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Dernière mise à jour : 07/04/2025 - 17h38
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Crowdfunding : Koregraf cesse ses activités et tente d'organiser la suite pour ses investisseurs

Après une décennie d'activité, Koregraf a annoncé la fin de son activité. Si la plateforme souhaite organiser la suite, les investisseurs dénoncent une procédure précipitée, un manque de transparence et, surtout, une organisation qui semble avantager certains acteurs au détriment des porteurs de fonds.

Crowdfunding : Koregraf cesse ses activités et tente d'organiser la suite pour ses investisseurs
Temps de lecture : 3 minute(s) - Par L Villedoré | Mis à jour le 07-04-2025 12:34 | Publié le 07-04-2025 10:43

Un marché immobilier à l'arrêt, un modèle économique à bout de souffle

Koregraf n’a pas résisté à la tempête qui secoue tout le secteur de la promotion immobilière : crise post-Covid, flambée des taux d’intérêt, inflation galopante sur les matériaux, coup d’arrêt à l’immobilier neuf, et disparition du dispositif Pinel. Résultat : un allongement généralisé des délais de remboursement et une perte de confiance des épargnants dans les plateformes.

En 2024, la collecte de la plateforme a ainsi chuté de moitié. Malgré un apport en capitaux et un plan d’économies, l'exercice se solde par une lourde perte. La société n'a pas présenté un exercice bénéficiaire depuis 2021, affichant un résultat net de -830.000 euros en 2022 et -2,7 millions d'euros en 2023.

Depuis janvier 2025, la plateforme a cessé de présenter de nouveaux projets et se consacre désormais uniquement au recouvrement et à la mise en place d’une stratégie de sortie ordonnée pour ses investisseurs.

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Une sortie encadrée avec trois partenaires pour prendre le relais

Dans un communiqué daté de ce jour, Koregraf déclare avoir mis en place un dispositif de gestion en extinction. Celui-ci a été structuré autour d’acteurs tiers, spécialisés dans le suivi de portefeuilles en phase de liquidation. L’objectif déclaré est de préserver un minimum de suivi opérationnel pour les 198 projets restants, représentant 159,6 millions d’euros de capital à recouvrer.

Trois structures devraient être mobilisées, sous réserve de l’accord des investisseurs lors des assemblées générales prévues d’ici fin avril :

- PS Advisory/PS Trustee, pressenti comme représentant de la masse, interviendrait comme interlocuteur auprès des promoteurs. Sa rémunération, indexée sur les performances, vise à maintenir un certain niveau d’implication.

- 15-63, cabinet indépendant, prendra en charge les démarches de recouvrement, tant amiables que judiciaires. Son implantation nationale pourrait faciliter le traitement des dossiers, y compris hors contentieux.

- Capsens, prestataire technique dans le secteur fintech, assurera le maintien des outils digitaux : gestion des flux financiers, portefeuilles électroniques, et interface de suivi pour les investisseurs.


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Les investisseurs ne l'entendent pas de cette oreille




Jérôme Bulté, président de Koregraf, insiste sur un point essentiel : « La situation de Koregraf est distincte de celle des opérations immobilières elles-mêmes. Si la plateforme s’arrête, les projets continuent et continueront d’être suivis avec les solutions que nous avons soumises aux obligataires. »

Mais du côté des investisseurs, le ton est différent : ils dénoncent une procédure précipitée, un manque de transparence et, surtout, une organisation qui semble avantager certains acteurs au détriment des porteurs de fonds.

Selon certains d'entre eux, la sélection des cabinets chargés du recouvrement des créances et de la gestion des dossiers s’est faite sans réelle mise en concurrence, alors que des millions d’euros sont en jeu. Les honoraires proposés, notamment ceux du représentant de la masse (jusqu’à 24 000 € pour des dossiers sans litige), sont jugés excessifs. « C’est une double peine : après la faillite, une gestion imposée et très coûteuse », résume un investisseur sous couvert d'anonymat.

Les modalités de vote sur les résolutions proposées par Koregraf posent également problème. Hébergées sur la plateforme Voteer, elles ne permettent pas de revenir sur son vote avant la clôture du scrutin. Certains investisseurs estiment que cette procédure pourrait être contestée juridiquement. Plusieurs voix appellent à invalider les Assemblées Générales sur cette base.

Plus globalement, les témoignages mettent en lumière des pratiques jugées opaques, des réponses incohérentes ou alarmantes de la part des anciens employés, ainsi que des erreurs dans les documents fiscaux transmis aux investisseurs. Face à cette situation, ces derniers tentent de s’organiser : création de tableaux communs, recours à des conseils juridiques, et appels à médiatisation ou alertes à l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Selon nos informations, les investisseurs ne contestent donc pas la nécessité d’un cadre de sortie, mais réclament d’être consultés de manière équitable, avec une vraie mise en concurrence des prestataires, des honoraires raisonnables, et une gouvernance transparente.

À suivre, donc.



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