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Malgré la charge symbolique de ces lieux, le promoteur Peter Karl Jugl a annoncé son ambition d'y bâtir ce qu'il présente comme « le plus grand bunker privé du monde ». Au cœur de la controverse : la mémoire des prisonniers forcés ayant construit ces souterrains durant la Seconde Guerre mondiale.
Situé près de Halberstadt, à environ 200 kilomètres au sud-ouest de Berlin, le complexe souterrain de 13 kilomètres a été construit par des prisonniers du camp annexe de Buchenwald. Près de 7 000 travailleurs forcés y furent internés dans des conditions extrêmes, et plus de la moitié perdirent la vie en creusant ces tunnels, utilisés à l'époque pour la production d'avions par le régime nazi. Aujourd’hui, un mémorial à Langenstein-Zwieberge rappelle cette sombre période de l’histoire européenne et honore les victimes.Malgré la charge symbolique de ces lieux, le promoteur Peter Karl Jugl a annoncé son ambition d’y bâtir ce qu’il présente comme « le plus grand bunker privé du monde », selon l'AFP. Le projet, qui existe actuellement sous forme de rendus visuels, promet un complexe anti-nucléaire doté d’une clinique, d’une école, d’espaces de loisirs comme un casino, une salle de sport, et même un simulateur d’aube et de crépuscule. Présenté comme une solution de survie pour des scénarios catastrophes, l’accès au bunker serait conditionné à l’achat de “BunkerCoins”, une crypto-monnaie où chaque jeton correspond à un centimètre cube d’espace souterrain. À ce tarif, une petite chambre reviendrait à environ 500 000 euros.Jugl, dirigeant de l’entreprise Global Project Management, se défend de toute intention polémique, affirmant construire un espace destiné à « sauver des vies en cas d’urgence ». Toutefois, ces arguments n’apaisent pas les tensions, notamment auprès des descendants des prisonniers ayant bâti ces infrastructures.
L’annonce de ce projet a immédiatement suscité une levée de boucliers parmi les familles des prisonniers et les responsables de la mémoire historique. Pour Jean-Louis Bertrand, fils d’un ancien déporté français ayant survécu au camp de Langenstein-Zwieberge, il est inacceptable de transformer un site marqué par la mort et la souffrance en un refuge luxueux. Selon ses propos, rapportés par l'AFP, dissocier les tunnels de l’histoire du camp serait « une négation de la mémoire collective ». D'autres associations ont souligné l’importance de préserver ces lieux comme témoins de l’histoire et non de les soumettre aux logiques mercantiles modernes.Le gestionnaire du mémorial de Langenstein-Zwieberge, Gero Fedtke, partage cet avis, tout en adoptant une position mesurée. Il rappelle que peu de traces physiques subsistent du camp lui-même et que les tunnels représentent aujourd’hui un des rares vestiges historiques encore visibles. La vente du site en 2019, pour un montant de 1,3 million d’euros, avait déjà suscité des critiques. Aujourd'hui, Jugl propose de revendre les tunnels à l'État pour 8 millions d’euros, une somme jugée excessive par de nombreux observateurs.Du côté administratif, le ministère de la Culture du Land de Saxe-Anhalt a confirmé qu’aucune demande officielle de permis de construire n’avait été déposée pour le projet. Le site étant classé comme monument culturel, toute modification structurelle ou changement d’usage est soumis à des autorisations strictes. La question d’un rachat éventuel est désormais sur la table, mais demeure complexe compte tenu des enjeux financiers et mémoriels.
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La stratégie de Peter Karl Jugl, entrepreneur controversé ayant investi dans des propriétés qualifiées de « problématiques », suscite des interrogations. Certains y voient moins un projet de survie pour l'élite fortunée qu’une tentative de spéculation immobilière déguisée. Jugl, connu pour ses autres affaires allant d’applications de rencontres à des hôtels thématiques, ne cache pas ses intentions lucratives. Il défend toutefois son droit à utiliser le site à des fins privées, insistant sur le fait que les tunnels sont éloignés de l’emplacement précis du camp.Derrière ce projet se dessine également une tendance émergente : la montée en puissance d’un marché de la « préparation aux catastrophes » pour une clientèle fortunée. Les “bunkers de luxe” ne sont plus des fantasmes de films dystopiques. En Suisse, aux États-Unis et dans d’autres pays européens, des initiatives similaires voient le jour, répondant à une demande croissante d’investisseurs cherchant à sécuriser leurs avoirs et leurs vies face aux incertitudes géopolitiques, climatiques ou économiques.
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