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Vent d'optimisme pour l'économie française, malgré le reconfinement

Le Fonds Monétaire International estime que la France renouera avec une croissance de 5 à 6% en 2021. Selon l'institut, creuser le déficit n'est aujourd'hui pas un problème. Le solde de la facture sera néanmoins à payer à partir de 2022 ou 2023.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par C Courvoisier | Mis à jour le 31-12-2020 10:07:00 | Publié le 03-11-2020 14:22  Photo : (c) Shutterstock  
Vent d'optimisme pour l'économie française, malgré le reconfinement

Une croissance de 5 à 6% en 2021

Dans une étude sur l'économie française et ses perspectives présentée le 2 novembre, le Fonds monétaire international (FMI)* explique être optimiste quant au futur rebond de l'économie française. L'institut prévoit une croissance comprise entre 5 et 6 % en 2021.

Dans le contexte de la crise du coronavirus, Jeffrey Franks, son directeur du bureau européen, valide la stratégie du « quoi qu'il en coûte » déployée dans l'hexagone. D'après cet économiste formé à Harvard, la réponse française à la crise économique est appropriée pour contenir la hausse du chômage, malgré le coût qu'elle représente.

Alors que les taux auxquels la France emprunte restent presque nuls, dépenser pour éviter les faillites d'entreprises et le chômage massif agirait en faveur d'une reprise plus rapide. « Il est légitime de continuer de fournir un appui budgétaire fort et souple », explique l'économiste.

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« Creuser le déficit n'est pas un problème »

La France est l'un des pays les plus généreux du monde en matière de soutien à l'économie face à cette crise. Or, cette générosité à un coût immédiat, celui de créer un déficit public abyssal (les dépenses de l'État sont largement supérieures à ses recettes fiscales et doivent être financées par la dette).

Il n'y a pas si longtemps, la France était pointée du doigt comme l'un des plus mauvais élèves de l'Europe car son déficit budgétaire annuel dépassait 3% du PIB*. La rigidité du pacte de stabilité, qui autorise Bruxelles à infliger une amende à tout pays récalcitrant, est désormais bien loin.

Au contraire, selon le FMI*, creuser le déficit n'est aujourd'hui pas un problème. « La politique monétaire très accommodante menée par la Banque centrale européenne* crée une possibilité d'augmenter le déficit public. Nous ne voyons pas de risque sur la soutenabilité de la dette publique dans ces conditions », a indiqué Jeffery Franks.

Autrement dit, la France est encouragée à continuer d'emprunter autant que nécessaire pour financer les mesures de soutien à l'économie. Cette rupture de stratégie pourra faire date et rebattre les cartes dans les futures discussions européennes.

D'autant que dans une tribune publiée par le Financial Times, Gita Gopinath, chef économiste au FMI, évoque le fait que sans cela, les économies pourraient se bloquer. Selon elle, malgré des taux d'intérêt proches de zéro, les entreprises persistent à reporter leurs investissements et les ménages continuent d'épargner plutôt que de consommer. Les efforts de la Banque centrale européenne* pour stimuler la croissance n'ont donc plus d'effet. Seule la politique budgétaire des États peut relancer la machine.




Le reconfinement oblige à revoir les prévisions

Le reconfinement qui accompagne la deuxième vague de l'épidémie va toutefois effriter un peu plus l'économie et retarder la reprise. Après un fort rebond entre juillet et septembre (+18,2%), le PIB* est à nouveau attendu en recul au dernier trimestre, bien que les conditions du reconfinement soient plus souples qu'au printemps. Si les prévisions s'avèrent, l'impact restera toutefois mesuré. La baisse globale du PIB est désormais évaluée à -11% sur 2020, contre -10% précédemment.

Mais il faut tout de même remonter à la Seconde Guerre mondiale pour observer une dégradation de l'économie aussi brutale. Depuis, le PIB n'avait baissé qu'en 1975 suite au premier choc pétrolier (-1%). Avec la crise de 2008, il avait stagné aux alentours de +0,3% pendant quelques années. En 2019, il avait progressé de 1,3%.

Au-delà des dépenses supplémentaires engagées par l'État, la mauvaise nouvelle concerne aussi les recettes fiscales. « Depuis mars dernier, le Covid nous a déjà coûté 186 milliards d'euros : 100 milliards de pertes de recettes du fait de la chute d'activité et 86 milliards de mesures d'urgence sanitaire et économique », a expliqué Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, dans une interview au JDD le 31 octobre. Selon lui, le déficit public est désormais estimé à « 248 milliards d'euros en 2020, soit 11,3% du PIB, quand nous l'estimions à 53,5 milliards au début de l'année ».

Un trou dans la trésorerie qui nécessite de faire appel massif à l'emprunt, cette nouvelle dette s'ajoutant aux anciennes. Le ministère des Finances estime ainsi que la dette totale du pays représentera près de 120% du PIB à la fin de l'année, contre 98,8% en 2019. Autrement dit, la somme totale que la France devra rembourser représentera bientôt 1,2 fois la richesse créée par le pays en une année. Une bonne nouvelle toutefois, ces nouveaux emprunts sont réalisés à des taux très faibles, voire même négatifs.



La facture devrait arriver en 2022 ou 2023

Les espoirs sont maintenant portés sur une amélioration des situations sanitaire et économique en 2021. L'optimisme de l'été est néanmoins tempéré : la possibilité d'une nouvelle vague épidémique en début d'année prochaine appelle à la prudence.

Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, évoquait encore en septembre un rebond du PIB de l'ordre + 8 % l'année prochaine. Avec la nouvelle dégradation de la situation sanitaire et le reconfinement, les estimations chiffrées ont laissé place à une perspective de « croissance positive ».

La question de la réduction des dépenses publiques devra cependant se poser dans un second temps, une fois la crise passée. Avec la reprise, il sera nécessaire de repenser à assainir les comptes. Si l'épidémie s'affaiblit, 2021 devrait être une année de relance et de consolidation. La facture devrait donc vraisemblablement se présenter en 2022, voire en 2023, lorsque le PIB tendra à revenir à son niveau d'avant crise.

Reste à savoir quelles orientations politiques seront prises à ce moment : réduction des dépenses publiques ? Augmentation des impôts ? La campagne présidentielle de 2022 devrait être très animée par ce débat, entre autres.

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