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Il était en pleine randonnée en Corse sur le GR20 lorsque l'Élysée l'a appelé au printemps : Emmanuel Macron acceptait de venir dans son podcast Génération Do It Yourself. L'épisode, diffusé deux semaines après la dissolution, avait braqué les projecteurs sur ce programme référence des entrepreneurs, qui affiche près de 1 million d'écoutes en moyenne chaque mois. Multi-entrepreneur infatigable, Matthieu Stefani est aussi l'hôte d'un podcast dédié à l'épargne et l'investissement : La Martingale, qui totalise 250 000 écoutes mensuelles. Un salon cosy où il interviewe les acteurs des mondes financiers et immobiliers, en toute bienveillance… mais sans concession.
Vous animez les podcasts Génération Do It Yourself et La Martingale, mais vous êtes surtout un « serial entrepreneur » et menez de nombreux projets de front. Comment vous définir ?Matthieu Stefani. – Je suis un aventurier ! J’aime l’entrepreneuriat parce qu’on fait beaucoup de rencontres : des associés d’abord, puis les collaborateurs, des clients, des fournisseurs… J’aime me lancer dans les aventures les unes après les autres, régler ces problèmes, montrer que ça fonctionne. Et qu’une fois que j’ai montré que ça fonctionnait, je les laisse généralement à d’autres qui vont les faire grandir.
Vous avez lancé La Martingale en 2019 : vous y dialoguez très simplement avec des professionnels de l’investissement et des finances personnelles. Qu’est-ce qui vous a inspiré ?Avec ma vie d’entrepreneur, j’avais un peu investi dans l’immobilier, mais ça s’arrêtait là. Après plusieurs cessions, j’ai eu des liquidités. C’est à ce moment que je me suis rendu compte que je ne comprenais pas bien l’univers de l’investissement. À l’époque, je le considérais comme très opaque : il y avait beaucoup d’intermédiaires qui n’expliquaient pas concrètement comment ça fonctionnait, et je voyais un enchaînement de commissions pour des raisons pas toujours claires.Or, j’avais besoin de comprendre quels étaient les enjeux, où il pouvait y avoir des arnaques ou des pertes potentielles. Plus généralement, je voulais qu’on réponde à des questions simples comme « L’immobilier peut-il se casser la figure ? » ou « Comment fonctionne la crypto ? » Les médias financiers ne parlaient pas mon langage. J’ai donc voulu poser ces questions à des spécialistes dans un podcast, en me mettant dans une posture très différente de celle que j’adopte dans Génération Do It Yourself, lancé 2 ans plus tôt. Dans La Martingale, je n’y connais rien : j’aborde les sujets de manière candide, et on m’explique.En même temps, sont apparues une nouvelle vague d’acteurs et de nouvelles manières d’investir. Avant, le banquier proposait la SCPI de sa maison mère et si on en voulait une autre, ce n’était pas possible. Aujourd’hui, les solutions sont plus nombreuses. J’ai vraiment eu envie de montrer qu’on n’était plus obligé de passer par là.
Le podcast est accessible au grand public, mais ne se prive pas d’approfondir les sujets d’univers très différents : immobilier, cryptomonnaies, art, Bourse, investissement dans les PME… Quel est votre fil conducteur ?L’une des choses les plus importantes que j’ai découvertes avec La Martingale, c’est qu’en investissant, on peut avoir un véritable impact. L’objectif est aussi de transmettre cette idée. L’argent en lui-même ne m’intéresse pas vraiment : ce qui compte, c’est la liberté qu’il permet. Mais ce qui est aussi central, c’est que cet argent peut être un moteur et qu’il est possible d’investir dans des sujets qui nous plaisent. Certaines personnes choisissent des placements à impact social ou écologique. Moi, j’aime l’innovation, entrer dans des projets… Les possibilités sont multiples.
Avec vos invités, vous êtes toujours bienveillant, mais aussi très direct. Il semble qu’il y ait deux écoles : ceux qui jouent le jeu, et ceux qui ont une approche très traditionnelle et qui se sentent un peu bousculés…C’est vrai ! Certains sont parfois sur la défensive. Typiquement, si je prépare un podcast avec une grande banque, mes interlocuteurs sont parfois surpris que je demande d’interviewer l’une des personnes du sommet de la hiérarchie. Surtout si je leur dis que le titre de l’épisode, ce sera « Mon banquier sert-il encore à quelque chose ? » Mais à eux de choisir s’ils veulent venir. Je ne vais certainement pas me museler parce qu’il s’agit d’une société qui a pignon sur rue. S’ils sont prêts à jouer selon mes règles du jeu, alors on y va.Quelqu’un m’a dit un jour que j’étais « beaucoup plus bienveillant » que je n’y parais. Oui, mais en tant qu’interviewer, je suis d’abord dans la peau de la personne qui investit. Je n’ai pas envie d’être un « béni-oui-oui », je pense que ça abîme la relation avec les auditeurs. Ce ton, je ne le retrouvais pas dans les magazines de finance traditionnels ou même dans d’autres médias.
Vous avez réalisé plus de 650 interviews pour vos podcasts, tout en étant à la tête de plusieurs entreprises. Comment voyez-vous la suite ?Je ne veux plus forcément être le CEO d’une boîte. Je me vois davantage être une « étincelle » qui accompagne les gens avec des idées. Ce que je vois, c’est que mes contenus ont de l’impact grâce aux invités que je reçois dans Génération Do It Yourself ou La Martingale, grâce à l’équipe. Cet impact peut aussi, potentiellement, être financier pour ceux qui écoutent. Il peut donc changer des vies. Aujourd’hui, je veux faire encore plus dans cette voie.
Vous avez d’ailleurs lancé « L’Étincelle », un programme de formation à l’entrepreneuriat certifiant en partenariat avec l’EDHEC. Est-ce un exemple de cet engagement ?L’idée est de donner cette petite impulsion qui manque parfois pour entreprendre. C’est un projet très personnel : je connais tellement de gens autour de moi qui rêveraient de se lancer, mais qui trouvent toujours une excuse : « je n’ai pas le bon associé », « je n’ai pas assez d’argent », « j’ai encore un crédit ». Et moi, je leur dis « vas-y ! ». Souvent, il ne leur manque qu’un petit coup de pouce pour franchir le pas.Ce programme, c’est ma manière d’amplifier cet accompagnement. Je ne peux pas passer tout mon temps avec chaque personne individuellement, mais grâce à L’Étincelle, je peux toucher beaucoup plus de gens. Ce que j’aime aussi, c’est notre mesure de succès : l’important, ce n’est pas combien de formations on vend, mais combien de boîtes sont réellement lancées grâce à nous. Mon objectif est de dire « regardez, c’est possible ! » Je crois qu’on est tous faits de la même manière, vous et moi, Elon Musk ou Steve Jobs. Il y a des moments où il faut juste un peu d’audace, d’ambition.