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Tribune. - Les fonds visant à promouvoir une finance responsable ont la cote. L'alliance de la performance financière et de la prise en compte des enjeux de développement durable a tout pour séduire des épargnants de plus en plus soucieux de l'impact de leur investissement. Le manque de transparence de certains fonds prétendument durables peut toutefois tromper les épargnants. Par Philippe de Gouville, CEO et cofondateur d'ISMO.
L'Accord de Paris sur le climat en 2015 a donné une nouvelle dimension à la finance durable. Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les prochaines décennies pour parvenir à la neutralité carbone d'ici 2050 nécessitent en effet des investissements colossaux pour financer la transition énergétique. Une aubaine pour la finance verte qui a attiré au cours des dernières années des centaines de milliards d'euros de capitaux. Selon les dernières données de l'AFG, les encours de la finance responsable s'élevaient à 1 587 milliards d'euros à fin 2020. La prise en compte des critères extra-financiers ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans la constitution des portefeuilles tend à se généraliser. Si cette tendance répond à une volonté politique de verdir les financements ou du moins de les orienter vers des secteurs et des entreprises vertueuses, elle répond aussi au besoin des épargnants de donner du sens à leurs investissements. La pandémie a même accéléré cette volonté d'être utile à la société. Une enquête Ifop[1] pour le Forum de l'Investissement Responsable (FIR) réalisée en 2021 avançait que 59 % des épargnants accordaient une place importante aux impacts environnementaux et sociaux dans leurs choix d'investissement.
La démocratisation de la finance dite responsable a conduit à la commercialisation de très nombreux fonds affichant des ambitions durables. Le manque de transparence sur la composition des portefeuilles et sur leurs objectifs de développement durable a également alimenté les critiques en « greenwashing ». Les régulateurs se sont rendu compte que les flux financiers ne participaient pas systématiquement au financement de la transition écologique. De la même manière, la méthodologie de sélection des valeurs manquait parfois de rigueur. Dans ce contexte, il est devenu urgent de recréer de la confiance auprès des épargnants et de réorienter les capitaux vers le financement réel des entreprises qui participent à l'émergence d'une économie plus durable. Pour lutter contre le greenwashing, l'Union Européenne a légiféré en catégorisant les produits d'investissement pour mesurer le degré de prise en compte des critères ESG. Le règlement « Disclosure » appliqué depuis le 10 mars 2021 dans les pays membres de l'Union Européenne définit 3 familles de produits connues sous les noms d'article 6, article 8 et article 9. Les articles 6 concernent l'ensemble des OPCVM qui dans la construction de leur portefeuille ne prennent pas en considération les critères extra-financiers. À l'inverse, les articles 8 et 9 intègrent les critères ESG dans leur méthodologie d'investissement. Mais à la différence des fonds article 8, les OPCVM articles 9 vont plus loin en poursuivant un objectif extra-financier précis, par exemple la lutte contre le dérèglement climatique ou encore la préservation de l'eau. Les gérants sélectionnent les entreprises les plus engagées sur cette thématique en mettant en place des pratiques vertueuses dans la conduite de leur activité ou des entreprises innovantes qui développent des solutions durables.
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Les bonnes intentions ne sont pas suffisantes pour assurer la confiance. Le régulateur européen exige des gérants qu'ils communiquent via leur reporting sur les actions mises en œuvre dans les fonds pour atteindre les objectifs de développement durable. La documentation doit préciser leurs décisions d'investissement et les risques liés en matière de durabilité avec les éventuelles incidences négatives de leurs fonds. Ils ont l'obligation de les lister mais aussi de les mesurer. Les obligations de communication mais aussi de recherche sur les process de sélection des valeurs aboutissent à des frais de gestion plus élevés mais qui tendent à se réduire avec la généralisation de cette approche durable de la finance.
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