Sortie le 7 novembre
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Si certains locaux commerciaux peinaient déjà à retrouver preneur, une partie des boutiques des Champs-Élysées n'a pas résisté à la crise du coronavirus. Le secteur de l'habillement est particulièrement touché.
L'inauguration des illuminations de Noël 2020 a eu lieu ce 22 novembre sur les Champs-Élysées. L'année dernière, l'événement avait réuni 70.000 personnes. Cette année, la cérémonie était digitale, Covid19 oblige. 15.000 personnes étaient inscrites pour la suivre en ligne. C'est une avenue bien triste qui va être illuminée chaque soir entre 17 heures et 2 heures du matin jusqu'au mois de janvier. Car « la plus belle avenue du monde » n'est plus ce qu'elle était. Il y a encore quelques mois, les marques se battaient pour être visibles dans ce lieu de prestige ultra-touristique. Aujourd'hui, la crise du coronavirus et les confinements l'ont privé de ses nombreux visiteurs. Le flux a baissé de 70 %, selon les propos de Jean-Noël Reinhardt, président du comité des Champs-Élysées, rapportés par Le Parisien. De 100.000 à 150.000 personnes arpentant ses pavés quotidiennement, l'avenue ne serait plus désormais fréquentée que par 35.000 passants.
Cette baisse de fréquentation ponctue deux années déjà compliquées pour les boutiques et commerçants de l'avenue. En 2018, les Champs-Élysées avaient déjà souffert des multiples violences destructrices en marge du mouvement des gilets jaunes, auxquelles s'étaient ajoutées les grèves en 2019. En 2020, la crise du coronavirus est un nouveau coup dur dans un environnement fragilisé. Car les marques ne semblent plus se presser plus pour implanter leurs enseignes entre la place de la Concorde et l'Arc de Triomphe. Entre 15 et 20% des surfaces commerciales seraient vides à l'heure actuelle. Emblèmes de ce manque de renouvellement, le show-room de Citroën situé au numéro 42 (un bâtiment certes compliqué à investir), peine depuis fin 2017 à retrouver un occupant. Tout comme les locaux de l'ancienne boîte de nuit le Queen, fermés au numéro 102 depuis 2015 et au numéro 79 depuis 2018. Il faut dire que le prix au mètre carré a atteint un niveaux difficilement soutenable pour la plupart des commerces. Ceci explique, du moins en partie, le basculement qui s'est opéré depuis quelques années vers des enseignes de prêt-à-porter et de luxe. Mais en l'absence des visiteurs, et notamment de touristes internationaux, cet avenir devient lui aussi discutable.
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Les Champs-Élysées, et à plus grande échelle les rues commerçantes de Paris, ne sont que le reflet de la crise profonde qui frappe le pays, notamment dans le secteur de l'habillement. Au numéro 36 de l'avenue, l'ancien magasin GAP a fermé en janvier 2020 et ses murs n'ont pas encore retrouvé de preneurs. Le groupe vient de quitter l'Europe, fermant 21 points-de-vente et laissant 500 salariés sur le carreau. Au 23, le groupe de prêt-à-porter Abercrombie et Fitch a annoncé sa fermeture en août, mettant au chômage ses 89 salariés. Début novembre, le groupe Printemps a annoncé fermer son magasin Citadium implanté au 65 de l'avenue, ainsi que plusieurs autres des magasins Printemps dans les 12ème et 13ème arrondissements. Il va également fermer des boutiques à Strasbourg, au Havre et sur la Côte d'Azur, avec à la clé la destruction d'au moins 428 emplois. Au numéro 60, les Galeries Lafayette, dont le magasin entièrement rénové a été inauguré en mars 2019 en plein mouvement des gilets jaunes, est aussi à la peine. Selon les propos de son directeur général Nicolas Houzé dans le Monde, la crise du coronavirus « va entraîner des pertes d'exploitation très significative », évaluées à 1,7 milliard d'euros à l'échelle du groupe. Les nouvelles ne sont pas meilleures du côté de Saint-Germain-des-Prés, autre emblème du commerce parisien. Les enseignes André (placée en redressement judiciaire) et Napapijri ont notamment quitté la rue de Rennes. La liste est, malheureusement, loin d'être exhaustive. Partout dans Paris, les panneaux « à céder » fleurissent sur les vitrines.
La désertion des Champs-Élysées par les marques et les visiteurs n'est qu'une loupe portée sur l'état général du commerce et sur la profondeur de la crise qui se joue. Les ventes du secteur de l'habillement se sont effondrées de 16% en mai, puis 19% en juin selon l'institut français de la mode (IFM). En août, les soldes avaient été décevantes. L'activité avait peiné à reprendre à la rentrée, avant le coup de massue du reconfinement au mois d'octobre. Avec les confinements, les Français sortent moins, ont moins besoin de renouveler leur garde-robe. Malgré une épargne record, ils consomment peu, fréquentent moins les boutiques. Peut-être également par peur de contracter le covid19 malgré les mesures prises par les commerçants. Si à Paris, le taux général de faillites est actuellement inférieur de 20 % à ce qu'il était à la même période en 2019, une vague de dépôts de bilan reste, par répercussion, à craindre au printemps prochain. Un rapide déconfinement pourra-t-il sauver le commerce ? Selon Jean-Noël Reinhardt, le mois de décembre est en tous cas plus que jamais crucial, les commerçants des Champs-Élysées réalisant 20 à 40 % de leur chiffre d'affaires à cette période.