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Le prix moyen à Paris est désormais de 10.297 euros par mètre carré, en baisse de 2,2% sur un an. De nombreux facteurs indiquent que la capitale n'attire plus.
L'euphorie semble bel et bien passée. Cela faisait quelques années que les prix parisiens ne cessaient de crever le plafond. Il y a encore quelques mois, les observateurs s'attendait à ce que le prix moyen dépasse 11.000 euros par mètre carré. Finalement, la tendance semble s'inverser. Selon le baromètre du site Meilleurs agents et du journal les Échos, les prix se sont tassés de 0,3 % au mois de juin. Sur les 12 derniers mois, la baisse atteint 2,2 %. Rien de spectaculaire si l'on compare ces chiffres à la hausse de ces 5 dernières années (+28 % !). Mais le seuil des 10.000 euros par mètre carré, qui avait été franchi à l'été 2019, n'est plus très loin. Ce qui est marquant, c'est que Paris va à contre-courant du reste de la France. Sur l'ensemble du territoire, les prix de l'immobilier ont augmenté de 1,4 % au premier trimestre. Les 50 plus grandes villes de France enregistrent en moyenne environ 1% d'augmentation (en dehors de Bordeaux).
La désaffection des Parisiens pour la capitale peut être expliquée par de multiples facteurs. Évidemment, le covid19 n'y est pas pour rien. Confinés dans de petits appartements bien souvent privés d'espaces extérieurs, le printemps 2020 a agi sur eux comme un déclencheur. Pour de nombreuses familles, le manque d'espace s'est cruellement fait ressentir. Or, pour le prix d'un appartement parisien, il est possible de trouver une belle maison en grande couronne ou un appartement confortable en petite couronne. Un certain nombre de Parisiens ont donc franchi le périphérique. Les prix en banlieue s'en ressentent : + 4,8 % en Seine-et-Marne, + 4,4 % dans le Val-d'Oise, + 3,9 % dans l'Essonne et + 3,7 % en Seine-Saint-Denis en tout juste un an. L'envolée du télétravail fait bien sûr son effet. Plus besoin d'habiter à côté de son bureau s'il est possible de travailler depuis chez soi quelques jours par semaine. Beaucoup n'hésitent plus à s'éloigner, quitte à passer du temps dans les transports 2 ou 3 fois par semaine. Les fermetures et restrictions ont aussi fait perdre l'intérêt de la vie parisienne. Les cafés, bars, restaurants, théâtres, cinémas, et l'ensemble des commerces et espaces de loisirs qui font l'attrait de la capitale n'ont pas été accessibles pendant de longs mois. La comparaison entre les avantages et les inconvénients peut alors déboucher sur une conclusion évidente. De même, l'absence des touristes a pesé sur le marché immobilier de la location meublée. Sans possibilité de mettre leur appartement en location à des vacanciers, certains propriétaires échaudés ont mis en vente. Mais les acheteurs ne se bousculent pas, et les restrictions des locations AirBnB ajoutées au plafonnement des loyers classiques ont fini de dissuader les investisseurs d'acheter dans la capitale. En 2020, la sortie du premier confinement avait fait émerger une vague de demandes. Mais il ne s'agissait que d'un effet de rattrapage. « C'est mou. Il n'y a pas beaucoup d'acheteurs », a confié Nathalie Naccache de l'agence Fortis Immo Keller Williams à Paris centre, au Figaro. Ce n'est pas l'immobilier de luxe qui rattrape ces résultats en berne. Paris ne semble plus faire rêver à l'international. Première ville du monde au classement « Barnes City Index » en 2019, la ville a perdu 7 places en 2020. Les personnes fortunées préfèrent désormais s'installer à Zurich, Copenhague, Miami ou Stockholm.
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Le Covid n'est pas le seul responsable du désamour des Parisiens pour leur ville. Bruit, pollution, bétonnage, délitement de l'espace urbain, grèves, surpopulation... Ils sont de plus en plus nombreux à rechercher une meilleure qualité de vie ailleurs. D'après une étude du courtier en emprunt tisse, 46 % des habitants de la capitale souhaiteraient quitter la ville. Selon l'INSEE, elle perdait déjà en moyenne 11.000 habitants par an avant l'épidémie, surtout des personnes âgées de 30 à 44 ans. Vivre dans la capitale ne semble plus faire rêver. Avant l'émergence de la pandémie, les Parisiens avaient déjà été secoués par les attentats. Puis ils avaient été confrontés à des difficultés liées au mouvement des gilets jaunes en 2018 et aux grandes grèves de l'hiver 2019. A cette époque, un sondage commandé par la mairie de Paris avait aussi révélé que plus de 60% des d'entre eux avaient l'impression que les incivilités augmentaient. Un habitant sur deux avait le sentiment de ne pas être en sécurité dans les rues ou les transports le soir venu, et 45% des femmes indiquaient avoir subi du harcèlement de rue. Depuis, la situation ne s'est pas améliorée. Au Nord de Paris, des habitants excédés subissent des nuisances liées à la présence de dizaines de toxicomanes au pied de leur immeuble depuis des mois. Bruits, violences, détritus... La situation continue de se dégrader malgré les manifestations de collectifs de résidents. L'émergence du mouvement #saccageparis en dit aussi long sur le sentiment de délitement qu'éprouve une partie des Parisiens. Lancé sur les réseaux sociaux en début d'année, il pointe la dégradation de l'espace public et le défaut de propreté des rues. Les photos de pièces de mobilier urbain cassées, de tags, de feux de signalisation non-réparés et fils pendants, d'herbes folles sur le trottoirs ou de trous béants dans la chaussée sont légion.
La baisse des prix parisiens pourrait durer quelques mois, voire quelques années. Le télétravail est en bonne voie pour entrer dans les habitudes des Français, ce qui ne va pas les inciter à revenir dans la capitale. De même, malgré une sortie de crise, l'amélioration du cadre de vie pourrait être rendue difficile à court terme par l'endettement record de 6,6 milliards d'euros que la ville a accumulés. Enfin, la dégradation de l'image de la capitale pourrait perdurer encore longtemps. Les prix pourraient donc continuer à baisser lentement, jusqu'à atteindre un niveau moins déconnecté de celui du reste de la région Ile de France.
Paris n'est plus Paris depuis longtemps...