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45 années de déficits budgétaires ont contribué à faire de la dette de l'État un sujet d'actualité récurrent. Celui-ci devient aujourd'hui de plus en plus prégnant sous l'effet d'un recours toujours plus massif à l'emprunt. Les dettes s'accumulent, mais il semble, nonobstant quelques alertes qui relèvent surtout d'effets d'annonces sur une possible insolvabilité, que les prêteurs répondent toujours présents. Alors qui sont ces créanciers sur lesquels l'État français semble pouvoir compter indéfiniment ?
La dette publique, généralement exprimée en pourcentage du PIB (101,2 % soit 2 483 milliards d'euros fin mars 2020), se définit selon une méthodologie adoptée lors du traité de Maastricht. Elle recouvre non seulement les engagements financiers de l'État, mais aussi les dettes des collectivités locales et de la sécurité sociale. La dette de l'État proprement dite représente environ 80 % de ces engagements, soit à la fin du premier trimestre 2020 un encours de 1 958 milliards d'euros. Le déficit public est un solde constaté chaque année qui correspond à la différence entre les flux de recettes et de dépenses enregistrés non seulement par l'État, mais aussi par l'ensemble des administrations. La mesure de l'accroissement des seuls engagements financiers de l'État (la dette de l'État) s'apprécie à travers l'évolution du déficit budgétaire. La dette de l'État ne cesse de croître parce que les déficits budgétaires s'accumulent, mais aussi parce que les créanciers maintiennent leur confiance. Post seconde guerre mondiale, c'est en 1975 que le budget de l'État français devient pour la première fois déficitaire. En cause, le premier choc pétrolier de 1973, mais aussi des événements liés à une évolution des politiques monétaires et leurs effets inflationnistes, tel que la fin des accords de « Bretton Woods » à partir de 1971 ainsi que la désindexation du dollar sur l'or engagée par le président américain Richard Nixon. S'ensuit de 1976 à 1978 une période de redressement des comptes publics qui ne sera qu'éphémère, puisqu'à partir de 1979, en proie à un second choc pétrolier, les finances publiques repasseront dans le rouge et ne cesseront de l'être depuis cette date jusqu'à aujourd'hui. Cela fait donc plus d'une quarantaine d'années que l'État emprunte pour combler son déficit de recettes sans que jamais les prêteurs ne lui fassent défaut. Ceux-ci viennent en réalité de divers horizons : États étrangers, grandes banques, entreprises…
Depuis plusieurs décennies la structure de la dette de l'État tend à se caractériser par une part prépondérante d'acteurs financiers non résidents (Etats étrangers, fonds d'investissement, banques). Elle se particularise également par le rôle joué par des compagnies d'assurance hexagonales, qui, contrairement à ce qui prévaut chez nos voisins européens, contribuent davantage en France à financer la dette que ne le font les organismes bancaires. À l'issu du premier trimestre 2020, 53 % de l'encours global de la dette de l'État était détenu par des acteurs étrangers et 18 % par des assureurs. La part revenant aux grandes banques françaises n'étant que de 6 % et en diminution constante ces dernières années puisque la quotité détenue par ces établissements était encore supérieure à 10 % avant 2015. Les autres créanciers se répartissent entre OPCVM, sociétés de crédit non habilitées à recevoir des dépôts du public ou de grandes entreprises de la sphère privée.
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Il est fréquent de rapporter le montant de la dette de l'État à un niveau d'endettement dont serait tributaire chaque citoyen. En 2020 le poids de cette dette pour chaque français s'élève à environ 32 000 €. Mais il faut également noter que les emprunts d'État adjugés aux compagnies d'assurance constituent l'essentiel des actifs dont sont composés les contrats d'assurance vie en « euro » que celles-ci distribuent. Il en résulte une situation peut-être paradoxale qui renvoie nombre d'épargnants français au statut de débiteur et de créancier d'une même entité publique. Reste que si la dette ne cesse d'enfler puisque certains la voient à 110 % ou même 120 % du PIB après 2020, la confiance des prêteurs demeure inébranlable. Du moins celle des investisseurs institutionnels dont la puissance financière tend parfois à supplanter celles des États. Quant aux détenteurs d'assurance vie, nonobstant de sérieuses menaces quant à la liquidité et au maintien de la rémunération de leurs contrats, gageons qu'en cas d'insolvabilité des États ils ne pourront que subir la dure Loi d'un pouvoir régalien qui ne manquera pas de faire valoir l'intérêt suprême de la nation.
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