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Les professionnels de la finance scrutent avec attention une série d'indicateurs qui permettent de faire des prévisions mathématiques sur le futur des économies mondiales. Ces anticipations guident en grande partie les investissements sur les marchés et ont, par ricochet, une influence sur l'économie mondiale lors de grandes modifications. Or, l'évolution récente de plusieurs indicateurs concernant les États-Unis est particulièrement observée et commence à inquiéter les professionnels qui y entrevoient le spectre d'une récession.
Les tensions commerciales actuelles entre les États-Unis et la Chine ne rassuraient déjà pas les observateurs. L'étude trimestrielle « National Association for Business Economics (NABE) » avait récemment mis en lumière l'inquiétude de 53 économistes issus de grandes entreprises et d'universités américaines, qui estiment que la croissance du pays va probablement ralentir cette année si le climat commercial continue de se détériorer. Pendant ce temps, un autre indicateur est passé au rouge, augmentant les appréhensions des professionnels de la finance. Il y a quelques mois, ceux-ci ont pu constater une inversion de la « hiérarchie traditionnelle des taux ». En clair, les taux de rémunération des emprunts d'État à 3 mois ont soudain dépassé ceux à 2 et 10 ans. Ce qui veut dire que les investisseurs estiment qu'il devient plus risqué de prêter de l'argent à court terme, et qu'ils exigent une rémunération plus élevée. Cette inversion de la courbe des taux est donc facilement associée à une période de « surchauffe » économique et de potentielle inflation. Pour contrer ce risque, les banques centrales interviennent parfois en rehaussant leurs taux directeurs, ce qui a pour effet d'entraîner un ralentissement de l'économie (il devient plus cher d'emprunter, donc les agents économiques empruntent moins et dépensent moins). Ce phénomène inquiète, car sur les neuf récessions enregistrées depuis les années 1960, huit ont été précédées de cette inversion de la courbe des taux.
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Pour autant, conclure qu'une récession est inéluctable ne serait pas juste. L'économie dépend de nombreux facteurs et les modèles mathématiques ne suffisent pas à prédire l'avenir avec exactitude. Ces prévisions relèvent de statistiques. Plus les indicateurs négatifs s'accumulent, plus la probabilité de voir une récession se produire est élevée. Or aujourd'hui, un nouvel indicateur met la planète financière en alerte. Il s'agit cette fois de « l'indicateur de probabilité de récession à 12 mois » édité par la banque centrale des États-Unis (la « Federal Reserve Bank » de New York, ou « FED »), qui augmente continuellement depuis 2018 et frôle désormais le seuil critique. La FED établit en effet une probabilité de récession à 29,62% d'ici mai 2020 pour les États-Unis. Pour autant, cela ne signifie pas que le pays a 70% de chances de ne pas entrer en récession. Les analystes ont en effet observé que depuis les années 1960, dès que cet indicateur a dépassé 30%, l'économie est presque systématiquement entrée en récession. Les signaux négatifs s'accumulent donc et contribuent à augmenter les inquiétudes des analystes financiers. Or, la bourse repose en grande partie sur la psychologie et sur leurs anticipations.
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Au travers de cette série d'indicateurs, ce qui est craint est la « récession », qui correspond au ralentissement de l'économie d'un pays. Selon la définition de l'INSEE, pour qu'un État soit considéré comme entré en récession, il faut que sa création de richesse (Produit Intérieur Brut ou PIB) recule sur au moins deux trimestres consécutifs. La récession est redoutée, notamment car ce ralentissement de l'activité économique a des conséquences concrètes sur les populations : moins de consommation signifie moins d'activité pour les entreprises et donc moins d'emplois. Toutefois, elle ne doit pas être confondue avec la « dépression », qui s'accompagne d'une chute brutale de l'activité économique et parfois d'une forte hausse des prix et d'une baisse du pouvoir d'achat. La santé économique des États-Unis est particulièrement scrutée par les observateurs, car le poids du pays dans l'économie et la finance mondiale est très important. En effet, un grand nombre de crises monétaires et financières mondiales à partir du XXe siècle sont en lien avec d'importantes variations intervenues sur la bourse américaines ou avec des modifications impactant la stabilité du dollar.
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