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Air France : 7 milliards d'euros pour sauver la compagnie

Confrontée à de sérieuses difficultés financières face à la paralysie du trafic aérien due au confinement, Air France a obtenu 7 milliards d'euros d'aide de la France. La compagnie KLM devrait être aidée par les Pays-Bas à hauteur de 2 à 4 milliards.

Temps de lecture : 3 minute(s) - Par C Courvoisier | Mis à jour le 31-12-2020 09:27:00 | Publié le 24-04-2020 23:25  Photo : Photo d'archives/REUTERS/Régis Duvignau  
Air France : 7 milliards d'euros pour sauver la compagnie

Un prêt direct et une garantie d'État

La paralysie presque totale du trafic aérien lié au confinement mondial a plongé toutes les compagnies aériennes dans une situation financière très difficile. Début avril, Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, expliquait qu'Air France perdait « des milliards d'euros par mois », et que l'entreprise avait besoin d'un « soutien massif de l'État ».

Ce vendredi, Air France-KLM a annoncé avoir obtenu une aide de 7 milliards d'euros de la part de la France. Qualifié « d'historique » par le ministre, ce soutien se compose d'un prêt direct de 3 milliards d'euros de l'État français, et d'un prêt de 4 milliards octroyé par un syndicat de six banques, dont 90% est garanti par l'État. Un temps évoquée, la nationalisation n'est cependant « pas à l'ordre du jour », a indiqué Bruno Le Maire sur TF1.

Dans un communiqué, Ben Smith, le directeur général d'Air France-KLM, a remercié l'État français et les banques pour leur soutien. « Ce soutien et le plan d'actions du groupe nous permettront de traverser cette crise et d'aborder l'avenir d'Air France-KLM avec ambition et détermination », a-t-il affirmé.

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Des conditions de rentabilité et de performances environnementales

Le ministre de l'Économie a indiqué que l'aide apportée par l'État français ne serait pas « un chèque en blanc ». Des conditions vont être imposées à la compagnie aérienne, à commencer par l'amélioration de sa rentabilité. Dans un univers très concurrentiel, Air France fait en effet face à des transporteurs low cost mais surtout à des compagnies des étrangères (notamment celles du Golfe), qui disposent de conditions sociales et fiscales qui leur permet d'offrir des tarifs au plus bas.

« La France a les taxes les plus fortes d'Europe. C'est un des endroits du monde les plus difficiles pour faire du business. Si nous pouvions transférer les infrastructures de Paris à Amsterdam, nous économiserions entre 800 millions et 1 milliard d'euros », avait expliqué Ben Smith, le PDG d'Air France KLM, lors du Paris Air Forum en juin 2019.

L'aide de l'État est aussi conditionnée à l'amélioration des performances environnementales de la compagnie. « Air France doit devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l'environnement de la planète », a déclaré Bruno Le Maire. « Il faut qu'Air France nous présente un plan de réduction des émissions de CO2, de transformation de sa flotte pour être moins polluante, émettre moins de bruit et être plus respectueuse de l'environnement », a-t-il énuméré.

Air France-KLM a pour sa part indiqué que son plan de transformation devrait « s'inscrire dans une feuille de route environnementale ambitieuse afin d'accélérer la transition durable du groupe ».




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Des objectifs contradictoires impossibles à tenir ?

Sauvegarder la compagnie tout en la rendant plus rentable et moins polluante risque donc d'être un défi majeur dans cet univers concurrentiel très fort. D'autant que dans le contexte actuel de pandémie, il est envisagé de réduire le nombre de passagers par avion. Tous ces objectifs ne sont-ils pas contradictoires, face à des compagnies étrangères qui ne s'imposent pas les mêmes règles ?

Auditionné au Sénat le 22 avril, Ben Smith a d'ores et déjà prévenu que « la reprise sera lente ». La sortie de crise s'annonce complexe, avec en toile de fonds certaines compagnies low cost sur le point de lancer une « guerre des prix », avec des billets à moins de 1 euro. « C'est très difficile de se battre quand on est confronté à des situations anormales de concurrence » a dénoncé Anne-Marie Couderc, présidente non exécutive de la compagnie, lors de la même audition. « Dans un moment comme celui-là où les États apportent leur soutien de manière vraiment importante auprès des compagnies aériennes, je pense qu'ils doivent aussi être très vigilants aux règles de concurrence ».

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Entre 2 et 4 milliards d'aides pour KLM, la branche néerlandaise du groupe

L'argent investi pour le sauvetage de la compagnie française ne résout pas l'intégralité du problème. Air France – KML est en effet un groupe franco-néerlandais, constitué des compagnies aériennes Air France (France) et KLM (Pays-Bas). La « holding », c'est-à-dire la société mère, est notamment détenue par l'État français (14,3%), les Pays-Bas (14%) et d'autres société de transport aérien comme l'américaine Delta Airlines (8,8%) et China Eastern Airlines (8,8%).

Si la France a décidé de venir au secours d'Air France, du côté des Pays-Bas le ministre des Finances Wopke Hoekstra a annoncé accorder une aide d'urgence à KLM dont le montant final sera compris entre 2 et 4 milliards d'euros. L'aide totale apportée au groupe Air-France - KLM devrait donc être comprise entre 9 et 11 milliards d'euros. Les détails du soutien apporté par les Pays-Bas sont toujours en cours de discussions, mais il devrait comprendre des prêts bancaires garantis.

Une future augmentation de capital ?

Air France – KLM entend finaliser dans les prochains mois un plan de transformation qui impliquera notamment une revue des activités d'Air France. Une fois ce plan finalisé, le conseil d'administration pourrait procéder à une opération de renforcement de ses fonds propres, au travers d'une augmentation de capital.

En introduisant de nouvelles actions sur les marchés financiers, cette augmentation permettrait à Air France-KLM d'augmenter ses capacités financières grâce à un apport « l'argent frais ». Mais elle pourrait avoir pour effet de réduire mécaniquement la participation des deux pays au capital du groupe. Selon Air France, l'État français va donc réfléchir aux conditions de sa participation. Le ministre néerlandais Wopke Hoekstra a quant à lui évoqué qu'il pourrait y avoir « conversation » à l'avenir entre les actionnaires d'Air France-KLM.


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