Sortie le 7 novembre
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Les titulaires d'une assurance-vie monosupport sont désormais incités à transformer leur contrat pour investir dans des unités de compte. Est-ce une bonne idée ?
La rentabilité des fonds en euros s'érode d'année en année. Avec les taux obligataires historiquement bas, les assureurs peinent à dégager du rendement pour rémunérer ces contrats d'assurance-vie à capital garanti. A tel point que la disparition des « monosupports » et de leur « fonds en euros » est désormais envisagée. En effet, si les assureurs n'arrivent pas à produire un minimum de rendement, la garantie en capital leur impose de piocher dans leurs fonds propres pour conserver l'épargne de leurs clients. Leur risque est donc majeur. Mais les 1800 milliards d'euros placés sur les contrats d'assurance-vie attirent aussi quelques convoitises. Celle de l'État d'une part, qui aimerait réorienter une partie de cette épargne vers l'économie en incitant les Français à investir. La loi Pacte a libéré quelques possibilités, notamment en renforçant les fonds Eurocroissance et en créant le Plan d'Épargne Retraite (PER). Du côté des assureurs, basculer une partie de ce bas de laine vers des contrats multisupports permettrait de réduire leur risque, et d'augmenter leurs frais de gestion. Pour rappel, sur ces contrats, une partie de l'argent est placée sur un support sans risque (le fonds en euros), l'autre dans des unités de compte, c'est à dire des produits financiers dont la valeur dépend des marchés boursiers. Depuis 2019, un certain nombre d'assureurs commencent donc à conditionner l'accès aux fonds en euros à l'investissement sur des unités de compte. Autrement dit, pour garantir une partie du capital déposé, les épargnants doivent désormais placer une portion de leur épargne sur les marchés financiers. Un principe qui peut faire sens du côté des particuliers : avec des taux voués à rester très bas, les multisupports ouvrent la possibilité de dynamiser son épargne sur le long terme. A condition d'être prêt à prendre des risques. Les compagnies d'assurance ont donc entamé un travail commercial pour convaincre leurs clients de faire basculer leur contrat vers le « multisupport ». Résultat, au moment de l'embellie boursière fin 2019, la collecte sur les unités de compte atteignait 41%, au lieu de 23% en début d'année.
Les Français disposent d'une épargne conséquente. 600 milliards d'euros dormaient sur les comptes courants fin septembre. Le livret A recueille 300 milliards, et l'assurance-vie 1800 milliards d'euros. Ce montant total est équivalent à 1 année de PIB (somme de la production du pays), et supérieur à la dette de l'État (2465 milliards d'euros). A lire : comprendre les unités de compte
A partir de mi-février, le réveil est brutal pour les épargnants qui se sont récemment laissé tenter par les multisupports. Le krach boursier a potentiellement fait baisser la valeur de leurs unités de compte de 20% à 40% en un mois. Autrement dit, un épargnant qui aurait investi 10.000 euros en janvier (hors fonds en euros) peut voir son épargne amputée de 2.000 à 4.000 euros. Si les Français avait déjà été échaudés par la chute brutale des marchés financiers en 2008, la crise liée au coronavirus aurait de quoi les fâcher définitivement avec la bourse. Toutefois, transformer aujourd'hui son fonds en euros en multisupport peut être judicieux pour ceux qui sont prêts à prendre des risques avec une partie de son épargne, en échange d'un potentiel rendement. En effet, la chute des valeurs boursières permet aujourd'hui d'envisager une embellie à l'issue du confinement. C'est donc peut-être le moment d'investir. Certaines valeurs sont actuellement sous-cotées et d'autres conservent un bon potentiel de valorisation. Néanmoins, il est essentiel de bien comprendre que le capital ainsi placé n'est plus garanti. Un autre mouvement baissier sur les marchés peut faire perdre une partie de l'épargne investie. A lire : Bourse : 3 titres dans lesquels investir malgré la baisse
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Pour ceux qui ne souhaitent pas risquer leur épargne, les multisupports ne sont pas une bonne solution. Mieux vaut conserver son contrat actuel, même si les versements deviennent bientôt impossibles (certains contrats verront les nouveaux versements limités voire interdits dans les mois qui viennent). Rien n'empêche d'ouvrir un nouveau contrat monosupport chez un autre assureur tout en conservant l'ancien, son antériorité fiscale étant acquise. L'ouverture de livrets d'épargne sans risque est également possible. A lire : Comment protéger son épargne de la crise ?
Le 10 mars, l'ACPR invitait à la prudence face à certaines pratiques des compagnies. Le gendarme des assurances appelait les épargnants à faire attention aux frais de gestion des fonds en euros, parfois devenus démesurés. « Compte tenu de la baisse du rendement annuel des fonds euros, les frais ainsi prélevés peuvent parfois représenter l'équivalent du rendement de plusieurs années », prévenait l'autorité. Certains contrats s'autorisant à prélever des frais quelle que soit la rentabilité annuelle, ceux-ci n'offrent mécaniquement plus de garantie en capital. Autrement dit, l'épargne peut diminuer d'une année sur l'autre à cause de la facturation des frais de gestion. C'est par exemple désormais le cas pour les contrats assurés chez Generali, Spirica et Predica. Les autorités se sont également alarmées du niveau de compréhension des épargnants au sujet des risques liées aux unités de compte. Il semblerait qu'ils ne cernent pas toujours la possibilité de perte en capital imposée par la transformation de leur contrat en multisupport. Dans un rappel à l'ordre, l'ACPR a donc insisté sur l'obligation de transparence des assureurs : « les professionnels sont tenus de fournir à leurs clients une information claire, y compris sur les risques inhérents aux contrats en unités de compte ». L'autorité de contrôle des assurances a ainsi exigé, comme pour n'importe quel produit financier, que les professionnels s'adaptent au profil de leurs clients et indiquent clairement que l'assurance-vie est un produit de long terme, avec un horizon de placement de huit ans au minimum. A lire : Vos comptes garantis jusqu'à 100.000 euros par le Fonds de garantie des dépôts bancaires