Actuellement en kiosque et sur commande
Continuer avec Google
Continuer avec Facebook
Continuer avec Apple
Elles ont défrayé la chronique de la sphère financière au début de la décennie 2010. L'Eurosystème était alors confronté à la crise des dettes souveraines. La Grèce et l'Italie notamment menaçaient de se retrouver en situation de cessation des paiements. Les agences de notation financières semblaient orchestrer les prémices d'un éclatement de la zone euro. À diverses reprises, l'annonce de leur décision d'abaisser la note de pays du sud de l'Europe sanctionnait ces États avec l'irrémédiabilité d'un oukase. Pour ceux qui en étaient destinataires, la dégradation avait pour conséquence immédiate de renchérir le coût du service de leur dette souveraine. Mais le 10 novembre 2011, Standard & Poor's annonce par erreur un abaissement de la note de la France. Les agences de rating s'en trouvent discréditées. Et même si elles ont continué depuis cette date d'évaluer la solvabilité des acteurs économiques, leurs avis ne semblent plus avoir autant d'influence. Alors à quoi servent réellement ces agences ?
Une agence de notation est un organisme qui évalue la solvabilité des émetteurs de dettes. Jusque dans les années 70, les agences ne notaient que les grandes entreprises et les établissements bancaires. Puis elles sont parvenues à convaincre les États et les collectivités locales de l'utilité d'être noté comme un acteur privé, dans la mesure où une évaluation positive leur permettrait de lever des fonds avec de meilleures conditions financières. Leur rôle revient donc à mesurer la capacité de remboursement de ces emprunteurs et à prévenir la possibilité d'un risque de défaut. Les investigations menées par ces agences portent à la fois sur la solidité financière des emprunteurs, leur capacité globale à dégager des profits et leur niveau d'endettement. Ces évaluations procèdent d'une analyse dynamique qui vise aussi à appréhender la situation future d'un émetteur. Pendant très longtemps, les agences de rating étaient rémunérées par des investisseurs désireux de circonscrire leur « risque crédit ». Désormais, ce sont les émetteurs de dettes qui sollicitent et payent les agences pour être évalués. Celles-ci rendent périodiquement des avis sur les perspectives économiques d'un emprunteur et lui attribue une note qui fixe la qualité de sa signature.
Les agences de notations sont apparues dès la fin du 19ème siècle. Elles ont alors joué un rôle important dans le commerce international. Il était en effet difficile pour un investisseur d'apprécier la situation financière d'un emprunteur situé à l'autre bout du monde. S'adresser pour cela à une agence de notation financière permettait de se rassurer sur la qualité d'une contrepartie. Il existe de nombreuses agences de rating, mais seules 4 d'entre elles agissent à l'échelle mondiale. Les 3 premières, Standard & Poor's, Moody's et Fitch sont de droit privé américain. La dernière, Dagong Global Credit Rating créée en 1991, est une agence chinoise de bien moindre influence.
Les systèmes de notation des agences de rating ont en commun d'être articulés autour de 4 lettres qui vont de A à D. Ces échelles sont en outre composées de plusieurs niveaux intermédiaires qui, cette fois, diffèrent d'une agence à une autre. Il faut retenir que selon ces grilles d'évaluation la meilleure cotation dont pourra bénéficier un emprunteur sera la note triple A (AAA). Les notations D chez Standard & Poor's et Fitch seront en revanche attribuées aux profils les plus risqués tandis que Moody's s'arrête à la lettre C. Cette note, même si elle est réputée n'être un avis consultatif, a de lourdes répercussions sur les marchés financiers.
A lire : Pourquoi la Banque Centrale Européenne (BCE) rachète-t-elle la dette des États ?
Les agences de notations sont devenues au fil du temps incontournables. Et les acteurs économiques privés ou publics sont quasiment dans l'obligation de les solliciter pour être noté. Les dispositions réglementaires des marchés financiers ou monétaires imposent en effet que les titres d'un emprunteur soient notés. Ce préalable est par exemple exigé à l'occasion d'opérations de refinancements menées par les banques centrales. Mais si la note a pour objectif initial de rassurer un investisseur sur la solvabilité d'un émetteur, elle a aussi pour effet immédiat dès sa parution de faire varier le cours des actifs côtés sur les marchés financiers et d'influencer à la hausse ou à la baisse le coût des emprunts d'État. In fine les informations communiquées par les agences de rating pèsent lourdement sur l'évolution du cours d'une entreprise cotée en bourse et sur les courbes de taux d'intérêt. L'influence de ces agences est bien souvent décriée à l'occasion de krachs boursiers ou de crises économiques comme en 2007 et 2008. Il leur est reproché d'agir comme des lobbies et elles ont parfois été suspectées de conflits d'intérêts. Mais la conséquence la plus néfaste de leurs effets d'annonce semble bien qu'elles puissent être à l'origine de « prophéties auto réalisatrices ». La dégradation de la note d'un Etat ou d'une entreprise a en effet parfois pour conséquence d'entrainer cet acteur économique dans une spirale infernale qui ne fait qu'accroitre ses difficultés bien au-delà de ce qu'elles auraient été sans la communication de l'abaissement de sa note.
Rejoignez la communauté Idéal investisseur ! Je m'inscris
A lire : Qu'est-ce que le Bank Run ?