Sortie le 7 novembre
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C'est la fin du « Gram », ce projet de cryptomonnaie porté par la société russe Telegram. L'interdiction par la justice américaine de la levée de fonds liée à son développement a signé son arrêt de mort.
Il y a quelques mois, la société qui édite la messagerie instantanée Telegram indiquait travailler au lancement d'une cryptomonnaie. Ce projet de monnaie virtuelle et celui de la Libra de Facebook avaient alerté les autorités de nombreux pays parmi lesquels la France, notamment pour des questions de souveraineté monétaire. En septembre 2019, Bruno Le Maire était longuement intervenu sur le sujet dans le cadre d'une conférence du G7, expliquant être complètement opposé à l'implantation de la Libra en Europe, celle-ci remettant en cause la souveraineté et l'indépendance monétaire des États. Le Gram devait être lancé à l'automne 2019, mais n'avait toujours pas abouti. Le 12 mai 2020, le fondateur de Telegram, Pavel Dourov, a finalement indiqué dans un billet de blog qu'il ne serait jamais lancé. « La participation active de Telegram à TON est terminée », a-t-il écrit. TON était le projet de plateforme blockchain qui devait servir de base à la cryptomonnaie. Pour la réaliser, Pavel Dourov avait réussi à lever 1,7 milliard de dollars grâce à une ICO (Initial Coin Offering), une levée de fonds en cryptomonnaie qui permettait aux investisseurs de détenir des tokens.
A lire : Initial Coin Offering (ICO) : comprendre les levées de fonds en crypto-actifs
Les difficultés rencontrées avec la SEC, l'autorité américaine qui réglemente les marchés financiers aux États-Unis, ont donné le coup de grâce au Gram. En octobre 2019, l'institution avait lancé une procédure pour stopper l'ICO destinée à financer TON, pour des motifs de manque de transparence concernant les activités de Télégram. La levée de fonds est ainsi devenue illégale. En avril, la justice américaine a purement et simplement interdit la vente de Gram sur son sol et au-delà, empêchant de fait les investisseurs de revendre leurs tokens à d'autres personnes. Mais c'est surtout la portée internationale de cette décision qui a achevé le projet de cryptomonnaie. La justice a en effet décidé d'empêcher l'accès à l'ICO à tout citoyen américain où qu'il vive, interdisant implicitement la levée de fonds partout sur la planète. La portée extraterritoriale de cette décision a rendu furieux le fondateur de Telegram, et pose en même temps la question de la souveraineté des autres États. « Le tribunal américain a déclaré que les Gram ne pourront être distribués non seulement aux États-Unis mais dans le monde entier. Pourquoi ? Parce qu'un citoyen américain pourrait trouver un moyen d'accéder à la plate-forme TON après son lancement. Donc, pour éviter cela, les Grams doivent être interdits partout dans le monde - même si tous les autres pays de la planète acceptent TON. Cette décision de justice implique que d'autres pays n'ont pas la souveraineté de décider ce qui est bon et ce qui est mauvais pour leurs propres citoyens ». Pour Pavel Dourov, la décision est d'autant plus injuste que d'autres éditeurs de cryptomonnaies telles que les Bitcoins n'ont pas eu ces problèmes. Pour le moment, la monnaie Libra de Facebook n'a pas encore subit les foudres du législateur américain, même si elle est beaucoup critiquée par les autorités. Le sujet est particulièrement sensible, puisque les États dont la monnaie est faible internationalement pourraient voir leur souveraineté disparaître si une grande partie de leur population adoptait la monnaie virtuelle, abandonnant par conséquent leur politique monétaire dans les mains d'une société privée. A lire : Facebook, Telegram : pourquoi leurs cryptomonnaies pourraient bouleverser l'économie
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