée d'investir dans l'art grâce à Matis ! Est-ce que quelqu'un ici a déjà utilisé cette plateforme et peut partager son expérience ?

Faut-il vraiment diversifier ses investissements avec l'art ? J'ai toujours pensé que c'était un secteur réservé aux ultra-riches et pas à des investisseurs lambda comme moi. Comment est-ce que Matis garantit la liquidité dans un marché aussi spécifique ?

Je trouve l'idée d'investir dans l'art super intéressante, surtout si c'est régulé.

Investir dans l'art, ça semble hyper cool, mais est-ce que ça rapporte vraiment des sous à long terme ? J'aimerais bien savoir si ça se compare à des investissements plus classiques comme l'immobilier ou les actions.

Est-ce que ça ne ressemble pas à un autre moyen de spéculer ? J'aimerais savoir si Matis a des partenariats avec des musées ou des experts pour authentifier les œuvres et garantir leur valeurs ?