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Si la France et l'Allemagne ont un niveau de dépenses de santé équivalent, leur gestion très différente est à l'origine des fortes disparités dans le traitement de la crise du coronavirus.
Dans le contexte difficile de l'épidémie de coronavirus, les Français se posent des questions sur la qualité de leur système de santé. Déjà en novembre 2019, un sondage réalisé pour la mutuelle MGEN par Opinionway révélait que si 61,6 % le jugeaient d'excellente qualité, cette opinion avait fortement baissé : - 8 points sur un an. Pour éclairer le débat, le site Tacotax s'est livré à la comparaison des dépenses publiques françaises avec celles du reste du monde. L'analyse se base sur les chiffres disponibles auprès de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de l'Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) et de la Banque Mondiale*, datés de 2016 à 2018. Pour établir la liste des pays qui dépensent le plus en matière de santé publique, l'étude s'est basée sur le pourcentage des dépenses engagées par chaque pays en proportion de son PIB. La Suède, le Japon et la Norvège arrivent en tête. La France arrive 5ème, juste derrière l'Allemagne. Les Etats-Unis arrive à la 6ème place, consacrant 8,6% de leur PIB aux dépenses de santé publique. Pour autant, le système local reste cher pour ses usagers et laisse les plus modestes sur le bord de la route faute d'argent. Le pays est ainsi le seul du panel où l'espérance de vie est inférieure à 80 ans (78,5 ans). Le nombre de médecins pour 10 000 habitants y est faible (25,9), comme le nombre de lits d'hôpitaux en soins curatifs (2,4 pour 1 000 habitants). Cette position dans le haut du classement interpelle donc les analystes de Tacotax. « Pour les Etats-Unis comme pour d'autres pays, un haut niveau de dépenses est-il une garantie de qualité et de performance d'un système de santé ? », demandent-ils.
« Notre étude illustre les disparités d'investissements consacrés par chaque pays à son système de santé, mais également les degrés de performances très variables de ces pays sur des critères de santé publique », explique Aldric Emié, Co-fondateur & CEO de Tacotax. « Il en ressort quelques surprises, avec des pays qui dépensent beaucoup et sont mal classés en nombre de lits d'hôpitaux ou de médecins par habitant par exemple. Globalement, il est impossible d'avoir un système de santé performant sans moyens considérables, mais les pays dépensent leur argent de façon très variable, révélant des stratégies diverses ». Deux exemples peuvent illustrer ce fait. Avec une politique de dépistage massif, des contrôles stricts de leur population et un nombre de cas pour le moment limité, la Corée du Sud et le Japon semblent avoir géré la crise du coronavirus de façon performante. Ces deux pays sont parmi les mieux classés sur différents critères de santé publique, avec une espérance de vie (respectivement de 83 et 84 ans) et nombre de lits d'hôpital en soins curatifs pour 1 000 habitants très élevé (7,1 pour la Corée du Sud et 7,8 pour le Japon). Pourtant, ils ont tous les deux presque moitié moins de médecins que certains pays d'Europe : 23 médecins pour 10 000 habitants en Corée du Sud et 24 pour le Japon (contre 42 par exemple en Allemagne). Le poids de leurs dépenses de santé dans leur PIB est, de plus, très disparate : seulement 4,4% pour la Corée de Sud et plus de 9% pour le Japon. « Faut-il y voir une prépondérance de la technologie dans ces pays permettant à chaque médecin de traiter efficacement davantage de patients en même temps ? Il semble en tout cas que la Corée du Sud et le Japon aient fait le pari d'investir en priorité dans leurs infrastructures », relève l'étude de Tacotax.
