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Le retard pris par la France dans la campagne de vaccination pourrait avoir de lourdes conséquences économiques et sociales s'il persiste.
La réussite de la campagne de vaccination contre le COVID-19 est un enjeu de santé publique, mais également économique et social. Selon l'immense majorité des experts, elle est à ce jour la seule issue favorable à la crise que nous traversons. Une véritable course contre la montre a débuté, se faisant plus intense à mesure qu'un variant plus contagieux se propage. La France encaisse à ce stade un lourd retard à l'allumage, qui pourrait lui coûter cher non seulement en vies humaines, mais également en termes de croissance, d'emplois et de précarité. Selon covidtracker.fr, 7000 personnes avaient reçues une première dose au soir du 5 janvier (dont 5000 dans les dernières 24 heures), contre 51.000 au Danemark, 139.000 en Espagne, 317.000 en Allemagne et près de 1 million au Royaume-Uni. Avec 0,01% de sa population vaccinée, la France se classe dernière des pays développés ayant démarré leur campagne.
D'après Ludovic Subran, chef économiste chez l'assureur Allianz, la France « a accumulé les erreurs » lors du lancement de la campagne de vaccination. Celles-ci pourraient avoir altéré la confiance et « pousser pas mal de Français à refuser » le vaccin, empêchant le pays « d'atteindre le seuil d'immunité collective ». « Si la France maintenait un tel écart dans la vitesse de vaccination de la population avec d'autres pays développés, alors ce retard pourrait avoir des conséquences économiques. », estime l'expert. Pour lui, le premier trimestre 2021 va déjà être « compliqué pour les pays très tertiarisés », c'est-à-dire dont l'économie dépend beaucoup des services, à l'image de la France qui est très dépendante du tourisme. « Des secteurs comme le transport aérien pourraient décider que la vaccination sera obligatoire pour se déplacer à l'étranger », ce qui rend la réussite de la campagne de vaccination d'autant plus cruciale. A ce stade, les économistes prévoient un rebond du PIB de 5 à 6 % en 2021, après un recul de 9% l'année dernière. Mais ces prévisions restent fragiles, car elles sont dépendantes de l'évolution de la situation sanitaire. Selon Ludovic Subran, « la lenteur de la campagne vaccinale » pourrait aussi entraîner « une moindre confiance des consommateurs et des entreprises cette année, ce qui pourrait avoir un impact sur le niveau de la consommation et des investissements ».
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L'enjeu de la vaccination est d'autant plus important que le recours à un nouveau confinement n'est pas exclu pour endiguer une potentielle troisième vague. Un grand nombre de pays d'Europe de l'ouest sont déjà soumis à ces restrictions, malgré un meilleur avancement dans la campagne de vaccination pour la plupart d'entre eux. Suite à un nombre record de nouvelles contaminations, l'Angleterre est à nouveau entièrement confinée jusqu'au mois de mars. L'Ecosse, L'Irlande du Nord et le Pays de Galles sont confinés pour tout le mois de janvier. Le déploiement de la campagne de vaccination à un rythme soutenu (1 million de personnes sont déjà vaccinées Outre-Manche) n'est pas encore suffisant pour endiguer l'épidémie. Les experts de la Deutsche Bank estiment que le PIB du Royaume-Uni devrait à nouveau chuter de 1,5% au premier trimestre. L'Autriche subit elle aussi un nouveau confinement. En Grèce, écoles et commerces sont fermés au moins jusqu'au 10 janvier. Même chose au Danemark jusqu'au 17. L'Allemagne a décidé de durcir son confinement partiel jusqu'à la fin du mois. Le Portugal, la Slovaquie et les Pays-Bas subissent aussi un confinement partiel. En France, une nouvelle fermeture des commerces et un ralentissement de l'activité des entreprises coûteraient cher à l'Etat, qui devrait redéployer des mesures de soutien. Mais ils auraient aussi des conséquences économiques et sociales. Les commerçants et entrepreneurs qui ont pu tenir jusqu'à maintenant s'en trouveraient encore plus durement touchés.