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Pour la première fois le 18 juin 2019 le taux de l'OAT 10 ans (obligation assimilable du trésor) est passé en territoire négatif. Cela signifie que désormais les investisseurs paient le droit d'acheter de la dette française. Dès 2015, l'Allemagne avait déjà émis des emprunts d'État à taux négatif. D'autres pays dans le monde, comme le Danemark, la Suisse ou le Japon se sont accoutumés à ce phénomène. L'action des banques centrales n'y est pas étrangère. En zone euro, la BCE (Banque Centrale Européenne) s'est engagée dans une politique monétaire dite non conventionnelle avec pour objectif de juguler le risque déflationniste. Concrètement l'institution s'est lancée dans un programme de rachat massif de dettes et de distribution de prêts à des taux proches de zéro. Mais son action ne s'arrête pas là et s'exerce aussi sur la liquidité des banques commerciales pour les contraindre à prêter davantage. Il en résulte pour celles-ci un effondrement de leurs marges d'intérêt.
Une politique monétaire non conventionnelle revient pour une banque centrale à utiliser des outils de régulation inhabituels. Pour contrer les effets de la crise de 2008 et relancer la machine économique, la BCE a choisi de recourir à ces « armes » monétaires non conventionnelles en engageant 3 types de mesures : • Un programme de TLTRO (Targeted Longer-Term Refinancing Operations) initié dès 2011 a consisté à apporter des sources de refinancement de long terme à faible taux aux banques, • Le QE (quantitative easing) ou assouplissement quantitatif mis en place à partir de 2015 s'est traduit par des rachats massifs d'actifs publics ou privés ce qui revient aussi à faire de la création monétaire, • Enfin la BCE, pendant cette période a considérablement abaissé ses taux directeurs jusqu'à les rendre négatifs.
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Les banques ne sont pas tout à fait des entreprises comme les autres, mais elles ont au moins en commun avec tous les acteurs économiques de devoir déposer leurs excédents de trésorerie auprès d'un teneur de compte. Et en définitive, elles n'ont d'autre choix que d'effectuer leurs dépôts auprès de la BCE. Garante de la politique monétaire de la zone euro qu'elle est censée mener en toute indépendance, l'institution impose aux banques commerciales trois taux directeurs : • Le taux de refinancement • Le taux de prêt marginal au jour le jour • Le taux de dépôt au jour le jour Les 2 premiers taux sont aujourd'hui respectivement fixés à 0 % et 0,25 %. Le taux de refinancement est en quelque sorte le prix que les banques doivent payer auprès de la BCE pour obtenir de la liquidité. Elles prêtent ensuite cet argent aux particuliers et aux entreprises avec une marge bénéficiaire. Le taux de prêt marginal au jour le jour est le prix de l'argent que paient les banques pour des opérations de refinancement sur une durée de 24 heures. Le taux de dépôt au jour le jour est en revanche censé rémunérer les excès de liquidités que détiennent les banques. Ce taux après avoir été ramené de 0,25 % à 0 % en juillet 2012 est ensuite entré en territoire négatif pour être fixé à – 0,50 % en septembre 2019. Ainsi lorsque les banques commerciales renoncent à employer leur trésorerie en octroyant des crédits à l'économie, elles se trouvent en quelque sorte contraintes de payer la BCE pour effectuer des dépôts d'argent. Et l'institution européenne à évidemment voulu créer cette situation pour inciter les établissements bancaires à financer davantage les acteurs économiques que sont les ménages et les entreprises, afin de stimuler la consommation et surtout l'investissement.
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La volumétrie des activités bancaires ne se mesure pas avec un chiffre d'affaires, mais par l'intermédiaire de ce que l'on appelle le produit net bancaire (PNB). Ce solde est en réalité une marge commerciale qui correspond à la somme des opérations intermédiées (la marge obtenue sur les crédits et les produits de placement) et des commissions. Le contexte de taux bas qui perdurent depuis une dizaine d'années a eu pour effet de dégrader considérablement la marge d'intermédiation réalisée par les établissements bancaires à l'occasion de leurs opérations de crédit. Mais le maintien d'un taux de dépôt négatif par la BCE vaut également aux banques de perdre de l'argent sur leurs ressources. Les soldes à vue notamment, constitués des dépôts de leur clientèle, qui auparavant étaient une source de profitabilité, leur coûtent. Or ces soldes progressent de manière importante. Car la politique monétaire non conventionnelle de la BCE se traduit par une abondance de liquidité. Les objectifs d'investissement ou de relance de la consommation ne sont pas tenus. Et contre toute attente, en dépit d'une rémunération quasi nulle de l'argent, les particuliers continuent d'épargner, quitte même à laisser leurs liquidités sur leurs comptes courants.