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Chute du taux de rémunération, potentielle intégration des réserves dans les fonds propres des compagnies, frais proportionnellement élevés... L'avenir de l'assurance-vie s'assombrit, notamment celui des fonds en euros.
Le rendement des fonds en euros s'érode d'année en année. De 1,60 % en 2018 selon la Fédération Française de l'Assurance, le taux moyen pourrait lourdement chuter en 2019. C'est en tout cas ce que laisse présager l'annonce de 2 géants du secteur, Swiss Life et Generali, qui ont figé leur taux de rendement à 1 % brut pour cette année. La problématique pour les assureurs est qu'ils sont tenus de garantir le capital que les épargnants déposent sur les fonds en euros, tout en allant chercher du rendement pour les rémunérer. Un exercice devenu difficile, puisque la seule solution pour placer sans risque l'épargne qui leur est confiée, est de se tourner vers les emprunts d'État. Or, l'État emprunte aujourd'hui à des taux proches de zéro, voire même des taux négatifs.
Les questions qui entourent les fonds en euros des assurances-vie sont cruciales. Au total, les Français y ont placé 1 700 milliards d'euros. Et avec des obligations d'État à rendement négatif, les assureurs pourraient se retrouver entre le marteau et l'enclume à perdre de l'argent. D'autant que les règles légales imposées aux assureurs en matière de comptabilité provoquent une baisse de leur ratio de solvabilité. Selon LesEchos, plusieurs d'entre eux dont Suravenir et AG2R La Mondiale auraient ainsi pris des mesures pour renforcer leurs fonds propres, à hauteur d'environ 500 millions d'euros chacun. Pour éviter les écueils de règles trop strictes pour le contexte actuel, les assureurs se sont tournés vers Bercy afin de demander une adaptation. Ainsi LesEchos rapportent que certaines mutualistes auraient demandé l'autorisation « d'une part, de compter en fonds propres les bénéfices qu'ils ont mis en réserve sous forme de provision (PPE) pour lisser les rendements ; d'autre part, de laisser leur ratio osciller dans une fourchette large ».
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La PPE, ou « provision pour participation aux excédents », correspond à une partie des bénéfices qui est mise en réserve chaque année, justement pour pallier aux éventuelles baisses de rendement des années suivantes. Cette provision appartient aux épargnants. Le problème, c'est qu'en l'intégrant comptablement aux fonds propres des compagnies, ces réserves pourraient potentiellement disparaître en cas de faillite. « Cette façon de vouloir faire main basse sur la PPE est totalement extravagante car c'est l'argent qui provient du produit financier des placements de l'assurance-vie. Il doit être reventilé entre une rémunération immédiate du fonds en euros ou alors reversé aux épargnants dans un délai maximum de huit ans », a réagi Jean Berthon, vice-président de l'association d'épargnants Faider, toujours auprès des Echos. Reste que cette option est quelque peu soutenue dans le secteur de l'assurance. Philippe Brassac notamment, directeur général du Crédit Agricole SA, a approuvé cette demande sur l'antenne de BFM Business. « Il se trouve que les assureurs vie qui sont très solides en France ont des milliards d'euros de provisions de réserves[...]. Cela représente au Crédit Agricole quatre ou cinq années d'avance de rémunération des épargnants, […] il serait quand même opportun de considérer cela comme des fonds propres ».
De mois en mois, l'avenir de l'assurance-vie 100 % sécurisée s'assombrit. Les assureurs poussent désormais les épargnants à supporter plus de risques s'ils veulent du rendement. Swiss Life a par exemple mis en place une « politique de bonification » du rendement de ses fonds en euros, à condition qu'une partie du capital soit placée sur les marchés financiers via les unités de compte (UC). Le taux sera poussé à 1,50 % en 2019 pour 30 à 40 % d'unités de compte, voire jusqu'à 2,50 % si 60 % du capital est investi en UC. « Dans un environnement inédit et durable de taux bas, le véritable débat doit se focaliser sur les opportunités d'investissement offrant une réelle rentabilité à long terme. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'encourager encore plus les épargnants à investir en unités de compte, avec une bonification revue à la hausse » a déclaré Éric Le Baron, directeur général de SwissLife Assurance et Patrimoine et directeur de la distribution.
Les rendements des fonds en euros se réduisent comme peau de chagrin. Dans le même temps, les frais de gestion prélevés aux épargnants n'ont pas bougé. Il s'agit là d'un problème majeur, car sur certains contrats, ces frais peuvent même dépasser le montant net des intérêts versés à l'épargnant (dès que les frais de gestion supérieurs à 0,83 % pour un taux d'intérêt de 1 % brut). Du côté des multisupports, rien de plus réjouissant. La prise de risque supplémentaire n'affranchit pas des frais d'entrée (qui peuvent aller jusqu'à 5 % des versements sur certains contrats), des frais prélevés par l'assureur pour la gestion des unités de compte, et même des frais supportés au niveau de chaque unité de compte le cas échéant. Une facture d'emblée bien lourde, pour un rendement et un capital non-garantis.
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