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Outre une nécessaire adaptation des entreprises, le télétravail généralisé pourrait avoir des répercussions économiques qui, à ce jour, restent inconnues.
Avant 2020, certains salariés bénéficiaient déjà d'une à deux journées de travail à domicile par semaine. Parfois acquises de haute lutte, voire régulièrement remises à décision hiérarchique. La pandémie va probablement faire gagner des années à une tendance qui, portée par la révolution numérique, se démocratisait lentement. Un nouveau mode d'organisation émerge. Né dans une précipitation contrainte et généralisée, le « distanciel » se transforme petit à petit en habitude. Si elle persistait au-delà de la crise sanitaire, il pourrait s'agir d'une révolution dans le monde du travail. Sous la pression, les freins cèdent progressivement. Les entreprises qui craignaient de voir baisser leur productivité avaient longtemps refusé les plages de télétravail. Nombreuses sont celles qui ont pu constater que le rythme de leurs salariés s'était maintenu durant la pandémie. Aux États-Unis, les géants de la Silicon Valley ont même décidé d'utiliser le télétravail sur le long terme. Google, Facebook, Spotify, Twitter, Microsoft, Slack, Saleforce... Toutes ces sociétés misent désormais sur une nouvelle organisation du travail, basée sur un mix entre présentiel et distanciel. Depuis Adam Smith, la théorie des organisations est une des branches d'étude de l'économie. Mais ni le télétravail généralisé ni son impact sur l'économie n'ont encore été théorisés. Or, cela suppose de repenser en profondeur le mode de fonctionnement et de management des entreprises, et a indirectement de nombreuses répercussions sur d'autres composantes économiques : demande immobilière, besoins en transports, dépenses énergétiques, lieux de consommation, taux d'épargne...
Pour les salariés, le télétravail ouvre des perspectives en termes d'organisation de vie. Exemptés, une bonne partie de la semaine, du trajet domicile - travail, ils peuvent s'installer plus loin des grandes métropoles. Pour un même budget, ils y habitent de plus grandes surfaces, des maisons avec jardin, et acquièrent une qualité de vie différente. Les entreprises y trouvent également leur compte. Le recours général au télétravail permet de réduire la taille de leurs locaux, l'intégralité des salariés n'étant pas présents sur leur lieu de travail au même moment. Certaines grandes structures avaient d'ailleurs déjà fait le choix du « flex office » avant la pandémie (Icade, SFR, L'Oréal, Bouygues...) réduisant leur surface et leurs loyers de 25 à 30%. Ce qui est valable pour les très grandes entreprises l'est aussi pour les petites. Avant 2020, les créateurs d'entreprises « nomades » étaient tantôt regardés comme des fous, tantôt comme des visionnaires. Aujourd'hui, ils sont de plus en plus à renoncer à chercher des locaux, favorisant une solution très souple qui consiste à louer des bureaux régulièrement afin que les équipes se retrouvent. Premier dommage collatéral possible, le secteur de l'immobilier d'entreprises. Selon le journal Les Echos, le nombre de mètres carrés vides à la Défense explose. « Les entreprises ont du mal à évaluer leur besoin réel en surfaces », que ce soit par anticipation d'une crise économique ou manque de visibilité sur leur organisation. Une mutation doit s'engager pour permettre de répondre « aux nouveaux besoins ».
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Propulsé par la crise sanitaire, le télétravail n'est pas pour autant la panacée. D'un point de vue matériel, il impose aux entreprises de proposer les outils adéquats à leurs salariés : ordinateur, téléphone, matériel de bureau, ou parfois du équipements plus pointus. Il exige également le renforcement des mesures de sécurité informatique, le risque de piratage étant accru en dehors du réseau de l'entreprise. Le domaine de la cybersécurité a de beaux jours devant lui. Si l'utilisation des outils de visioconférence comme Zoom a explosé et permet de conserver un lien entre les équipes, la mission la plus ardue est de maintenir l'engagement des collaborateurs alors que chacun travaille à distance. Un des grands défis du management est de s'adapter pour continuer à insuffler une culture d'entreprise inclusive. D'autant que le télétravail ne convient pas à tout le monde. Le rythme « dodo - boulot - dodo » peut rapidement isoler et peser sur le moral. Restant chez eux, certains voient leur travail perdre du sens. Avec le bureau à la maison, d'autres ont du mal à déconnecter, ce qui favorise un déséquilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. Si l'entreprise doit se réinventer, l'une des tendances sérieuses qui se dessinent est une généralisation du mélange entre distanciel et présentiel quelques jours par mois. L'avenir est peut-être aussi dans le développement des « tiers lieux », ces espaces de coworking où les télétravailleurs d'entreprises diverses peuvent se retrouver dans une ambiance de bureaux, près de chez eux.