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Bien que la Chine aspire à une monnaie forte et indépendante, le renminbi est pour le moment condamné à un rôle dans l'ombre des devises mondiales. Une tribune de Joost Derks, spécialiste des devises chez iBanFirst.
Depuis des années déjà, la Chine met tout en œuvre pour rivaliser avec les États-Unis en tant que première puissance économique mondiale. La puissance chinoise s'accroît également dans les domaines de la politique internationale et de la technologie. En revanche, dans le monde des devises, le renminbi (le nom officiel de la monnaie chinoise, NDLR) est considéré comme un personnage de second rôle. Il y a quelques jours, après un climat économique en berne durant plusieurs semaines, on a enfin appris une bonne nouvelle : environ deux millions d'automobiles ont été vendues en Chine en avril, soit une augmentation de 4 % par rapport au même mois de l'année dernière. Ce n'est pas un hasard si cette bonne surprise économique nous vient de Chine. En effet, il s'agit du premier pays touché par la crise du coronavirus et, grâce aux mesures strictes qui y ont été prises rapidement, l'économie chinoise a pu repartir sur les rails relativement vite. S'ajoute à cela le fait que la croissance sous-jacente du pays est plus qu'honorable depuis déjà des années. A lire : Guerre commerciale États-Unis/Chine : pourquoi Pékin dévalue sa monnaie ?
Même la guerre commerciale avec les États-Unis et la crise du coronavirus ne peuvent empêcher l'influence de la Chine d'augmenter considérablement sur tous les plans. Songez par exemple à l'économie, à la politique et à la technologie. Le monde des devises constitue néanmoins une exception. Le renminbi n'y joue qu'un rôle de second plan. La part de la monnaie sur le marché mondial des devises atteint à peine 4,3 % selon une étude de la BRI et du FMI. En réalité, on pourrait même dresser un tableau encore plus sombre de la situation ; en effet, il s'agit en fait d'un double décompte puisque chaque transaction implique deux devises. Qui plus est, le dollar représente 88,3 % des transactions sur le marché des changes contre 32,3 % pour l'euro.
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Il y a encore quelques années, on prédisait que le renminbi jouerait un rôle de premier plan sur la scène internationale. Ainsi, en 2016, le FMI incluait encore le renminbi dans le panier de devises des droits de tirage spéciaux. C'était là surtout une démarche symbolique. En effet, l'intérêt de ce panier de devises s'est considérablement effrité lorsque l'on est passé d'un régime de change fixe à flottant. Ce qui est resté fixe en revanche, c'est bien le renminbi. Les autorités chinoises ne laissent évoluer la monnaie que dans une étroite fourchette autour du dollar américain. Le Président Xi Jinping ne demanderait pas mieux que de couper le cordon avec le dollar mais alors le renminbi serait ballotté au gré des flux commerciaux internationaux, des spéculateurs et d'autres forces.
Xi Jinping entend bien changer la donne. La Chine met en effet tout en œuvre pour ouvrir davantage l'accès des capitaux étrangers aux marchés des actions et des obligations. Une devise très fluctuante peut effrayer les grands investisseurs étrangers. De plus, les États-Unis sont de loin le partenaire commercial le plus important. En dépit du fait que le pays passe d'une économie d'exportation à un modèle axé sur la consommation intérieure, c'est tout de même mieux si les entreprises exportatrices et les importateurs étrangers peuvent compter sur une devise relativement stable. Bien que la Chine aspire à une monnaie forte et indépendante, le renminbi est pour le moment condamné à un rôle dans l'ombre des devises mondiales.