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Acte XVIII : des violences extrêmes à Paris

De nombreux casseurs se sont infiltrés dans le mouvement des Gilets Jaunes. Le quartier des Champs-Élysées est de nouveau saccagé et des vies humaines ont été mises en danger de façon intolérable et inexcusable.

Temps de lecture : 4 minute(s) - Par C Courvoisier | Mis à jour le 05-06-2020 08:29:00 | Publié le 16-03-2019 17:30  Photo : Norbu Gyachung / Shutterstock.com  
Acte XVIII : des violences extrêmes à Paris

Une nouvelle escalade dans la violence

Ce samedi 16 mars, les violences observées dans le cadre de l'Acte XVIII des Gilets Jaunes sont encore montées d'un cran. Dans le quartier des Champs-Elysées, des restaurants ont été saccagées (dont le célèbre « Fouquet's »), des magasins ont été pillés et détruits. Un manifestant a été aperçu avec une disqueuse autour du cou, et des individus ont attaqué directement les forces de l'ordre.

Un nouveau palier a été franchi avec la mise en danger directe de vies humaines : une agence bancaire, au pied d'un immeuble habité, a été incendiée pendant que des salariés travaillaient. Les pompiers ont mis une heure à maîtriser les flammes. Le bilan s'élève à 11 blessés légers. « Deux personnes ont été sauvées des flammes. Une femme et son bébé étaient coincés au deuxième étage », ont indiqué les pompiers à l'AFP. Une question effrayante se pose : jusqu'où ces violences sont-elles aller avant que tout cela ne s'arrête ?

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Un appauvrissement généralisé mais presque invisible concernant l'épargne

Ces violences intolérables ne doivent pas éclipser de vraies questions de société.
Les manifestations hebdomadaires des gilets jaunes ne se déroulent pas dans n'importe quel quartier. A Paris, il s'agit des zones réputées les plus aisées, où le prix du mètre carré s'échange parfois plus de 30.000 €. Ces lieux illustrent aussi la fracture de plus en plus criante qui sépare les « deux France », celle des plus riches et celle des autres.

Et ne nous leurrons pas : ce mal qu'est l'appauvrissement touche progressivement toutes les franges des classes moyennes. Car rappelons-le, l'épargne des Français ne leur rapporte plus rien. Pire, elle nous fait maintenant perdre de l'argent, car l'inflation est de retour. Le livret A, le PEL, le LDDS, le LEP, les fonds en euros de l'assurance-vie offrent un taux de rémunération qui ne la couvre même plus. Cela n'a l'air de rien, mais l'importance est forte : cela veut dire que chaque euro placé sur un de ces supports voit baisser son pouvoir d'achat.
La raison est simple : les prix augmentent plus vite que la rémunération de l'épargne. Un phénomène que l'on n'avait pas vu depuis 1986, et qui n'était à l'époque que transitoire.

Il se trouve que ces livrets sont choisis par beaucoup de Français pour leur épargne, souvent (mal) conseillés par leur banquier. Or, la réforme des modes de calculs va geler les taux des livrets réglementés à des niveaux inférieurs à cette inflation probablement pour de nombreuses années. La CLCV, association d'épargnants, a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme. Pas la peine de se réfugier sur des livrets bancaires : en plus d'avoir des taux de rémunération qui frisent parfois le ridicule (0,30%, 0,40% par an), ces revenus sont fiscalisés à 30% !

Si l'on ajoute l'incertitude sur les retraites et l'ultra-fiscalisation de l'immobilier, souvent acheté, par ceux qui le peuvent, dans l'espoir de palier à leur future baisse des revenus, le tableau est complet. 65% des Français considèrent qu'ils doivent préparer seuls leur retraite, ce n'est pas un hasard. Et que leur reste-t-il : des placements majoritairement risqués, dans lesquels ils peuvent perdre une partie de l'argent qu'ils ont mis de côté. Pour la plupart des Français, ce n'est pas acceptable.

