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Réunis à Washington, les ministres des finances du G7 ont indiqué vouloir imposer un cadre juridique aux cryptomonnaies. Le « Libra », future monnaie virtuelle de Facebook, est clairement visé.
L'annonce du projet de monnaie virtuelle de Facebook, nommé le Libra, inquiète les États à de nombreux égards. La création monétaire est en effet le monopole des banques centrales. Celles-ci s'en servent pour mettre en œuvre la politique monétaire décidée par les États (ou l'Union Européenne dans le cas de la Banque Centrale Européenne). La monnaie est ainsi un des principaux leviers de la souveraineté des États, sensée également garantir aux économies comme aux citoyens la stabilité de leurs finances. Si une monnaie virtuelle, créée par une entreprise privée, venait à être utilisée par des millions de personnes à travers le monde pour leurs échanges voire pour leur épargne, cela pourrait très vite devenir problématique. Ce qui inquiète en premier lieu, c'est la force de frappe de Facebook. Avec 2,4 milliards d'utilisateurs à travers le monde, le Libra pourrait rapidement trouver une légitimité auprès de centaines de millions de personnes. Or, ce qui fait la base de la valeur d'une monnaie, c'est la confiance que lui accordent les agents économiques. D'autant que 1,7 milliard de personnes à travers le monde n'ont qu'un accès très limité aux services financiers basiques, ce qui peut favoriser l'émergence de monnaies virtuelles privées, voire déstabiliser des États.
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Le Libra a pour vocation de devenir une « stable coin », c'est-à-dire que sa valeur sera adossée sur un panier d'actifs et notamment de monnaies (dollars...). A l'inverse, la valeur du Bitcoin ne dépend que de la variation de l'offre et de la demande. Il est donc beaucoup plus volatile, son cours pouvant tour à tour s'effondrer ou se renchérir. Le Libra, en tant que « stable coin », verra sa valeur nettement plus stable dans le temps. Elle pourrait donc inspirer une plus grande confiance et servir comme moyen de paiement et d'épargne, tout en ouvrant la voie au développement d'un moyen de paiement international facile d'utilisation.
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Mieux comprendre : Qu'est-ce que le G7 ?
En juillet dernier, le secrétaire du Trésor américain, Steven Mnuchin, avait fait lui aussi fait état de ses « très grandes inquiétudes sur le Libra, qui peut être mal utilisé pour blanchir de l'argent ou financer le terrorisme ». Réunis en France, les ministres des finances du G7 s'étaient déjà entendus sur le « besoin d'agir rapidement » face au projet de Facebook. Ce 17 octobre à Washington, les membres du G7 ont notamment basé leurs discussions sur un rapport rédigé par Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque Centrale Européenne (BCE). Parmi les inquiétudes évoquées quant à l'émergence d'une « stable coin » privée telles que le Libra, les menaces envers le système financier international, le chamboulement des devises, la solidité juridique mais également des risques accrus en termes de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme si le contrôle de la monnaie échappe aux États. La protection des données personnelles pose également question, Facebook ayant été plusieurs fois mise en cause sur ce thème. Selon Bruno Le Maire, « le Libra pourrait aussi affaiblir la politique monétaire des pays développés ». Il a également souligné que « Facebook et ses 2,4 milliards d'utilisateurs pourraient avoir une incidence mondiale » ce qui relevait « aussi d'une question de démocratie, pas simplement d'une question économique ». « Libra demande en réalité aux États de partager leur souveraineté monétaire avec une entreprise privée. C'est inacceptable ! »
Malgré les craintes, les avancées technologiques et l'évolution des besoins financiers des particuliers à travers le monde font que la voie est ouverte pour que tôt ou tard, une monnaie virtuelle « stable » soit en mesure d'émerger. La nécessité de créer un cadre juridique contraignant, préconisé dans le rapport de Benoît Coeuré, est d'autant plus urgente. C'est ce qu'on convenu les 7 ministres à Washington. Le communiqué de la présidence française du G7 sur les stable coins l'indique par ces mots : « Nous convenons qu'aucun projet de monnaies numériques stables ne devrait être lancé tant que les problèmes et les risques juridiques, réglementaires et de surveillance n'auront été réglés de manière adéquate ». David Marcus, ancien président de Paypal et dirigeant du projet Libra, dit entendre et comprendre les craintes « légitimes » des États, tout en étant prêt à y « répondre avec des solutions concrètes ».
L'idée d'une devise numérique publique fait ainsi son chemin dans l'esprit de différents États. Certains hommes politiques dont le ministre de l'Économie français Bruno Le Maire, proposent de créer une monnaie numérique publique. Celle-ci serait émise par les Banques centrales.