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Les UC "clean shares" : nouvelle tendance de l'assurance-vie ?

Dans le monde de la finance, les bouleversements ne se produisent pas souvent et, lorsqu'ils arrivent, c'est rarement avec fracas. Pourtant, depuis quelques années, un concept discret, presque technique, s'immisce peu à peu dans l'investissement : les « clean shares ». Ces parts de fonds, dépouillées des frais de rétrocession, incarnent un tournant majeur dans la manière dont les épargnants paient – et perçoivent – la valeur des services financiers.

Temps de lecture : 2 minute(s) - Par C Dulary | Publié le 26-11-2024 10:30  Photo : Shutterstock  
Les UC

L'ère de la transparence : que cachent les clean shares ?

Pour comprendre ce que sont les clean shares, il faut d’abord se pencher sur le fonctionnement classique des fonds d’investissement. Quand vous placez de l’argent via votre conseiller ou votre banque, une partie de vos frais alimente des rétrocessions autrement dit, des commissions reversées aux intermédiaires. C’est un système bien rodé, mais largement invisible : le client voit les frais globaux, sans savoir ce qui revient réellement au gestionnaire du fonds et ce qui alimente les circuits de distribution.

Les clean shares changent cette donne. Nées dans la foulée de la directive européenne MiFID II, elles visent à rendre les coûts plus lisibles. En supprimant les rétrocessions, elles obligent les intermédiaires à facturer directement leurs services aux clients. Le résultat ? Une relation beaucoup plus transparente, mais aussi une redistribution des rôles : le conseiller devient un prestataire clair, payé pour son expertise, plutôt qu’un acteur aux rémunérations perçues dans les méandres des frais.

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Des frais en baisse, mais un rapport plus direct avec le client

La promesse des clean shares, c’est avant tout une réduction des coûts pour l’investisseur. Et sur le papier, elle est séduisante. Prenons un exemple : pour un investissement de 100 000 euros avec des frais classiques de 1,5 % par an, jusqu’à un tiers peut être absorbé par des rétrocessions. En optant pour des clean shares, ces frais diminuent, souvent autour de 1 %, voire moins. À long terme, cette différence peut représenter des dizaines de milliers d’euros économisés.

Mais cette évolution a un prix : celui d’un changement dans la façon dont les investisseurs perçoivent et rémunèrent leurs conseillers. « Avec les clean shares, le client comprend enfin ce qu’il paie, mais il doit aussi accepter de payer pour son conseil. Ce n'est pas vraiment dans les moeurs aujourd'hui », explique un analyste du secteur. « Psychologiquement, c’est un tournant. » Pour les conseillers eux-mêmes, c’est un test de crédibilité. Finies les commissions automatiques, dissimulées dans les frais des fonds. Avec les clean shares, il faut démontrer sa valeur ajoutée, justifier ses honoraires. Certains y voient une opportunité : « C’est une chance de prouver qu’on est plus qu’un simple distributeur », résume un indépendant. D’autres, en revanche, craignent que ce modèle ne dissuade les épargnants, habitués à ce que ces frais restent invisibles et à avoir un conseil d'apparence gratuit.




Un avenir encore flou

Si les clean shares séduisent de plus en plus, elles n’ont pas encore conquis tous les marchés. Au Royaume-Uni, elles sont devenues la norme grâce à une réglementation drastique entrée en vigueur dès 2013. Mais en France, la transition est plus lente. Les banques traditionnelles continuent de privilégier les parts classiques, tandis que les plateformes en ligne, souvent plus innovantes, commencent à tirer leur épingle du jeu. Le frein principal ? Une méconnaissance du public. Peu d’investisseurs savent qu’ils peuvent opter pour ces parts « propres », et les intermédiaires n’ont pas toujours intérêt à les promouvoir.

Mais les mentalités évoluent. Avec l’arrivée des jeunes générations, plus sensibles aux notions de transparence et de coûts, le terrain est fertile. Certains analystes estiment même que les clean shares pourraient devenir un standard à moyen terme, dans un contexte où les marges des distributeurs sont de plus en plus scrutées. C’est un peu comme le bio dans l’alimentation : au début, c’était une niche, mais aujourd’hui, c’est presque un passage obligé.

Alors, les clean shares vont-elles vraiment révolutionner l’investissement, notamment pour les unités de compte des assurances-vie ? Rien n’est certain, mais une chose est claire : elles marquent une étape cruciale vers un modèle plus transparent, où chaque acteur doit assumer son rôle et sa valeur. Pour les investisseurs, c’est une chance d’y voir plus clair. Pour les professionnels du secteur, c’est un défi, mais aussi une opportunité de repenser leur métier. Une révolution, peut-être silencieuse, mais aux effets déjà bien réels.



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