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« La fortune sourit aux audacieux » écrivait Virgile dans l'Éneide. Investir, c'est prendre des risques. Or, la prise de risque est un mécanisme complexe, déterminé par des facteurs très différents qui reposent autant sur les particularités propres à chacun que sur la psychologie.
Prendre un risque, c'est prendre une décision en espérant en tirer une issue positive sans exclure la possibilité d'une issue négative. Ce sujet fait l'objet de nombreuses recherches en philosophie, psychologie et en économie. Pour Timothy Irwin, économiste et chercheur, la prise de risque peut se définir comme un « comportement volontaire » dont les résultats sont « incertains » et comportent une « certaine probabilité de conséquences négatives » pour le sujet, mais qui est malgré tout mis en uvre dans l'espoir d'obtenir un bénéfice en retour. Une autre définition communément acceptée est que « le risque est une décision impliquant un choix qui se caractérise par un certain degré d'incertitude quant aux possibilités d'échec ou de réussite. A chaque possibilité est associée une utilité, un bénéfice du risque ».
En 1967, en pleine prise de conscience des dangers de la route et de l'attitude responsable à adopter en conduisant, Valéry Giscard d'Estaing avait définit la prise de risque au volant « comme le fait, dans une situation de conduite offrant la possibilité de choix entre plusieurs comportements, d'opter pour un comportement qui accroît les probabilités d'avoir un accident ou, à probabilité d'accident égale (voire moindre), qui augmente la gravité potentielle de cet accident ».
L'économie joue sur la psychologie des acteurs économiques ; la psychologie joue sur l'économie. Tous les agents économiques prennent des risques en fonction de leur environnement. Consommateurs, producteurs, entrepreneurs, salariés, épargnants, investisseurs, emprunteurs, prêteurs, dirigeants politiques : tous ont des risques et des décisions importantes à prendre. L'évolution économique, financière et immobilière dépend des décisions prises par la majorité des agents du circuit. Chaque risque pris par une catégorie peut donc rejaillir sur une autre et ainsi de suite. Les décisions économiques et financières ne peuvent être prises à partir de simples modèles de risque probabilistes car ils dépendent d'un système dynamique, sans cesse en mouvement où règne toujours l'incertitude : les cours de la bourse, l'attractivité économique d'un secteur, un facteur influençant le marché, des prix qui chutent ou augmentent.
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Le premier déterminant qui est important dans la prise de risque est le genre : selon le sexe de l'individu, la propension à prendre des risques sera différente. Il est généralement admis que les femmes ont une propension moindre à prendre des risques que les hommes, ce que tend à confirmer une étude HSBC : les femmes seraient plus frileuses à l'idée de prendre des risques que les hommes. Charness et Uri Gneezy (2012) considérant 15 études expérimentales distinctes, chacune fondée sur la méthode des choix d'investissement à la « Gneezy et Potters » (1997), ont montré que les femmes investissent typiquement moins dans les actifs risqués que les hommes. Le montant investi par les hommes est en moyenne de 15 à 50% plus élevé que celui des femmes. Fait notable, Uri Gneezy (2009) et Gong (2012) soulignent que l'organisation sociale dans laquelle on vit et grandit, qu'elle soit patriarcale ou matrilinéaire, peut influencer les comportements des hommes et des femmes et leur propension à prendre des risques : dans les sociétés matrilinéaires, les différences sont nettement moins prononcées, c'est-à-dire que les femmes prennent bien plus de risques. Croson et Gneezy (2009) attribuent la différence de comportement face au risque des hommes et des femmes à des différences de réactions émotionnelles : les femmes seraient plus sensibles aux pertes que les hommes, à la fois en termes d'utilité et en termes de pondération des probabilités. Plus vulgairement, on peut traduire cela en disant, toujours selon les deux chercheurs, que les hommes seraient plus enclins à jouer avec le danger et à potentiellement perdre que les femmes qui préféreraient rester dans une certaine zone de confort (encore une fois, ceci ressort de l'étude, chaque cas est bien différent).
Le deuxième déterminant est l'âge. Une idée reçue est que l'aversion au risque financier déclinerait avec l'âge. Cependant, selon les travaux de Tymula portant sur un échantillon nord-américain, la relation entre la prise de risque et l'âge est plus complexe qu'il n'y paraît. Sur la base des résultats d'une expérience ciblée sur des groupes d'âge entre 12 et 90 ans, les résultats sont édifiants : les jeunes ayant (entre 12 et 17 ans) ainsi que les plus vieux (entre 65 et 90 ans) ont une plus faible propension à prendre des risques des individus ayant entre 30 et 50 ans. Le troisième déterminant important serait la richesse. Les économistes pensent que l'aversion au risque diminue à mesure que l'on devient plus riche. En effet, ne serait-ce que psychologiquement, un individu qui devient plus riche est plus enclin à accepter des risques car il sait qu'il peut se permettre de perdre sans que cela n'impacte fondamentalement son mode de vie. Mais tout n'est pas aussi simple. Une étude a été menée pour tester les décisions de deux groupes d'étudiants de fortune diverse (riche et modeste). Face à une prise de risque financière importante, celle-ci a montré que les étudiants modestes, comparativement aux riches, sont moins enclins à prendre des risques lorsque les enjeux sont faibles. Cependant, leur prise de risque était plus grande dès lors que les enjeux devenaient plus importants.