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La nouvelle vient de tomber : Koregraf cesse ses activités, officiellement pour organiser une sortie “ordonnée” de ses 198 projets en souffrance. Mais du côté des investisseurs, le ton est tout autre. En ligne, les messages s’enchaînent, entre consternation, soupçon de favoritisme et volonté croissante de reprendre la main. En filigrane, c’est toute la question du rôle des plateformes dans le crowdfunding immobilier qui refait surface – et celle du respect dû aux porteurs de fonds.
Derrière les chiffres – 159,6 millions d’euros à recouvrer – se cache une foule d’épargnants qui ont misé sur des projets de promotion immobilière. Nombre d’entre eux découvrent, avec amertume, que la plateforme cesse ses activités en organisant une suite sur laquelle ils n'ont pas la main. Trois prestataires ont été désignés pour piloter le recouvrement des projets : un représentant de la masse (PS Trustee), un cabinet de recouvrement (15-63) et un opérateur technique (Capsens). Mais certains investisseurs déplorent que ces choix aient été faits sans un appel d’offres, ni mise en concurrence. « Le 1er avril 2025, à travers un webinaire, Koregraf a annoncé sa démission de l'ensemble des projets relevant de sa responsabilité », nous écrit un investisseur. Une annonce brutale qui soulève les interrogations et les suspicions.Mais selon Koregraf, l'information est erronée : « Les équipes de Koregraf ont bien cherché plusieurs solutions et ont sollicité de nombreux acteurs. Au final, le choix s’est porté sur la solution qui apparaissait la plus robuste avec 3 acteurs capables de travailler ensemble."
Sur les forums et groupes privés, une autre dynamique s’installe. Des fichiers circulent pour compiler les projets, les montants engagés et estimer la force de vote des épargnants aux assemblées générales à venir. Des pistes de recours sont évoquées, notamment pour contester les modalités de vote sur Voteer, plateforme qui ne permet pas de revenir sur un choix validé, en contradiction avec certaines règles de droit. Des lettres partent vers l’AMF (que Koregraf indique, par ailleurs, avoir « informé régulièrement sur sa santé financière et tout au long de la procédure »), des contacts ont été pris avec des cabinets de recouvrement indépendants. Objectif : reprendre le contrôle et peser face à ce qui est perçu comme une « manœuvre de contournement ».
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Un autre sujet crispe : la rémunération du représentant de la masse. Dans les projets dits “sains”, certains montants atteindraient des sommes considérées comme excessive pour des missions jugées « peu justifiables ». À l’inverse, certains projets en difficulté déclencheraient automatiquement des appels de fonds anticipés, sans qu’un litige ne soit encore constaté. Là encore, la perception de la méthode passe mal. Plusieurs investisseurs réclament une refonte du dispositif : rémunération au semestre conditionnée à la réalité du contentieux, et appel à la concurrence sur les cabinets retenus. Pour Koregraf cependant, « Chaque dossier sera étudié et fera l’objet d’une estimation des fonds à recouvrer selon la situation. C’est par ailleurs une pratique courante des plateformes de crowdfunding. Les montants des avances de frais sont soumis au vote en assemblée générale de chacun des projets. Il ne peut y avoir de déclenchement automatique des appels de fonds."
La suite de cette situation reste à écrire, la légitimité des procédures mises en place restera peut-être à déterminer par la justice, mais une chose est acquise : la fermeture de Koregraf ne se fera pas dans le silence. Par ailleurs, elle pourrait bien accélérer l’émergence d’une nouvelle exigence du côté des épargnants : celle d’un véritable contre-pouvoir, structuré, compétent, et capable d’imposer une lecture différente du mot “responsabilité”.
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