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D'après le Cercle de l'Épargne, un groupe de réflexion dédié à l'épargne, la retraite et à la prévoyance, les Français laissent actuellement « dormir » 440 milliards d'euros sur leurs comptes courants. Un montant record, qui démontre qu'ils sont relativement attentistes dans un contexte de faible rémunération de l'épargne sécurisée, au risque de perdre de l'argent face au retour de l'inflation.
Les montants laissés sur les comptes courants des Français ont plus que doublé depuis 2008. En octobre 2018, on y comptait 440 milliards d'euros. Une somme tellement élevée qu'il est difficile de s'en faire une représentation. Alors mettons-la tout de suite en perspective avec des éléments plus tangibles. 440 milliards d'euros, c'est l'équivalent du prix de 1.000 Airbus A380 neufs, ou encore de 30 millions d'années de SMIC net… Ces dépôts dormants constituent autant d'argent que les Français ont renoncé à placer sur quelque support que ce soit. Ramenés à la population des 15 ans et plus, ils correspondent à environ 8000 euros par personne, soit 4,7 mois de salaire médian (celui-ci étant de 1.710 euros nets par mois selon l'INSEE). Il s'agit donc d'une perte pour l'économie car cet argent n'est ni consommé, ni placé, mais aussi d'une perte pour les épargnants puisque ces dépôts ne sont pas rémunérés. Ce bas de laine a de quoi laisser songeur l'État, qui cherche par de nombreux moyens à orienter une partie de l'épargne des Français vers l'économie réelle afin de créer de l'activité économique, des emplois et… de nouvelles recettes fiscales. Le problème, c'est qu'ils éprouvent une certaine méfiance à l'égard des produits financiers. En laissant cet argent dormir à la banque, ils préfèrent même voir rogner leur pouvoir d'achat de façon certaine, que de prendre des risques.
A de rares exceptions près, les comptes courants ne sont pas rémunérés. Alors oui, laisser 8.000 euros d'épargne sur son compte courant sans les dépenser, c'est à coup sûr retrouver ces 8000 euros l'année suivante. Mais attention toutefois, il ne faut pas oublier que pendant ce temps, l'inflation fait son œuvre. L'inflation est définie par l'INSEE comme « la perte de pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix ». En effet, de mois en mois, les prix des biens de consommation, des services et de l'énergie varient. Certes, tous les postes de dépenses ne sont pas logés à la même enseigne. Par exemple, sur les 12 derniers mois, les prix de l'énergie ont augmenté de près de 14%, ceux de l'alimentation de 2,2%; les vêtements et transports sont restés stables, et le prix des produits de santé ont baissé de 2,3%. Au global, le taux d'inflation est estimé à 2,2% (source : Dans quoi investir en 2019 ?
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Croissance économique et inflation : une grande différence La croissance économique correspond à l'augmentation de l'activité économique, matérialisée par l'évolution de la production de biens et de services. Elle est mesurée par le PIB (Produit Intérieur Brut), qui correspond à la somme globale des « valeurs ajoutées ». L'inflation est une notion qui reflète la perte de pouvoir d'achat de la monnaie par rapport à l'augmentation des prix. Ces deux notions sont centrales en sciences économiques.
Clairement, les produits d'épargne défiscalisée ne sont pas rentables actuellement. Les dépôts sur un livret A ne sont rémunérés que 0,75% par an et ne couvrent plus le taux d'inflation. Mais il n'en a pas toujours été ainsi : entre 1984 et 2016, le taux du livret star des Français avait toujours été supérieur ou égal au taux d'inflation, ce qui permettait de ne pas perdre d'argent, voire même d'en gagner un peu. D'après l'INSEE, « après avoir atteint 2,25 % entre août 2011 et février 2013, le taux d'intérêt du livret A n'a cessé de diminuer […]. Les taux de rendement réels des livrets défiscalisés sont même devenus négatifs depuis 2017 du fait de la reprise de l'inflation. Par ailleurs, deux évolutions législatives ont engendré de nombreuses fermetures de comptes : l'existence depuis 2013 de nouveaux outils de contrôle limitant la multidétention […], et la mise en application en 2016 de la loi relative aux comptes bancaires inactifs et aux contrats d'assurance-vie en déshérence. » Placer de l'argent sur un livret A aujourd'hui permet tout de même de limiter un peu la perte de pouvoir d'achat liée à l'inflation. Grossièrement, on en « perd moins » qu'à laisser son argent dormir sur son compte courant.
