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Dernière mise à jour : 11/04/2025 - 17h35
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Crowdfunding : il dresse son bilan après 10 ans d'investissement

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Patrick Setzkorn est un « pro » de l'investissement en financement participatif (crowdfunding) : en 8 ans, il a investi pas moins de 580 000 € dans ce secteur et a acquis une grande expérience… qu'il partage avec nous.

Crowdfunding : il dresse son bilan après 10 ans d'investissement
Temps de lecture : 5 minute(s) - Par Propos recueillis par Françoise Paoletti-Benaziez | Mis à jour le 09-04-2025 11:02 | Publié le 09-04-2025 10:54 Photo : Shutterstock / Patrick Setzkorn 
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Une expérience dans le crowdfunding, d’abord comme utilisateur…

L’idée d’investir dans le crowdfunding m’est venue via une expérience professionnelle. Après une formation d’ingénieur et des années de travail informatique dans les médias, j’ai eu l’occasion de co-fonder une start-up. Celle-ci était dédiée à un réseau social dans le monde de la santé. Comme dans toute start-up, nous avions régulièrement besoin d’accroître nos liquidités. Après des expériences décevantes avec les banques, mais aussi les dispositifs publics (crédit d’impôt recherche) pour lesquels les décisions puis les versements étaient longs à se concrétiser, nous avons eu l’idée de nous tourner vers le financement participatif. Ce n’était pas encore si courant en 2016… Le champ des possibles s’est alors ouvert ! Si les banques traditionnelles peinaient parfois à saisir notre business model, fonctionnant selon des délais bien plus longs, les fintechs, elles, se distinguaient par une remarquable agilité et démontraient une compréhension beaucoup plus intuitive de notre modèle économique. Cette expérience positive du financement participatif m’a donné l’idée de passer de l’autre côté de la barrière et de devenir investisseur.

… puis comme investisseur

J’ai donc commencé à investir dans le crowdfunding. J’ai pris le parti de me diversifier au maximum, en investissant de petites sommes sur de très nombreux projets. Je me suis engagé sur une centaine de projets proposés par une dizaine de plateformes. Parallèlement, j’ai eu l’idée de créer un site Internet (Investir dans le Crowdfunding et la Finance Participative) pour raconter cette aventure (en publiant mon portefeuille et mes statistiques) et partager mon expérience avec d’autres investisseurs. À l’époque, mon site était un « hobby » ; aujourd’hui, il est mon outil professionnel. Il accueille plus de 30.000 visiteurs par mois, et l’enrichir en informations pédagogiques est devenu mon métier. Quand j’ai commencé, beaucoup me déconseillaient d’investir en crowdfunding en me prédisant des pertes… mais j’ai pris ce défi très au sérieux et agi en investisseur responsable. J’ai fait beaucoup de recherches et me suis fait ma propre expérience. J’ai agi un peu comme un investisseur en Bourse qui gère de façon très dynamique son portefeuille. Parfois, j’investissais sur 150 projets par mois, en mettant quelques dizaines d’euros sur chaque projet, ce qui me permettait d’obtenir les statistiques les plus fiables et représentatives possible. Au fil du temps, j’ai élargi le nombre des plateformes adressées, qui est de trente-trois aujourd’hui.

Une stratégie d’investissements très diversifiés

Diversifier les plateformes sur lesquelles investir est important, car beaucoup sont thématisées (immobilier, énergies renouvelables, agriculture, PME…), et certaines ont des taux de défaut (opérations déficitaires, à terme) plus élevés que d’autres. Cela peut s’expliquer par une sélection moins judicieuse des projets, mais aussi par l’environnement économique général. La crise de l’immobilier, par exemple, a fortement impacté les plateformes dédiées à la pierre avec, pour les promoteurs, des délais de commercialisation plus longs des programmes, mais aussi un coût des matériaux plus lourd. Pour gérer la crise, j’ai réorienté mes investissements sur des marchands de biens proposant des projets sur des durées courtes et avec le moins de travaux possible. Aujourd’hui, les plateformes qui se développent fortement sont celles dédiées aux énergies renouvelables. Pour l’instant, il n’y a quasiment pas de défauts, et les taux d’intérêt distribués aux investisseurs ont fortement augmenté ces dernières années : environ 7 % à 9 % contre 3 % à 5 % il y a quelques années. Sont financés des parcs éoliens ou solaires, de la géothermie… Il s’agit donc, en fait, de diversifier les plateformes, mais aussi les projets sur chaque plateforme, sans parler de diversifier aussi les temporalités.

