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Immobilier : il perd 24 millions de dollars dans les incendies de Californie

L'augmentation des risques d'incendie a provoqué le départ des assureurs privés, laissant les sinistrés avec un plafond d'indemnisation à 3 millions de dollars. Une somme loin de compenser les pertes de certaines stars d'Hollywood.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par L Villedoré | Publié le 14-01-2025 16:30  Photo : iStock / Instagram Robert Rivani  
Immobilier : il perd 24 millions de dollars dans les incendies de Californie

La tragédie qui s’est abattue sur la Californie n'a pas épargné Carbon Beach, surnommée la « Plage des Milliardaires », où des propriétés emblématiques ont été réduites en cendres lors des incendies dévastateurs. Cette petite enclave prisée, composée de 70 maisons luxueuses en bord de mer, a été durement touchée par le feu de Pacific Palisades, qui a ravagé plus de 12 000 bâtiments dans la région de Los Angeles.

Parmi les victimes figure Robert Rivani, un investisseur immobilier qui avait dépensé près de 27 millions de dollars pour transformer une maison des années 1920 en un manoir luxueux. La propriété, dotée d’un jardin zen, d’un sauna à lumière infrarouge et d’une cuisine sur-mesure à 500 000 dollars, devait être mise en vente ce printemps pour 40 millions de dollars. Mais les flammes ont tout emporté, laissant Robert Rivani avec une couverture d’assurance limitée à 3 millions de dollars, bien en deçà des pertes subies.

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Des secteurs devenus inassurables, ou presque


La maison de Robert Rivani après l'incendie de Malibu / Instagram
La maison de Robert Rivani après l'incendie de Malibu / Instagram

Mais pourquoi assurer pour seulement 3 millions une maison qui est censée en valoir 40 ? Cette somme représente en réalité le plafond imposé par le programme FAIR, plan d’assurance de dernier recours en Californie. Conçu initialement pour protéger les propriétaires de biens modestes dans des zones à haut risque, le programme est aujourd’hui surchargé en raison du départ des assureurs privés. Des entreprises comme Allstate ou State Farm, autrefois leaders du marché, se sont retirées de la région, invoquant des pertes financières insoutenables dues à l’intensité croissante des catastrophes naturelles.

La limite de 3 millions de dollars découle d’un équilibre délicat entre la nécessité de protéger les propriétaires et les ressources financières limitées du programme. Étant donné l’augmentation importante des sinistres liés aux incendies, le FAIR a été contraint de restreindre ses engagements pour éviter un effondrement financier. Cette limite suffit à reconstruire des maisons classiques, mais elle est manifestement insuffisante pour les propriétés de luxe à plusieurs dizaines de millions de dollars, comme celles de Carbon Beach.

En l'absence d'autre choix, de nombreux propriétaires se retrouvent sans autre option que de souscrire au plan FAIR, conçu comme une solution temporaire et non comme une couverture complète. En septembre dernier, le programme assurait 458 milliards de dollars en biens résidentiels, une augmentation de 61 % par rapport à l’année précédente.

Pour pallier cette situation, l’État de Californie a introduit de nouvelles réglementations visant à réintégrer les assureurs privés dans les zones à risque. Ces règles obligent les assureurs à augmenter progressivement leur couverture dans ces régions, avec un objectif de 85 % de part de marché à atteindre sur plusieurs années. En contrepartie, les compagnies sont autorisées à intégrer les coûts de réassurance dans leurs tarifs : un geste qui devrait entraîner l'augmentation significative des primes. L’organisation Consumer Watchdog alerte sur une potentielle hausse de 40 à 50 %, sans garantie que la couverture soit élargie de manière significative.




La situation actuelle illustre les limites du système d’assurance face à l’aggravation des catastrophes climatiques. Les incendies dévastateurs, comme celui de Pacific Palisades, mettent en lumière le sujet du désengagement des sociétés d'assurance. Si des solutions ne sont pas trouvées rapidement pour stabiliser le marché et couvrir l'augmentation des risques, des milliers de propriétaires de toutes conditions sociales pourraient se retrouver sans protection adéquate, aggravant encore les effets dévastateurs des futures catastrophes.

L'Etat de Californie accusé de manquements

Carbon Beach, connue pour abriter des figures célèbres, est l’une des zones les plus exclusives au monde. La destruction de ces propriétés représente des milliards de dollars en pertes immobilières. L’une des maisons détruites appartenait autrefois à David Geffen, avant d’être vendue en 2017 pour 85 millions de dollars à Mark Walter, PDG de Guggenheim Partners.

Aussi les résidents du quartier expriment leur frustration face aux autorités locales, accusées de ne pas avoir préparé la région aux incendies. « Trois ans de travail réduits en cendres et des dizaines de millions de dollars perdus parce que l'assurance ne couvre presque rien dans cet État corrompu qu'est la Californie, peut-on lire sur le compte Instagram de Rivani. Je suis sans mots face à la manière pitoyable dont cet État est géré : pas d'eau pour les bouches d'incendie, aucune planification pour prévenir ces incendies qui reviennent chaque année, pas de financement pour les pompiers, mais des coupes budgétaires ? Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous ? Où va tout l'argent des impôts ? Ah oui, chez des politiciens corrompus !!!! » À cela s’ajoute le problème des infrastructures, conçues pour des incendies isolés et non pour des catastrophes de cette ampleur.

La maire de Los Angeles, Karen Bass, a rejeté les accusations d’impréparation, attribuant les incendies à une sécheresse record et à des vents violents. Le gouverneur Gavin Newsom a ordonné une enquête sur la perte de pression dans les bouches d’incendie, un problème clé lors de la lutte contre le feu.



Une reconstruction en béton ?

La catastrophe pose également la question de la reconstruction. Grant Cardone, un entrepreneur et star de l’émission Undercover Billionaire, a lui aussi vu sa résidence à 40 millions de dollars sévèrement endommagée. « Les maisons adjacentes ont été complètement détruites », a-t-il déclaré au Wall Street Journal.

L'homme d'affaires et d’autres propriétaires critiquent la California Coastal Commission, dont les réglementations strictes empêchent la modernisation des vieilles maisons. « Beaucoup de ces maisons sont des boîtes de bois prêtes à brûler », a-t-il déclaré. Construites il y a des décennies, beaucoup d’entre elles utilisent des matériaux inflammables comme le bois, des toitures en bardeaux ou des revêtements non ignifuges. Malgré leur valeur, ces propriétés n’ont souvent pas été modernisées pour intégrer des normes de résistance au feu, en partie à cause des restrictions qui limitent les rénovations en bord de mer. Sans compter que leur proximité avec la végétation et le bois flotté a augmenté le risque. Selon les propos de Grant Cardone, si ces maisons avaient été reconstruites avec des matériaux modernes comme le béton ou l’acier, elles auraient pu mieux résister aux flammes. Sans nul doute, les débats resteront vifs au moment de la reconstruction.



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