Sortie le 7 novembre
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Plusieurs études montrent que beaucoup de fonds « durables » investissent dans des secteurs controversés. L'UFC-Que Choisir appelle à cesser « l'éco-blanchiment ».
Vous pensiez donner du sens à votre épargne en choisissant des supports « durables » ou labellisés ISR ? Gare à la désillusion. Plusieurs enquêtes récentes montrent que beaucoup de ces fonds ne sont pas conformes à l'image d'un placement « vertueux ». Et ce, en toute légalité. Dans une étude publiée en mars 2023, l'UFC-Que Choisir ne mâche pas ses mots, en appelant à « mettre fin d'urgence à l'écoblanchiment ». L'association de consommateurs a analysé 8 fonds « durables » de grandes sociétés de gestion et constaté un manque d'adéquation entre l'étiquette « verte » et la réalité. L'étude prend pour exemple certains fonds des sociétés Groupama AM et Amundi, qui, dans leurs choix d'actifs sur le secteur automobile, n'imposent que 33 à 37% de critères verts pour retenir la qualification « durable ». L'association explique également que dans la composition du fonds « Actions environnement » de la Banque Postale AM, 52% des entreprises affichent une surconsommation d'eau par rapport aux sociétés comparables, et 34% des émissions de carbones supérieures. D'après une enquête menée par une dizaine de médias européens et coordonnée par Investico et Follow the Money, près de 50% des fonds « superverts » investissent dans les énergies fossiles ou l'aéronautique contrairement à leurs engagements. En juin 2022, Le Monde a ainsi publié la liste de 386 supports d'investissement concernés. Par exemple, toujours selon le quotidien, 16% de l'encours du fonds « Energie durable » de BlackRock concerneraient des sociétés dont la production électrique repose sur les énergies fossiles, alors qu'il est censé exclure les sociétés du charbon, du pétrole et du gaz.
Le flou qui entoure les notions de durabilité et d'investissement responsable provoque une grande partie du problème. L'ensemble des fonds « durables » basent leur approche sur l'analyse de critères extra-financiers, connus sous le nom d' « ESG » (environnementaux, sociaux et de gouvernance). Là où les fonds traditionnels vont analyser la performance financière et l'environnement économique de différentes entreprises pour choisir leurs actifs, les fonds durables vont ajouter une multitude de critères qualitatifs : émissions de gaz à effet de serre, respect de l'environnement, transparence, écarts de salaires... Mais ce mode de sélection n'est aujourd'hui ni contraignant, ni standardisé. La méthode est donc propre à chaque société de gestion qui décide des critères qu'elle va utiliser et de la proportion d'actifs respectant sa propre définition de l'approche « durable » à inclure dans ses fonds d'investissement. Parfois, ces analyses sont confiées à des agences de notation externes. Mais comme le relève l'UFC-Que choisir, il existe un conflit d'intérêts, dans la mesure où ces dernières sont rémunérées par les fonds qu'elles doivent évaluer. L'étiquette « durable » des fonds n'est donc en aucun cas une garantie d'avoir un impact positif sur l'environnement ou le climat. Le label « ISR » (investissement socialement responsable) n'est actuellement pas plus en mesure d'éclairer les épargnants. Avalisé par le ministère des Finances, il n'impose aucune contrainte d'exclusion sectorielle ni aucune part minimum d'actifs devant viser la neutralité carbone. Contrairement à d'autres labels moins exposés médiatiquement, comme le Greenfin.
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L'Union européenne a fait des fonds « verts » l'un des moteurs pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. L'argent étant « le nerf de la guerre » selon l'adage, l'enjeu est colossal pour la transition énergétique et le réchauffement climatique. Mais aussi pour les sociétés de gestion qui créent et gèrent ces placements, notamment connus du grand public sous les termes « SICAV » ou « OPCVM ». Selon les données du Monde, les placements « verts » concerneraient plus de 2000 milliards d'euros d'investissements, uniquement pour la France. Or, les sociétés de gestion semblent trouver un net intérêt à afficher une politique « durable ». Selon une étude de Morningstar, les produits financiers qui ont adopté une approche « ESG » voient leurs collectes nettement augmenter. L'argument marketing est donc important. Depuis 2021, la réglementation SFDR classe les fonds d'investissement en 3 catégories : « article 9 », les fonds les plus verts, « article 8 », censés promouvoir l'investissement social et environnemental, et « article 6 », qui regroupe les autres fonds. Les fonds ont donc l'obligation de communiquer sur leur classe et leur méthodologie pour la respecter. Mais là encore, peu de contraintes pèsent sur les sociétés de gestion. Reste que le manque de crédibilité de certains fonds pousse à appeler à un meilleur encadrement. Le fait est d'ailleurs suffisamment important pour que l'Autorité des Marchés Financiers demande que les investissements dans les activités du secteur des combustibles fossiles soient exclus des fonds durables et qu'une proportion minimale d'actifs en portefeuille soit alignée avec la nouvelle taxonomie européenne, qui classe les activités en fonction de leur impact environnemental.
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Pu*** on n'est pas sortis de l'auberge. Toujours prêts à nous arnaquer pour faire plus de fric ces banquiers.