Diversifier dans le temps permet de lisser la performance et ainsi gérer des périodes un peu moins bonnes, comme on vient de connaître dans l’immobilier. Règle supplémentaire : il ne faut pas trop investir dans chaque projet. Sur les plateformes immobilières, le ticket d’entrée est souvent entre 100 € et 1.000 €, mais sur les plateformes PME, il oscille entre 20 € et 50 €, et dans les énergies renouvelables, entre 10 € et 20 €. J’ai investi, parfois, dans 1.000 projets en parallèle. Cette stratégie étant très chronophage, j’ai un peu augmenté mon investissement moyen par projet aujourd’hui, mais je maintiens une grande diversité avec 400 projets concomitants.

La crise immobilière et l’inflation ont rendu les investisseurs plus responsables

C’est important, car beaucoup d’épargnants avaient oublié ce principe de sécurité. Les plateformes immobilières ayant offert pendant longtemps de très bons rendements (environ 10 % entre 2015 et 2020) avec quasiment aucun défaut, les investisseurs ont peu à peu délaissé la diversification pour se concentrer sur quelques opérations. Résultat : quand il y a un défaut et que l’on a investi 10.000 € sur ce projet, on perd 10.000 €… Personnellement, j’investis rarement plus de 2.000 € par projet sur les plateformes où j’obtiens les meilleurs rendements, mais j’ai investi des montants beaucoup plus faibles dans le cadre de mes investissements sur les plateformes PME qui étaient plus risquées (ce type de plateforme a eu du mal à résister à la crise). Ces plateformes (création de commerces, notamment de proximité) ont eu beaucoup de succès avant la crise sanitaire, car elles permettaient de récupérer ses fonds petit à petit. Chaque mois, dans un projet « PME », on récupérait une partie de son capital, plus des intérêts (souvent de 8 %), ce qui fait que si le projet (prévu sur deux ans, par exemple) « coulait » au bout d’un an, on n’avait pas tout perdu. Ces expériences et ces déceptions sont un peu « un mal pour un bien »…

Aujourd’hui, les épargnants font beaucoup plus attention. Ils font des recherches, comparent, veulent tout savoir et comprendre. Ils analysent le projet : est-il économiquement justifié ? Quelles sont les garanties ? Qu’est-ce qu’un nantissement, une hypothèque de premier rang ? Quels sont les risques ? Le porteur de projet (promoteur ou marchand de biens, par exemple) a-t-il investi personnellement dans l’opération ? Etc. Ils n’investissent plus les yeux fermés. Cette attitude assainit le marché, d’autant plus que les plateformes s’adaptent en renforçant significativement les garanties prises sur les projets. Lorsque le risque est plus important (comme dans le secteur du crowdfunding agricole, par exemple), ils l’acceptent. Certains épargnants souhaitant soutenir une cause dont ils défendent les valeurs (projets de transformation de cultures en bio, par exemple). Cependant, l’objectif reste, évidemment, toujours de gagner de l’argent.

Un bilan personnel très positif : 9 % de rendement annuel moyen

En huit ans, j’ai investi 580.000 € et réinvesti les 71.000 € d’intérêts déjà perçus, sur un total de 2.650 projets. 21.000 € d’intérêts restent à percevoir, ce qui pourrait porter mon gain total à 92.000 €, et plus encore, car je ne suis pas près de m’arrêter. Mon encours actuel est d’environ 200.000 € investis en crowdfunding. Je réalise régulièrement des arbitrages avec, en ce moment, une réallocation d’une partie de mes investissements sur les cryptomonnaies. Sur l’ensemble des opérations de financement participatif, mon taux de défaut a atteint 2,21 % en montant, et 8,28 % en nombre de projets. Ce dernier chiffre s’explique, notamment, par le fait que j’ai beaucoup investi, au début, de très petits montants sur des plateformes PME, et que la crise soit ensuite passée par là. Le rendement annuel moyen, à mes débuts, avoisinait les 4 % à 6 % ; désormais, il atteint jusqu’à 13 %, ce qui explique que, sur la période totale d’investissement, j’estime mon rendement annuel moyen à 9 % brut.

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