Le saviez-vous ? L'argent placé sur un livret A est centralisé à la Caisse des Dépôt et Consignations (CDC). Cet argent est en partie prêté à des organisme sociaux pour financer le logement social. Il sert également à financer les emprunts que l'État émet sur les marchés financiers sous forme d'Obligations Assimilables au Trésor (OATi). Une petite partie est également placée sur les marchés financiers (actions).
Actuellement, 39% des ménages détiennent une assurance-vie, un chiffre en hausse régulière depuis 2004. Ce sont environ 1700 milliards d'euros qui sont placés sur ces supports. La plupart sont sécurisés sur des « fonds euros », dont le taux d'intérêt moyen permet de compenser l'inflation. Du moins jusqu'à maintenant : cette situation pourrait ne plus durer. D'une part, les rendements des « fonds euros » sont en baisse continue depuis quelques années. Un phénomène normal, lié à la baisse généralisée des taux d'intérêt (taux directeurs des banques centrales, taux de refinancement bancaire, taux de crédit etc). Enregistrant 1,95% en 2016, le rendement moyen de ces assurances-vie atteignait 1,80% en 2017. Mais selon Good Value for Money, il devrait se stabiliser autour de 1,60% bruts sur 2018. D'autre part, les prélèvements sociaux auxquels sont soumis les produits issus des assurances-vie sont en hausse depuis début 2018, passant de 15,2% à 17,2%... Ainsi le rendement net moyen devrait avoisiner 1,33% sur l'année, une performance qui serait alors en dessous du taux d'inflation, prévu aux alentours de 2,1% pour 2018.
La Banque de France prévoit un taux d'inflation de 1,7% en 2019 et 1,8% en 2020. Dans le même temps, il est peu probable que les taux du marché remontent suffisamment pour entraîner dans leur sillage les taux de rémunération des placements sécurisés. Le taux du livret A est d'ailleurs gelé jusqu'en 2020 à 0,75% par an. Pour aller chercher de la performance pour au minimum compenser l'inflation, il faut donc se tourner un peu plus vers les valeurs mobilières et ajouter du risque dans son portefeuille... Les Français étant quelques peu frileux envers le risque, on comprend aisément leur choix de laisser de l'argent sur un compte courant. Pourtant il existe des alternatives intéressantes. Première possibilité : investir dans une SCPI. Ces produits financiers à sous-jacent immobilier ont le mérite de maintenir en moyenne une rentabilité supérieure à l'inflation, tout en bénéficiant du côté rassurant de la pierre. Concernant l'assurance-vie, il est possible d'opter pour un contrat multi-support, celui-ci permettant d'investir une partie plus ou moins importante de ses fonds sur les marchés financiers, en conservant une portion d'épargne sécurisée. Par ailleurs, les évolutions du nouveau contrat Euro-croissance sont à surveiller de près : ce dernier devrait prochainement allier sécurité et dynamisme des marchés, à condition de garder le contrat ouvert suffisamment longtemps.
Un argent pas si « dormant » Contrairement aux idées reçues, l'argent laissé sur un compte courant ne dort pas tant que cela. Faire un « dépôt à vue » (déposer de l'argent sur son compte), c'est schématiquement prêter de l'argent à sa banque. En effet, les dépôts collectés par les banques entrent dans leur comptabilité en tant que « dette » à l'égard du déposant. Ils constituent également pour l'établissement bancaire une ressource (parmi d'autres), qui va lui permettre de financer son activité d'établissement de crédit. Ainsi, les banques se servent des dépôts effectués par leurs clients pour octroyer des crédits à d'autres clients. Pour l'épargnant, il n'y a aucun risque : le système bancaire est très règlementé (notamment depuis la crise de 2008) et l'État garantit les dépôts jusqu'à 100.000 euros par déposant et par banque. Mais pour autant, ces dépôts ne rapportent rien à leurs propriétaires et souffrent de l'inflation.