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La finance alternative affiche une croissance de près de 40% en 2018. Un système qui a permis d'injecter 689 millions d'euros dans l'économie réelle, notamment par la souscription d'obligations et les prêts aux entreprises.
Dès ses balbutiements en 2014, la finance alternative laissait entrevoir de belles perspectives. Les entreprises, les particuliers et l'écosystème des Fintech y voyaient chacun une source de financement, un support d'investissement et un marché à développer. Après 4 années d'activité, les résultats sont là : le 3ème baromètre du crowdfunding édité par KPMG révèle que la finance participative a multiplié le montant de sa collecte par plus de quatre depuis 2015, passant d'environ 300 millions d'euros à 1,4 milliard en 2018. En une seule année, le montant des fonds levés a bondi de près de 40%, comme le nombre de projets financés. « Cette croissance continue de la finance alternative en France s'explique notamment par le développement des plateformes et l'apparition de nouveaux outils de financement permettant davantage de modèles hybrides », peut-on lire dans l'étude.
La « finance alternative » représente l'ensemble des modes de financement disponibles sur Internet qui font participer la foule et se passent des banques. En 2018, 2,5 millions de souscriptions ont été enregistrées pour 1,5 million de contributeurs.
Quatre grands secteurs se distinguent au sein de la finance alternative, chacun occupant une part de marché quasi-équivalente. Les cagnottes en ligne (Le pot commun...), qui permettent aux particuliers de se faire des dons entre eux, ont récolté 330 millions d'euros en 2018. Un montant proche de celui prêté aux entreprises sur des plateformes dédiées (Pretup...). Les plateformes de prêt à la consommation (Younited Crédit...) ont de leur côté collecté 352 millions d'euros. Enfin, le financement participatif, secteur rassemblant toutes les plateformes permettant de financer des projets via les dons (Ulule...), le prêt (SmartAngel...), l'investissement en capital (Happy capital...) et les royalties (We Do Good...), ont permis de lever 402 millions d'euros. Un chiffre en progression de près de 20% en un an. Grâce à tous ces systèmes, 689 millions d'euros ont été injectés dans le développement de PME, TPE et startup (20% des projets financés). Les grandes gagnantes sont les entreprises du secteur immobilier, qui ont rassemblé près d'un tiers des levées de fonds notamment via l'émission d'emprunts obligataires. Selon Mikaël Ptachek, responsable de la Practice Fintech chez KPMG « Le financement alternatif poursuit sa dynamique auprès des entreprises, et propose désormais une offre réellement complémentaire au financement traditionnel des banques. »
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Le montant moyen abondé par souscripteur est très différent en fonction du type de financement du projet : 73 € par personne pour les dons avec récompense, 339 € pour les prêts rémunérés, 707 euros en royalty crowdfunding, et 4340 € pour les actions et les obligations.
En 2018, les levées de fonds sous forme d'obligations se sont nettement détachées. Elles représentent à elles seules plus de 50% des montants collectés en crowdfunding et affichent également le plus haut montant collecté par projet (plus de 600.000 euros en moyenne) et la souscription la plus élevée par contributeur (4848 € en moyenne). A contrario, l'investissement au capital des entreprises est en nette perte de vitesse, pour la deuxième année consécutive (-19%). « Du côté des financeurs particuliers, il est très intéressant de noter que ceux-ci opèrent eux-mêmes des arbitrages et diversifient leurs placements sur des produits plus courts, moins risqués. On constate ainsi un report de l'investissement vers le prêt. La suppression des incitations fiscales liées à l'ISF n'explique pas tout. Là encore, c'est le signe d'un comportement avisé des particuliers », indique Stéphanie Savel, Présidente de l'association professionnelle Financement Participatif France. Les obligations sont des titres financiers qui correspondent à un emprunt émis par une société. Contrairement aux actions, qui impliquent de participer au capital, elles offrent aux investisseurs une visibilité : la durée de placement est connue à l'avance (généralement comprise entre 12 et 24 mois), le taux de rentabilité est affiché. Bien que le risque de perdre son capital soit bien réel en cas d'échec du projet, ces caractéristiques semblent plaire aux particuliers : le montant souscrit a bondit de 40% en 2018.
Bien que restant marginal, l'investissement en royalties, qui consiste pour l'investisseur à percevoir de l'argent sur le chiffre d'affaires du projet financé, a multiplié son montant collecté par 2 en 2018.
Cette croissance à deux chiffres ne doit pas faire oublier que le marché de la finance alternative reste jeune et n'est probablement pas encore mature. Beaucoup d'acteurs se partagent les parts de marché, et la logique voudrait que certaines plateformes opèrent un rapprochement. Credit.fr, filiale de Tikehau Capital, vient par exemple d'annoncer avoir acquis Homunity, qui se positionne comme « la plateforme leader dédiée au financement participatif immobilier ». En fin d'année dernière, le marché avait été surpris par l'arrêt de la plateforme Uniled, dont les actifs ont finalement été repris à la barre du tribunal de commerce par Pretup.