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Tribune. - « Quel bonheur d'être une femme au XXIe siècle ». Le reportage « Les femmes riches ne courent pas les rues » de Véronique Préault s'ouvre sur cette affirmation. Dans nos sociétés développées, nous pouvons travailler, être indépendantes financièrement, gagner de l'argent. Mais avons-nous réellement les mêmes chances d'accéder à la richesse ? Par Marie Janoviez, cofondatrice de Caravel.
Les chiffres sont sans appel : aujourd'hui, 76 % des retraités pauvres sont des femmes. Comment expliquer un tel écart, alors qu'elles représentent la moitié de la population active ? Si aucun gène de la richesse n'a été découvert chez les hommes, de nombreux biais et idées reçues entravent encore la trajectoire financière des femmes, et ce, dès le plus jeune âge. Vers l’âge de 10 ans, les enfants commencent à toucher de l’argent de poche. D'après l'entreprise Pixpay, les différences de montants entre garçons et filles ne sont pas visibles dès le départ mais se créent progressivement à l’adolescence. A 18 ans, les garçons toucheraient en moyenne 200 € de plus par an, notamment car ils demanderaient des sommes plus importantes et plus régulièrement. Pourtant, nous l’imaginons bien, les parents ne discriminent pas consciemment leurs filles. Lorsqu’ils sont interrogés, ces derniers ne pensent pas donner des montants différents, même si les chiffres le montrent. C’est donc une première illustration d’un biais inconscient, chez les parents et les enfants. Cette tendance se poursuit au moment des choix d’orientation. Les femmes sont encore majoritaires dans des carrières moins rémunératrices. Dans les secteurs du soin et de l'éducation, elles occupent 80 % des emplois. À l'inverse, les sciences et l'ingénierie restent dominées par les hommes. CentraleSupélec, par exemple, ne dépasse pas les 20 % de femmes parmi ses étudiants, malgré des efforts pour les attirer. Même après l'enfance, les inégalités persistent. Les hommes héritent plus souvent d'actifs créateurs de richesses – entreprises familiales, immobilier – tandis que les femmes reçoivent plutôt des liquidités. Or, une entreprise prend de la valeur, tandis qu'une somme d’argent se déprécie avec l’inflation. Le constat est similaire dans le monde professionnel avec des écarts de salaire de plus de 22 %*, toujours d’actualité. Contrairement aux idées reçues, les femmes n’hésitent pas à négocier leur salaire. Mais selon Morgane Dion, autrice de « Les gentilles filles ne réussissent pas », elles obtiennent moins souvent gain de cause que leurs homologues masculins.
Face à ces constats, il est possible d’inverser la tendance. Commençons par encourager nos filles à exprimer leurs ambitions sans culpabilité et à nos garçons à être à l’écoute. Intégrons la formation financière à l’école, apprenons-leur à investir, à gérer un budget, à comprendre les mécanismes économiques. Interrogeons-nous sur nos biais inconscients et ceux véhiculés par la société. Mais aussi, désamorçons le tabou de l'argent et parlons finances au sein des familles, des couples, entre amies, pour faire de l'argent un sujet de discussion normalisé.
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Et pour l’avenir ? Une étude récente de OnePoll pour la fintech Plum (janvier 2025) montre un changement des mentalités sur la question du paiement de l'addition lors d'un premier rendez-vous : 38 % des plus de 45 ans estiment que c'est à l'homme de payer, contre 32 % chez les 18-24 ans. Cela indique également qu’il est de plus en plus normal qu’une femme ait le même pouvoir économique que son homologue masculin. Cette tendance devrait s’accroitre dans les années à venir. Comme le souligne Morgane Dion dans son ouvrage, « il faut choisir entre être appréciée ou respectée » dans le monde professionnel. Espérons aussi que dans les années à venir nous n’ayons plus à choisir.
*INSEE : “Écart de salaire entre femmes et hommes en 2023”
Dans ce numéro :
- IMMOBILIER : 30 pages pour investir
- DÉFENSE : dossier spécial investissement
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