Dans ce contexte, la suppression de l'ISF reste pour beaucoup difficile à comprendre. Avançant l'argument d'inciter ainsi les plus riches à investir dans les entreprises et créer des emplois (en plus de les retenir en France), l'État a aussi supprimé une source de capitaux frais pour les petites entreprises Françaises.
La loi TEPA permettait en effet aux assujettis à l'ISF de réduire leur impôt à condition d'investir dans des PME Françaises non cotées en bourse. Celles-ci étaient par la suite dans l'obligation d'embaucher 2 salariés minimum. Aujourd'hui, les personnes soumises à l'Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI) peuvent choisir de vendre des actifs immobiliers et le réinvestir dans les actions de multinationales cotées sur les marchés internationaux si elles ne souhaitent plus payer l'impôt. On est loin du soutien à l'économie réelle.




Un mouvement qui a des répercussions sur l'économie

Paradoxalement, ce sont ces mêmes Français, touchés par l'érosion de leur pouvoir d'achat et de leur pouvoir d'épargne, qui vont être les premiers pénalisés par le prolongement du mouvement des Gilets Jaunes et par les violences. Les commerçants des villes où ont lieu les manifestations sont déjà frappés depuis mi-novembre. Une perte de chiffre d'affaires importante a été constatée en pleine période de Noël, au profit de GAFA (courses sur Internet).

Les quartiers les plus touristiques de Paris se transforment chaque week-end en secteurs infréquentables depuis 18 semaines. Avec des images qui font le tour du monde, il ne serait pas surprenant que la France, premier pays touristique de la planète, attire moins. Le tourisme représente pourtant 7,2% du PIB et près de 3 millions d'emplois.

Ne nous faisons pas d'illusion : les petites entreprises sont les premières touchées, car elles ont peu de trésorerie devant elles. Les arbitrages qu'elles devront faire concerneront probablement la suppression d'un, parfois plusieurs emplois.



La France à la croisée des chemins

Le pays semble aujourd'hui à la croisée des chemins, et la concomitance de ces évènements avec la Marche pour le Climat peut revêtir une certaine portée symbolique. La volonté des Français de sortir des anciens modèles a été illustrée politiquement par l'élection d'Emmanuel Macron, un des outsiders de la campagne présidentielle. Elle est également en train d'avancer dans le monde de l'épargne et des placements avec un intérêt de plus en plus fort pour l'investissement socialement responsable et la finance solidaire, les particuliers souhaitant de plus en plus donner du sens à leur épargne. Plus que jamais les Français semblent être dans l'attente d'un renouveau à de nombreux égards.

Si concilier tous les points de vue exposés durant le Grand Débat relève d'une utopie, le pouvoir politique est dans l'obligation d'apporter des réponses pour retrouver un certain équilibre et poser des objectifs clairs pour tendre vers un nouveau modèle de société. Ce tour de force est indispensable. Car la question est aussi de savoir combien de temps des policiers et gendarmes, déjà soumis à rude épreuve, vont tenir face à ce regain de violence. Il ne faut pas oublier qu'ils restent les principaux remparts contre les violences, mais qu'ils font eux aussi partie des Français lésés.

Les prix de l'immobilier à Paris peuvent-il être impactés par les violences récurrentes ?

Depuis des années, les prix de l'immobilier ne cessent de progresser à Paris. La capitale devrait normalement voir le mètre carré dépasser les 10.000 € en moyenne en 2019. Les Parisiens peinent à se loger et pour beaucoup, un logement dans la capitale est devenu inaccessible, surtout pour des familles.
Mais avec un mouvement des gilets jaunes qui perdure et une capitale en proie aux casseurs, la donne va peut-être changer. A ce jour, aucun chiffre ne laisse apparaître un quelconque fléchissement des prix. Nous avons certes peu de recul (les chiffres du premier trimestre 2018 seront disponibles au printemps), mais il semble difficile d'imaginer que le mouvement des Gilets Jaunes et la violence grandissante des casseurs n'aient pas d'impact.



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