Sortie le 7 novembre
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Une série d'enquêtes accuse Facebook de porter préjudice à ses utilisateurs et aux démocraties, notamment en laissant se propager des « fake news ».
Dans une série d'articles baptisée « The Facebook Files », le Wall Street Journal accuse Facebook Inc., éditeur des réseaux sociaux Facebook et Instagram, de laisser délibérément perdurer des défauts qui portent préjudice non seulement à leurs utilisateurs, mais également aux démocraties. Selon des études et notes internes consultées par le journal grâce à des lanceurs d'alerte, ces dysfonctionnements seraient connus au plus haut niveau de l'entreprise, y compris de son patron Mark Zuckerberg. Mais peu d'efforts auraient été engagés pour les corriger, de peur de perdre des utilisateurs.
En 2018, voyant le nombre d'interactions baisser (« likes », partages...), Facebook a modifié son algorithme, c'est-à-dire le programme informatique qui sélectionne les publications mises en avant dans le fil des utilisateurs. L'objectif était de favoriser les sujets susceptibles de générer le plus de réactions, et donc en théorie, de mettre en avant les publications les plus « intéressantes ». Mais par ce biais, Facebook a contribué à la forte diffusion de fausses informations, de propos polémiques et de théories complotistes ou anti-sciences. Les publications les plus extrêmes sont parmi celles qui font le plus réagir. Les contenus haineux, violents et les « fake news » spectaculaires se sont ainsi retrouvées plus facilement propulsés auprès d'un large public. Par exemple, selon Le Monde, « un parti politique polonais avait signalé au réseau social qu'il consacrait désormais 80 % de ses messages à attaquer ses adversaires, parce que les messages agressifs fonctionnaient beaucoup mieux ». Ce qui n'est pas sans soulever des questions quant à la potentielle influence négative des réseaux sociaux sur le climat social dans de nombreuses régions du monde. L'algorithme de Facebook aurait ainsi servi de caisse de résonance à la désinformation au sujet de la pandémie. Au mois de juillet dernier, le réseau social a même été accusé par le Président Américain Joe Biden de « tuer des gens ». Et ce, même si Mark Zuckerberg s'est lancé dans une campagne pro-vaccination depuis le début de l'année. La firme s'était défendue en déclarant qu'elle participait à la lutte contre les fausses informations et qu'elle avait supprimé « plus de 18 millions de cas de désinformation sur le Covid19 ». Mais d'après l'enquête, la modération des messages laisse à désirer, en particulier à l'international. 90% des utilisateurs de Facebook n'habitent pas aux États-Unis. Or, leurs messages ne concentrent que 13% du temps de modération, laissant la porte ouverte à la viralité des fausses informations, des contenus haineux et des arnaques. Facebook semble avoir pleine conscience du problème. Selon l'entreprise, « tout algorithme peut promouvoir des contenus répréhensibles ou nuisibles », mais elle fait « de son mieux pour atténuer le problème ». Mais balaie ces accusations d'un revers de main. « Nous rejetons fondamentalement cette mauvaise caractérisation de notre travail et cette mise en doute des motivations de l'entreprise », a fait savoir Nick Clegg, responsable des affaires publiques de Facebook.
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Quelques jours avant l'élection présidentielle américaine fin 2020, les dirigeants Facebook, Twitter et Google avaient été auditionnés par le Sénat. Les démocrates avaient accusé les GAFA d'être l'une des principales causes de la propagation des fausses informations et les républicains de les censurer. Le sujet est sensible, puisqu'il touche à la liberté d'expression. Ce n'est pas la première fois que Facebook est sous le feu des critiques au sujet de son impact potentiel sur les élections. La puissance et l'influence des réseaux sociaux sont des sujets d'inquiétude récurrents pour les démocraties. Les possibilités de manipulation de l'opinion publique et d'ingérence y sont réelles. En 2018, la presse anglo-saxonne que les données personnelles de millions d'utilisateurs de Facebook avaient été utilisées frauduleusement par la société Cambridge Analytica, spécialisée dans l'influence politique et soupçonnée de manipuler les électeurs grâce à une fine analyse de leur comportement sur les réseaux sociaux et des messages adaptés. La société avait travaillé à l'élection de Donald Trump en 2016 et pour des partis politiques pro-Brexit. La chaîne britannique Channel 4 l'avait aussi accusée d'oeuvrer pour la diffusion de fausses informations et l'espionnage politique. En France, le Conseil d'État s'est penché sur l'utilisation de Facebook en périodes électorales après avoir été saisi sur deux cas après les élections municipales de 2020. Il interdit désormais la mise en avant de contenus politiques par les candidats et assimile ces messages à de la publicité politique, elle-même interdite par la loi.
Instagram, réseau social appartenant à Facebook, est également dans le viseur du Wall Street Journal. La plateforme a pour principe de mettre en avant des images grâce à des photos ou des vidéos. Elle met de nombreux filtres à disposition pour améliorer l'aspect esthétique des personnes. Mais la forte représentation de physiques « de rêves » et de vies « parfaites » semble miner le moral de nombreux jeunes, et notamment des jeunes filles. Selon une étude interne à la firme que se sont procurés les journalistes, 19% des adolescents qui utilisent Instagram indiquent que la plateforme a un impact négatif sur leur santé mentale, soit près de 1 sur 5. Certaines études avaient déjà montré les effets négatifs de ces publications artificielles, comme Ces données ne sont pas inconnues des dirigeants de Facebook. Mais malgré les alertes et les préconisations de leurs propres chercheurs pour diminuer la visibilité de ces publications, aucune modification n'a été apportée. D'après l'explication officielle, aucun consensus scientifique prouvant l'impact négatif d'Instagram sur l'estime de soi n'a encore été dégagé. Ce qui justifierait le statu quo. Facebook met aussi en avant que selon les mêmes études, 30 % des adolescents déclarent se sentir mieux lorsqu'ils utilisent ce réseau social. Mais aux États-Unis, la controverse est vive. Pour le sénateur Richard Blumenthal (démocrate), Facebook s'inspirerait « du jeu des industriels du tabac : cibler les jeunes avec un produit dangereux et dissimuler les données scientifiques au grand public ». Ces accusations, tout comme celles du Wall Street Journal, ne sont pas du goût de l'entreprise. « Ces problématiques sont sérieuses et complexes et il est absolument légitime qu'on nous demande des comptes sur notre façon de les traiter », a indiqué Nick Clegg sur le blog de l'entreprise. « Mais ces articles présentent notre activité de manière trompeuse et prêtent à tort des intentions odieuses à la direction et aux employés de Facebook ». Quoi qu'il en soit, l'empire de Mark Zuckerberg, actuellement poursuivi aux États-Unis par l'autorité de la concurrence, va probablement devoir s'expliquer une nouvelle fois.
Les publicitaires ont longtemps été critiqués pour la mise en avant de corps féminins idéalisés sur des photos largement retouchés grâce à des logiciels d'image. En France, en octobre 2017, un décret obligeant les marques à apposer la mention « photographie retouchée » est entré en vigueur (le « décret Photoshop »). « L'exposition des jeunes à des images normatives et non-réalistes du corps entraîne un sentiment d'autodépréciation et une mauvaise estime de soi pouvant avoir un impact sur les comportements de santé », expliquait à l'époque le ministère de la Santé. La mention reste toutefois encore rarement visible sur les publicités.
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