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« La question de l'argent reste encore trop tabou dans la société française »

Stéphane FANTUZ, Président de la CNCEF Patrimoine, revient sur la perception de l'argent par les Français suite à une enquête conduite par Louis Harris pour Cetelem.

Temps de lecture : 2 minute(s) - Par Stéphane FANTUZ | Mis à jour le 30-11--0001 00:00:00 | Publié le 27-01-2022 16:54  Photo : Stéphane FANTUZ  
« La question de l'argent reste encore trop tabou dans la société française »

Les Français et leur perception de l'argent

C'est bien connu, l'argent ne fait pas le bonheur mais il y contribue. C'est en tout cas ce que révèle l'enquête conduite par Louis Harris pour Cetelem. Elle analyse la perception que les Français peuvent en avoir dans la vie en société, en famille, au travail. Tout d'abord, il est intéressant de constater que l'argent est d'abord perçu par 9 sondés sur 10, comme une ressource permettant d'accéder à l'indépendance. Ils donnent d'ailleurs plus d'importance à celui obtenu par le fruit de leur travail (86%). Pour autant, plus d'un de nos compatriotes sur deux avoue beaucoup penser à l'argent dans le contexte actuel ; ce qui est une source de stress. De même, ils pensent à l'utiliser en priorité pour le plaisir, voire pour leur bonheur. Mais ils n'évoquent pas du tout l'idée d'épargner.

A l'heure où la grande majorité des achats s'effectuent de manière virtuelle, digitale et souvent par paiement sans contact ou électronique, notre pays reste cependant attaché à la matérialité de l'argent, tout simplement parce qu'elle rassure. C'est pourquoi, ils évoquent spontanément son aspect fiduciaire (pièces, billets), puis le scriptural (comptes, flux financiers, bourse, etc). Enfin, une part importante de Français reconnait avoir une envie de réussite financière (75% au global, et pas moins de 90% des moins de 35 ans déclarent souhaiter gagner beaucoup d'argent).

Ce sondage intéresse bien entendu nos métiers de la gestion de patrimoine. Ces différentes données quantitatives revêtent une grande dimension psychologique. A l'instar de celle qui s'instaure entre un client et son CGP par exemple, en plus de la confiance et de l'éthique. Car lorsqu' un prospect vient nous consulter, parmi les freins exprimés ou non à nous confier ses actifs, il s'interroge toujours sur la fructification possible de ses derniers. Ou encore notre modèle de rémunération pour gérer son portefeuille. C'est entre autres pour cette raison que nous défendons le principe des rétrocessions de commissions. En effet, nous sommes persuadés qu'un modèle reposant uniquement sur des honoraires n'apporterait pas la qualité de service rendu au client et aurait pour effet de limiter l'accès au conseil patrimonial qu'aux seuls épargnants disposant de moyens suffisants pour payer des honoraires.

Enfin, la question de l'argent reste encore trop tabou dans la société française. A telle enseigne que 80% des sondés estiment qu'il s'agit d'un sujet difficile à aborder dans notre pays plus qu'ailleurs. En ce temps de campagne électorale où le pouvoir d'achat est au centre des débats, personne ne peut nier qu'il est un étalon de la valeur sociale de chacun. Pour autant, nos dirigeants politiques seraient bien inspirés s'ils faisaient davantage de pédagogie, notamment pour rappeler que les ressources du travail constituent un carburant indispensable pour financer notre économie. Ou encore que l'épargne placée en masse pendant les confinements, constitue à elle seule, une véritable opportunité de relance. L'argent serait alors un peu moins une “pomme de discorde” et la finance réelle pourrait alors donner sa pleine mesure pour aider notre pays à sortir de l'ornière sanitaire.

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