Actuellement en kiosque et sur commande
Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Les prix ont cessé d'augmenter en France et ont même reculé dans quelques pays d'Europe. La crainte est de voir surgir une déflation, synonyme d'augmentation du chômage et de baisse généralisée du pouvoir d'achat.
En Allemagne et en Italie, le niveau général des prix a baissé en septembre et en octobre, c'est-à-dire avant même les conséquences de la reprise de l'épidémie. En France, les prix se sont pour le moment maintenus (c'est-à-dire que l'inflation* est nulle). Mais la situation risque de se dégrader avec la période de reconfienement qui s'impose dans de nombreux pays d'Europe. La situation économique de la France, et plus généralement des pays de la zone euro, fait planer le spectre de la « déflation ». Si l'inflation* est définie comme la hausse durable et générale des prix, la notion de déflation peut être comprise à l'inverse comme la baisse durable et générale des prix. A priori, une baisse des prix pourrait être une bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat. Il n'en est rien : les mécanismes économiques font qu'à grande échelle, leur baisse massive entraîne dans son sillage une baisse des salaires, une hausse du chômage, et donc une spirale généralisée de baisse du pouvoir d'achat. Si la Banque centrale européenne (BCE)* n'entrevoit pas de déflation pour le moment, la zone euro est désormais loin de son objectif d'une inflation* à 2 % par an, synonyme de croissance économique. Par ailleurs, le commerce extérieur est aussi pénalisé par la baisse du pétrole et l'augmentation du cours de l'euro.
La déflation peut être issue d'une destruction monétaire, définie par les économistes comme la raréfaction de la monnaie en circulation. Cela peut signifier par exemple que l'État, les entreprises, ou les ménages épargnent massivement et/ou remboursent leurs dettes sans consommer ou investir de nouveau. La déflation peut aussi surgir lors d'une baisse durable de la consommation des ménages et des investissements des entreprises. Cela peut se produire lorsque les agents économiques ont un manque de confiance en l'avenir et préfèrent mettre de l'argent de côté, ou lorsque les banques limitent durablement la distribution de crédit. Fermer le robinet bancaire empêche là encore les différents acteurs de l'économie de consommer et d'investir. Moins de dépenses, qui font moins d'activité économique et donc moins d'emplois. Une crise du type de celle du Covid19 peut déclencher ou amplifier ces 3 types de comportements à savoir l'augmentation de l'épargne, la limitation de l'octroi des crédits par les banques et le report des investissements. On l'a notamment déjà vu avec la hausse massive de l'épargne des Français lors du premier confinement, ou avec le tour de vis opéré par les banques sur les crédits bancaires après les recommandations du HCSF.
Rejoignez la communauté Idéal investisseur ! Je m'inscris
Certains économistes ont théorisé le fait que la déflation fait partie de du cycle de l'économie. Après une période de croissance, intervient la « destruction créatrice » selon l'économiste Joseph Schumpeter. Celle-ci pourrait donc être bénéfique lorsqu'elle ne touche qu'un produit ou qu'un secteur. Mais la déflation peut avoir des conséquences graves lorsqu'elle touche l'ensemble de l'économie. A priori, la baisse des prix, si elle permet aux ménages de gagner en pouvoir d'achat, ne se répercute pas, dans ce cas, sur une hausse de la consommation. Les ménages et les entreprises sont ainsi plus incités à épargner qu'à consommer, parfois encouragés par la pensée que la baisse des prix leur permettra d'avoir un meilleur pouvoir d'achat dans l'avenir. Or, moins de consommation et d'investissement signifie moins d'activité économique et donc moins d'emplois. La santé de l'économie étant notamment la conséquence du comportement de la masse des individus, ces phénomènes peuvent mener à une spirale déflationniste délétère. La baisse des prix peut également avoir des conséquences sur la valeur des patrimoines, du fait d'une baisse des prix de l'immobilier et de la valeur des entreprises. Les mécanismes complexes de la déflation peuvent aussi avoir un impact sur le taux d'intérêt réel que paient les emprunteurs, celui-ci augmentant d'une année sur l'autre. Prenons schématiquement l'exemple d'un particulier qui souscrit un crédit au taux de 2 % par an. Lorsque le taux d'inflation est de 2 % par an, l'emprunteur voit son pouvoir d'achat augmenter. La charge de sa dette diminue donc en proportion. Hélas, c'est le mécanisme inverse qui se produit en cas de déflation : la baisse des prix provoque une charge de crédit plus lourde.
L'inflation réelle (ou la déflation) reste cependant difficile à mesurer dans le contexte actuel. La hausse ou la baisse des prix est calculée par l'INSEE sur la base d'un panier de biens de consommation comparé à l'année précédente (l'indice des prix à la consommation, IPC). Mais le confinement et la crise sanitaire ont bouleversé les habitudes de consommation. Puisque de nombreuses professions ont été empêchées de commercialiser leurs produits et services et les consommateurs de les consommer, l'évolution des prix de 2020 pourrait ne refléter en rien une modification structurelle de la demande. La réalité de l'inflation ou de la déflation devrait dépendre, à terme, des comportements réels de consommation et d'investissement adoptés à la sortie de la pandémie, une fois les restrictions levées.
Bien sûr, ces mécanismes très complexes font l'objet de débats entre les économistes. L'objectif reste ici de simplifier cette notion pour une meilleure compréhension des concepts et des enjeux.
➸ LMNP : pourquoi l'expert-comptable s'impose dans la location meublée
➸ Le délit d'initié : simple infraction ou véritable délinquance financière ?
➸ FinQuiz : l'application pour apprendre l'économie et la finance
➸ Récession, déflation : quelle différence ?