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La France, l'Italie, le Royaume-Uni ont une tradition de service public médical très forte, qui les ont longtemps placée à la pointe en matière de santé publique. Mais aujourd'hui, ils subissent de plein fouet l'épidémie de coronavirus et sont parmi les pays les plus touchés d'Europe. Leurs capacités d'accueil en réanimation est mise à rude épreuve face à l'afflux de patients en réanimation. Un phénomène qui a conduit les autorités locales à prendre la lourde décision de confiner la population. « La solution du confinement révèle l'inadaptation de ces systèmes de santé face à un évènement aussi exceptionnel par sa rareté que par son intensité », estime l'étude. Parmi ces 3 pays, la France est celui qui investit le plus dans la santé (8,7% de son PIB) et qui dispose du plus de personnel et d'équipements : 32 médecins pour 10 000 habitants et 3,1 lits d'hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants (contre 2,6 pour l'Italie et 2,1 pour le Royaume-Uni). Cela n'a pas empêché la situation de se dégrader à l'extrême malgré les efforts du personnel soignant qui a manqué de presque tout : masques, blouses, respirateurs et médicaments. Les hôpitaux ont dû se réorganiser en catastrophe pour doubler le nombre de lits de réanimation disponibles et transférer des patients des régions les plus touchées vers d'autres plus épargnées. Avec un niveau d'investissements équivalent, le système de santé allemand n'est pour l'heure pas arrivé à saturation face à la pandémie. En outre, le pays fait mieux que la France sur tous les critères : 42 médecins pour 10 000 habitants, 6 lits d'hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants. Cette différence serait en partie expliquée par le fonctionnement même du système. « D'une part le système français, plus généreux, demande moins de contributions financières aux malades et coûte donc plus cher à l'Etat », explique l'étude. « De plus, les durées moyennes d'hospitalisation en France sont plus longues et les coûts administratifs de la gestion de la santé sont plus élevés. Au final, l'Allemagne semble faire mieux avec autant ce qui, dans une crise comme celle que nous vivons actuellement, se fait particulièrement ressentir. Son système de santé paraît en effet mieux gérer la vague de malades déferlant en réanimation que le nôtre. »
Selon les analystes de Tacotax, cette crise sanitaire est révélatrice du niveau des États en matière de gestion de la santé publique. « La crise du coronavirus a mis à nu la performance des systèmes de santé dans le monde face à une situation inédite et particulièrement brutale. Certains s'en sortent, en particulier en Asie, quand d'autres explosent. Les pays asiatiques ont eu à subir plusieurs crises sanitaires (SRAS, grippe aviaire) qui ont sonné comme autant d'avertissements. Leurs gouvernements se sont adaptés et ont pu préparer leurs infrastructures de santé à des épidémies du même ordre en s'appuyant essentiellement sur plus de technologie et plus de lits d'hôpitaux. » La France va-t-elle tirer les conséquences de cette crise ? « En France, Emmanuel Macron a évoqué à plusieurs reprises un grand plan d'investissements dans l'hôpital public qui devrait tirer les enseignements de la crise sanitaire actuelle », indique Tacotax. Mais au-delà de cette rallonge budgétaire, l'étude met en relief le fait que le système de santé français va surtout devoir remettre à plat son organisation.
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* L'étude a été réalisée sur la base des sources suivantes : - Pourcentage du PIB consacré aux dépenses de santé du gouvernement : Banque Mondiale - 2017 (https://data.worldbank.org/indicator/SH.XPD.GHED.GD.ZS) - Espérance de vie moyenne : Organisation Mondiale de la Santé - 2016 (https://apps.who.int/gho/data/node.main.688?lang=en) - Nombre de médecins pour 10 000 habitants : Organisation Mondiale de la Santé - 2016 (https://www.who.int/gho/health_workforce/physicians_density/en/) - Nombre total de lits d'hôpitaux et nombre de lits d'hôpitaux en soins curatifs pour 1 000 habitants : OCDE - 2016 et 2017 (https://data.oecd.org/healtheqt/hospital-beds.htm) Les pays du panel ont été sélectionnés pour leur poids économique et/ou leur proximité avec la France. Malheureusement les données concernant la Chine sont incomplètes et n'ont pas permis son intégration dans cette analyse. », explique Tacotax.