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Le secteur des cryptomonnaies est très vulnérable aux arnaques. Il est aujourd'hui impossible d'évaluer le montant soutiré chaque année aux particuliers par ce moyen. Certains signaux peuvent cependant alerter les particuliers qui s'apprêtent à placer de l'argent dans ces supports, d'autant que les autorités françaises peinent encore à réagir.
Patrick McDonell, habitant la ville de New-York, a été arrêté et inculpé de fraude en ligne devant le tribunal de Brooklyn. Usant d'un faux nom (« Jason Flack »), il aurait convaincu des individus d'investir dans des cryptomonnaies via Facebook et Twitter, mais aurait utilisé l'argent pour son usage personnel tout en fournissant de fausses déclarations de solde en retour. L'homme a été condamné à une amende et à une interdiction de négociation. Il avait affirmé en juin dernier que le site de son entreprise avait été piraté et que les fonds des investisseurs avaient été perdus. Après enquête, il s'est avéré que la société était dirigée directement depuis son domicile. Si McDonnell a pu détourner cet argent, c'est notamment qu'il a réussi à inspirer confiance à ses victimes. Il se décrivait en effet comme un trader expert dans la crypto-monnaie ayant des années d'expérience. Il offrait ses conseils et proposait d'acheter et de trader des crypto-devises pour le compte de ses clients. Le service a été modelé sur celui d'un courtier en valeurs mobilières : McDonnell prélevait une commission en échange de l'investissement de sa clientèle. L'arnaque a permis au new-yorkais de subtiliser une somme d'argent importante entre novembre 2014 et janvier 2018. En plus de 194 000 dollars volé à 10 victimes de son subterfuge, il aurait empoché pour son compte des cryptomonnaies (Bitcoins, Litecoins, Ethereum...). Le tout représente plus de 250 000 dollars. McDonnell pourrait être condamné à 20 ans de prison s'il était reconnu coupable.
L'escroquerie la plus conséquente connue à ce jour est celle de la société One Coin, originaire de Bulgarie et dirigée par Konstant Ignatov. Le FBI pense que ce site est responsable d'une arnaque à 3,5 milliards de dollars, basée sur une « pyramide de Ponzi ». Le dirigeant a récemment été arrêté et la société est déjà poursuivie en justice dans plusieurs pays, notamment au Vietnam, en Inde et en Chine. Fondée en 2014, One Coin proposait aux investisseurs d'acheter des « paquets de formation » (et non des cryptomonnaies directement, détail qui a son importance). Ces « tutoriels » étaient censés générer des « Onecoins », une monnaie électronique qui était vantée comme ayant une valeur technologique supérieure à celle des bitcoins. Selon les dires de la société, la cryptomonnaie aurait été privilégiée par les patrons de la Silicon Valley, qui y auraient investi « secrètement ». Un argument non vérifiable par les particuliers mais qui attise la curiosité. A lire également : Blockchain : l'avancée vers une bourse du non-coté intéresse le secteur du crowdfunding
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L'escroquerie serait toujours en cours actuellement. Ses auteurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour rendre le concept séduisant. Au-delà d'un site qui parait sérieux, des groupes Facebook pullulent encore, publiant des vidéos publicitaires et prétendant que les particuliers vont pouvoir obtenir une formation « qui va changer leur vie ». Pour multiplier les victimes prêtes à investir, Onecoin promettait de faire gagner de l'argent à tous ceux qui convaincrait des proches d'acheter à leur tour ces « paquets de formation ». Présentée par un ami ou un parent, l'arnaque avait donc plus de chance d'aboutir. Sauf qu'en réalité, la monnaie virtuelle OneCoin n'existe pas, et que les victimes n'ont aucune chance de récupérer leur argent. Le fait de vendre du « matériel pédagogique » et non des cryptomonnaies n'est pas anodin. La société ne proposant pas directement un produit d'investissement, le concept passe en France au travers des mailles du filet de l'Autorité des Marchés Financiers. Celle-ci n'a donc pas de moyen juridique d'intervenir. A lire également : Le Bitcoin : un investissement spéculatif à surveiller de près
L'univers des crypto-actifs n'étant pas régulé par les institutions habituelles (banques centrales, autorité des marchés financiers…), il est difficile d'obtenir des informations sur le nombre exact de fraudes. Nouriel Roubini, économiste américain, déclare que quatre offres initiales de jetons (bitcoin, ethereum ou autres crypto-actifs) sur cinq seraient des escroqueries dès le départ. Certaines sociétés opèrent depuis la Russie, la Géorgie ou la Chine, des pays peu transparents et plus propices au développement de ces arnaques. En France, l'Autorité des Marchés Financiers (AMF) alerte régulièrement sur le danger des arnaques aux cryptomonnaies. En 2018, 700 épargnants auraient été escroqués, pour un préjudice total de 30 millions d'euros.
Plusieurs signaux doivent alerter les particuliers lorsqu'ils souhaitent investir sur Internet. D'une part, faire confiance à une crypto-monnaie dont personne ne connaît ni les détails d'implémentation technique ni les fonctions cryptographiques doit mettre la puce à l'oreille. De même, si la monnaie que l'on vous propose n'est pas présente sur une plateforme de crypto-échange officielle, alors ladite monnaie est soit très jeune (donc peu sûre), soit fausse. Enfin, comme dans tout investissement, la promesse de gains fulgurants ou de taux d'intérêt défiant toute concurrence doit aussi vous alerter : investir n'est pas un jeu duquel on sort toujours gagnant. Au contraire, les risques sont nombreux et les acteurs sérieux ont l'obligation de vous en informer. Enfin, évitez soigneusement les montages compliqués, miraculeux ou réputés « secrets », y compris lorsque ceux-ci vous sont présentés par des proches. Eux aussi peuvent être tombés dans une arnaque sans s'en être encore rendus compte.